Chapitre 1 - Une rentrée originale

118 6 24
                                    

L'obscurité, la peur, les cris, les appels. Encore et encore. Des cris de douleur, de rage, de désespoir. Je ne sais pas où je suis, ce que je fais là. Je ne vois rien, je ne fais qu'entendre. Je ne ressens même pas ce qu'il y a autour de moi. Juste les ténèbres, infinis et intarissables... L'obscurité m'englobe, elle veut m'étouffer, m'engloutir. C'est la fin...

« Crois en toi. Crois en ta lumière. »

Réveillée par mon cri, je me retrouve assise sur mon lit, en sueur. Je regarde tout autour de moi comme pour vérifier que je suis bien au bon endroit. Ce qui est assez idiot, je vous l'accorde, je n'ai jamais fait de crise de somnambulisme.

Je n'ai pas besoin d'ouvrir mes volets pour savoir que le soleil est levé. Ni de regarder mon réveil pour vérifier l'heure. Tous les jours, depuis des années, au moment où l'aube se lève, j'entends cette voix et je me réveille. Cette voix masculine si douce et si forte à la fois. Ses mots sonnent comme un ordre mais je sais, je sens, qu'elle me veut du bien. Il m'est arrivé de me demander ce qu'il se passerais si l'aube ne se levais jamais, si cette voix ne me parlait pas. Est-ce que je resterai prisonnière de mon rêve ? Peut-on seulement mourir dans un rêve ? Parce que je sais que c'est cela, son issu. Ça ne peut pas se terminer autrement.

« Ayane ! Debout ! »

La voix de ma mère réussie à me faire sortir de mes sombres pensées et je prends donc l'initiative de sortir de sous mes draps. « Ce n'est pas bon de se complaire dans les rêves en oubliant de vivre. » avait dit le sage Dumbledore à Harry Potter dans la saga du même nom, et je compte bien suivre ce conseil. De toute façon, ce ne sont que des rêves, je ne trouverai rien en essayant de les analyser.

Cinq minutes plus tard, j'entre dans la cuisine où se trouvent déjà ma mère et ma petite sœur.

« Eh bien, j'ai cru que tu ne te lèverais jamais. C'est la rentrée, tu ne dois pas être en retard.
- Je ne suis jamais en retard, maman... »

Ma mère, une femme de taille moyenne aux longs cheveux bruns et aux yeux malicieux et pleins de joie de vivre de la même couleur, est vraiment une personne que j'adore et que j'admire. Peut-être même la personne que j'aime le plus sur cette petite planète qu'est la Terre. Malgré ses trente-et-un ans, elle est quelqu'un de vif, sans aucunes rides. On lui donnerait dix ans de moins. Historienne, elle est connue pour ses nombreux travaux sur la mythologie et l'histoire antique. L'histoire grecque surtout. Pourquoi grecque ? Je n'en ai pas la moindre idée mais je suppose qu'elle avait une bonne raison de choisir cette orientation de carrière.

Mon père, lui, est journaliste mais il n'est pas là ce matin. Il a dû partir tôt, ou alors il n'est jamais rentré. Ça lui arrive, parfois, de passer la nuit au journal, ce qui agace ma mère mais bon, le travail d'abord, c'est son dicton. Leila et Frank Agana Béléa forme un superbe couple et je suis fière d'être leur fille bien que la seconde descendance soit moins amicale envers moi. J'ai nommé ma sœur, Claire Agana Béléa.

« Comme si tu avais besoin de nous rappeler que c'est la rentrée. J'ai pas envie d'y aller moi...
- Claire, je t'en prie ma chérie. Si tu en as déjà marre de l'école à ton âge, qu'est-ce que ça va être plus tard. »

Ma petite sœur arbore, comme moi et ma mère, de longs cheveux bruns. Bien que les siens aient une teinte un peu plus foncée et qu'elle a l'habitude de les attacher en queue haute. En fait, d'après ma mère, mes cheveux sont châtain clair mais bon, leur couleur m'importe peu à vrai dire. Pour revenir à ma sœur, ses yeux vert-gris, qu'elle a hérité de notre père, sont très expressifs. Trop même. Je ne connais personne d'aussi têtu. Si un regard pouvait tuer, toute ma famille serait sans doute morte depuis longtemps. Enfin, avec son style de sportive et sa dégaine masculine, elle ressemble plus à un garçon manqué qu'autre chose mais je l'aime comme ça. Surtout, ne lui répétez pas.

BénédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant