Le temps était exécrable. La pluie, le vent et cet aéroport bondé dont le brouhaha incessant résonnait infiniment. Pourtant, j'étais heureuse comme jamais je n'aurais cru pouvoir l'être un jour. Je suivis ma mère à travers l'immense hall, en tirant tant bien que mal ma seule et unique valise avec un sourire dont j'avais la certitude qu'il ne quitterait plus jamais mon visage.
- Tu le vois ? demandai-je.
- Non, il y a tellement de monde ! me répondit ma mère en se mettant sur la pointe des pieds.
Je n'étais pas plus grande qu'elle et ne le serai sans doute jamais, pensai-je en la regardant.
Je lui ressemblais tant.
- Attends, le voilà ! dit-elle avec un sourire immense que seul mon futur beau-père pouvait dessiner.
- Viens.
J'avais hâte de le retrouver, lui qui avait changé nos vies du tout au tout. Ma mère lâcha sa valise dans laquelle je me prenais les pieds, pour se jeter dans les bras de Lowan. Ce dernier l'enlaça et l'embrassa avec un enthousiasme débordant, et presque inapproprié en ce lieu, qui me fit presque rougir.
- Et c'est cela que tu as dû supporter durant ses visites ? Et bien, je te compatis !
Je levai les yeux sur un visage espiègle d'une beauté renversante.
- Livia, je suppose ? Je suis Lilian, ton presque frère.
Un jeune homme d'à peu près mon âge posa une bise sur chacune de mes joues et me sourit.
- Lilian ? Tu es le fils de Lowan ?
- Lui-même ! dit-il le sourire plus grand. Heureux de te rencontrer enfin. Tu n'as pas idée d'à quel point je t'attendais.
Il ne ressemblait absolument pas à son père, si ce n'est peut-être l'étrange beauté. Ses cheveux d'un brun clair, retombaient devant des yeux d'un noir intense. Son visage était d'un lisse parfait, pareil à son allure d'une élégance rare pour un jeune de notre âge.
- J'avais également hâte d'arriver enfin et de faire ta connaissance. Lowan m'a tellement parler de toi que j'ai l'impression de te connaître.
- Vraiment ? Je suppose qu'il t'a dit que j'étais un adorable jeune homme plein d'humour et d'ambitions !
- C'est exactement cela ! dis-je en souriant.
Il récupéra nos valises et se racla la gorge devant notre jeune couple qui semblait avoir perdu la notion du raisonnable.
- Lowan, ce n'est, à fortiori, pas là un comportement adéquat devant de jeunes adolescents ! dit Lilian.
Le fait qu'il appelle son père par son prénom était assez étrange.
- Livia ! dit ce dernier en m'ouvrant ses bras.
Je le serrai à mon tour, heureuse de le revoir enfin.
- As-tu fait bon voyage ? Tu as l'air en forme.
Il me jaugea un instant avant de se retourner vers ma mère. Sa joie était palpable.
- Je suis fatiguée, mais tellement heureuse que rien ne pourrait me contrarier.
- Pas même Lilian ?
- Je ne suis pas quelqu'un de contrariant ! Bien au contraire, je suis un éternel heureux dont le positivisme est contagieux.
- Comme Livia, intervint maman. Vous allez vous entendre à merveille.
- J'en suis assuré, me dit Lilian avec un rire franc et chaleureux.