GREENTOWN

17

Patauger dans le noir.
C'était le plan le plus nul de tout les temps.

Mais elle m'avait tellement énervée quand elle avait fait sa Mme Je-sais-tout je n'en n'avais pas trouvé d'autre. Bon, d'accord je conçois que c'était une bonne idée de laisser tomber le 4x4 et de s'enfuir à travers les champs. Mais il pleut et j'ai l'impression qu'ils peuvent nous rattraper beaucoup trop facilement.

Je ne suis pas une héroïne, je ne suis pas résistante et puis... je préférais la sécurité de notre véhicule. Maintenant j'entends des bruits de pas et d'animaux partout et chaque fois que je frôle une branche je pousse des petits cris.

Alors que je passe sous un amas de végétation je ne vois plus Marc devant moi. J'essaye de distinguer des formes dans le noir quand je le vois à plusieurs mètres de moi. Je décide alors de me mettre à courir pour les rejoindre. Soudain mon pied s'enfonce un peu trop dans la boue et même avec ma vitesse je n'arrive pas à le dégager. Je m'en rend compte trop tard et mon élan me fait tomber à plat dans un énorme bruit de succion. Je me relève avec difficulté mais personne ne vient m'aider.

Non mais je rêve! Déjà je suis bien gentille de la suivre parce que je n'ai toujours pas confiance en elle et son histoire à deux balles. Tout ça je le fait parce que Marc semble la croire. Mais en plus ils s'en foutent de moi!

Je me dirige alors vers eux comme une furie (tout en faisant attention où je mettais les pieds). Je les dépassais et venais me mettre en travers de leur chemin.

"- Bon on va où comme ça? Parce que si vous compter rester en ville ça ne va pas être une mince affaire, ils vont nous retrouver en moins de deux!
- Je sais, nous allons prendre l'avion, nous quittons cette île, me répondit froidement Mélania en passant à côté de moi pour continuer son chemin.
- Quoi? Mais il est hors de question que je quitte Greentown enfin... il y a ma fille et ma mère et puis... et puis... NON! Criais-je affolée."

Mélania se retourna d'un coup sec et vint se poster à quelques centimètres de mon visage. Elle planta son regard froid dans le mien.

"- Ah oui! Et vous allez faire quoi ici? Protéger votre fille et votre mère? Croyez moi, avec mon père sur nos traces, elles seront beaucoup plus en sécurité sans vous."

Sur ceux elle se retourna et continua son chemin comme si de rien n'était. J'étais tellement abasourdie que je finis par avancer machinalement, sa dernière phrase tournant en boucle dans ma tête. Je ne pouvais rien pour elles, j'allais devoir les quitter sans leur dire au revoir ni où j'allais car je ne le savais pas moi-même.

Je ne savais même pas pourquoi j'avais été embarquer dans cette histoire de fou mais je ne pouvais plus reculer, pas après ce que j'avais vu. Si il y avait un moyen de sauver ces enfants, je le trouverais.
Je n'étais pas une héroïne.
Mes larmes se fondaient avec la pluie qui ruisselait sur mon visage. Tout se mélangeait.
J'étais prête à partir.

Soudain j'étais dans le garage d'une ferme. Je ne savais plus comment j'avais atterris là, j'avais juste suivis les yeux rivés sur le dos de Marc. Maintenant j'entrais dans une camionnette, Mélania au volant et Marc à ma gauche, entre nous deux. Tant mieux sinon j'aurais fait une crise de nerf.

De retour sur la route, le soleil allait se lever et on atteignait la ville. Je passais la tête par la vitre et sentais l'air frais sur mon visage toujours mouillé.
Puis je m'endormis.