𝙁𝘼𝙏𝙃𝙀𝙍 𝙁𝙄𝙂𝙐𝙍𝙀

06:00 a.m

- Plus qu'une heure... souffla Lolly le cœur lourd.

- Et nous avons déjà fait l'amour deux fois, ricana Cole pour détendre l'atmosphère tendue.

La jeune fille lui adressa une tape amicale mais farouche sur l'épaule nue du garçon qui rit.

- Et tu penses recommencer une nouvelle fois peut-être ?

Cole embrassa rapidement le nez de Lolly qui rougit.

- Je suis tout à ton service. Donc si tu veux un troisième round, je suis partant.

Elle leva les yeux au ciel et soupira. Cole l'observait. Chaque mouvement que la jeune fille effectuait lui semblait divin et majestueux. Lolly était, selon Cole, d'une beauté à couper le souffle. A la fois naturelle et tellement innocente, mais avec un côté très sombre, beaucoup trop sombre, que le jeune homme avait perçus rien qu'en la regardant une première fois. Une beauté fraîche mais inquiétante, Lolly était faite d'opposés qui la rendaient tout simplement irrésistible.

- Lolly ?

- Hum ?

- Raconte-moi la chose la plus dure que t'ai eu à vivre dans ta vie.

La jeune fille fut interloquée.

- Pourquoi veux-tu savoir ça ?

Cole sourit en baissant les yeux et le cœur de la brune se mît à battre un peu plus vite.

- Parce que nous n'avons qu'une seule nuit à passer ensemble, et puis, on peut en apprendre plus sur l'autre.

Lolly hésitait.

- D'accord mais... je n'y arriverai pas, pas si tu ne me prends pas dans tes bras pendant que je te le raconte.

Cole en fut bizarrement ému, se leva et s'assit sur le lit près de Lolly, avant de la prendre dans ses bras et de s'adosser au mur, lui embrassant le front pour la mettre en confiance.

- Je suis là.

- Pour toujours ?

Ce fut au cœur du jeune homme de faire un bond.

- Pour toujours Lolly. A jamais.

- Quand j'avais quinze ans, mon grand-père, le père de ma mère, a eu une crise cardiaque. Ça m'a fait un choc incroyable, parce que je considérais mon papi comme une personne "invincible" et "immortelle", toujours en bonne santé. L'été, nous allions toujours avec ma famille à la mer, surtout dans une petite crique que nous avions finalement appelé "notre crique", car peu de gens la connaissait. Bref. C'était notre endroit, une sorte de havre de paix, là où la bonne humeur était toujours présente et on organisait des pique-nique tous les dimanches, on sautait dans l'eau, on escaladait les rochers et on pêchait. C'était parfait. Cette année-là j'avais passé un merveilleux été avec ma famille. Au mois d'août, j'avais vécu à mon sens, l'une de mes plus belles journées, encore une passée à la crique, et j'avais fait tout le tour des criques avec mon grand-père, escaladant dans l'eau et en hauteur sans avoir la moindre peur malgré les vagues et les rochers escarpés, parce que je n'ai pas peur de la mer et que j'avais une totale confiance en mon papi. C'est encore l'une de mes plus belles journées.

Elle renifla et Cole la serra un peu plus, craignant qu'elle ne pleure.

- Alors quand il a eu cet accident, du jour au lendemain, mon monde s'est écroulé. Sans déconner. J'en voulais à la terre entière, moi qui ne croyais déjà pas en Dieu, ce jour-là, un 17 octobre, je l'ai banni à jamais. Il est resté cinq mois à l'hôpital avant de pouvoir rentrer chez lui. C'était un légume. Il ne pensait qu'à bouffer des gâteaux et à dormir. Il ne voulait plus rien faire. Il était maigre et ne s'intéressait à rien. C'était une épave et, à mon sens, il était déjà mort. C'est bête à dire mais je refusais d'aller le voir, c'était trop dur. Quelques mois après, alors que j'avais passé l'été le plus horrible de ma vie, il est mort. C'est après que je suis rentrée au lycée et, moi qui m'étais quelque peu "préservée" de toutes les conneries qu'on peu faire ados, je suis devenue froide et méchante, j'ai commencé à fumer et à boire, j'ai couché avec des tas de gars du coup j'avais une sale réputation et je faisais n'importe quoi. Ça a été très dur. Et le pire, c'est qu'après tout ce qui m'est arrivé par la suite, des choses horribles aussi, c'est le décès de mon grand-père qui m'a le plus affecté.

Cole ne dit rien. Peut-être parce qu'il n'y avait rien à dire pour sauver la situation et l'ambiance pesante. Alors il se contenta de caresser les longs cheveux de Lolly alors qu'elle sanglotait en silence, s'agrippant à Cole comme s'il était son échappatoire.