Elle était assise en face de moi. Sa seule singularité était ses cheveux, rouges sang, qu'elle se touchait sans cesse machinalement, comme si cette seule couleur lui procurait une sorte d'apaisement, de courage pour affronter un monde extérieur et cruel. Sa pâleur de peau rappelait celle d'une poupée de porcelaine, et sa finesse, ses jambes minces, donnait l'impression qu'un rien aurait pu la briser en petit morceaux. Elle portait à l'épaule un sac à motif avec une désinvolture qui crachait avec son personnage, et qui ne servait qu'à donner le change d'une hypothétique aise. Son visage de cire était figé dans une éternelle moue de désintérêt, et ses yeux noirs fixant ses pieds semblaient n'avoir jamais brillé de l'éclat de la curiosité. Sa vie elle même semblait balancer entre ce qu'elle voulait être et ce que les autres voulaient qu'elle soit. Son corps entier était le champ de bataille de ces deux idéaux, mais elle avait depuis longtemps abandonné l'idée d'être elle-même. Elle s'était donc enfermée dans une carapace de timidité que sa frange, droite et lui tombant sur les yeux, figurait physiquement.
Lorsqu'elle se leva, sa fragilité fut d'autant plus flagrante, et la voûte de son dos semblait la rapprocher inévitablement du sol où elle finirait par s'écraser. Sa voix essaya un "au revoir" que je fus la seule à entendre, et qu'elle semblait n'avoir prononcé que pour elle. Sa voix reflétait sa manière d'être, fluette et douce. Elle s'en alla d'une démarche faussement à l'aise, bancale et hésitante.
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Galerie de Portraits
RandomImaginez vous dans une immense salle d'exposition. Des centaines de tableaux aux murs. Uniquement des portraits.