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POV LEVI

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« Je rigole, maintenant que je t'ai retrouvé je ne vais pas te laisser partir de si tôt. » Cette phrase résonne en moi, et me rappelle certaines promesses qu'on avait pu se faire quand on était môme, à l'époque où on nous disait inséparables. Au final, le destin fait qu'on s'est retrouvé, j'aurais jamais pu penser qu'on devrait même vivre ensemble. J'ai reçu peu d'amour dans ma vie, et rien que penser ce mot me dégoûte, d'une certaine manière. Mais l'entendre dire qu'il ne va pas m'abandonner, cette fois, entrouve une brèche, un minuscule espoir : peut-être que j'ai encore quelque chose qui bat, là d'dans.

J'ai comme l'impression qu'à cet instant précis, un déclic vient de se créer ; une nouvelle vie va commencer. Je m'étonne d'avoir des pensées positives tout à coup ; depuis le temps que je n'en avais pas eu, à voir toujours le verre à moitié vide... (et pourtant réellement trop plein, erf.) Il faut que je redescende sur terre, des claques, j'en ai eu et j'en aurais d'autres, et c'est pas ce morveux qui me blessera, il ne faut surtout pas que je le laisse m'amadouer de la sorte. J'enlève sa main de mon épaule, comme pour appuyer cette pensée.

Le truc, c'est que dans la foulée il reprend ma main, on y voit quedal là dedans... J'étouffe, vivement qu'on en finisse et que je picole...

"Ouais, je m'en souviendrais. Et aussi, un 69 ça ne s'oublie pas, pas avec moi en tout cas."

Je ricanne, il a l'air tellement coincé que j'ai envie de le provoquer, quitte à passer pour un pervers, c'est plus fort que moi. Puis bon, je mettrais ma main à couper qu'il n'a pas saisi la référence, quel gosse !

Je mets un premier pieds dans la pièce, si on peut appeler ça comme ça, et serre les dents pour me contenir. Bordel, la crasse de cette salle, du jamais vu pour moi, le genre d'endroit que j'évite et dont je ne comprendrais jamais l'existence. La peur de descendre ici ne peut pas excuser ce massacre. J'en ai envie de vomir, sans exagérer, je ne supporte pas une table qui n'a pas été dépoussiérée durant 2 jours, alors là... Je lance un regard noir à Eren, accompagné d'une mou de dégoût mais ne dit rien à ce propos : je pense que mon visage parle pour moi et je risquerai de me montrer bien trop dur car j'ai bien conscience d'être maniaque maladif parfois.

Je sors donc un mouchoir en tissu de ma poche pour me recouvrir la main, avec cette même mine dépitée, et soulève du bout des doigts l'une des bouteilles pour en lire l'étiquette. Je plisse un peu les yeux, astique consciencieusement la bouteille. J'ignore son rire débile et lui répond plutôt sèchement.

"Ça ira."

Je lui tends le mouchoir plein de poussière, et le lui pose sur les bras sans attendre qu'il le prenne lui même : après tout, c'est sa faute si cette pièce est aussi sale et lugubre ; alors, il peut bien le prendre jusque chez lui sans broncher... M'amener dans un endroit pareil... Bref, bouteille à la main, je passe la porte en la poussant avec mon coude et avance dans le couloir, sans avoir pris la peine de la lui tenir.

"Allons-y, j'supporterais pas de rester ici une minute de plus. Par contre, et tu n'y verras pas d'inconvénient, je prendrais soin de nettoyer cette pièce de fond en comble dès demain. Insupportable. Négligé. Dégoûtant. Comprend pas..."

Finissais-je par marmonner en avançant jusqu'à l'ascenseur. Plein de choses à se raconter... Je lui ai pas dit qu'on ne parlerait plus de choses sérieuses pour aujourd'hui ? J'vais le faire picoler, il me posera moins de questions. Mouais. Où peut-être le contraire, faut que je me méfie de cette fouine.

On entre dans l'appartement, j'ouvre expressément quelques placards pour en sortir deux verres à pieds et un tire-bouchon. Je nous serre deux verres plutôt bien rempli.

"Je suppose qu't'as pas l'habitude de boire; mais on a qu'une vie fais pas le rabat-joie et trinque avec moi. Si y'a un soucis, ton lit est pas loin."

Je lui tends son verre, m'assoit sur le canapé et me force à lui sourire, histoire qu'il coopère : pour une fois, j'aimerais ne pas boire seul, comme un moins que rien. J'imagine que s'il comprend que ça me fait plaisir, il le fera. Et puis, il peut bien faire ça pour se faire pardonner.

[ERERI] Je t'aime, moi non plus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant