La bataille de Badr

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Au mois de Ramadân de l'an 2 de l'Hégire, le Messager de Dieu apprit qu'une grande caravane marchande qurayshite rentrait de Syrie à La Mecque, qu'elle était dirigée par Abû Sufyân, et qu'elle n'était escortée que par une quarantaine de cavaliers. Cette caravane avait en partie été financée par les biens que les polythéistes mecquois avaient spoliés aux Musulmans pendant et après les persécutions qu'ils leur firent endurer. Contraints de quitter La Mecque pour trouver une terre d'accueil moins hostile, les Musulmans avaient abandonné tous leurs biens dans le seul but de sauver leur foi. Ces biens avaient entièrement été saisis par les païens. Partant de ce constat, le Prophète demanda des volontaires pour aller intercepter cette caravane et récupérer ainsi une partie de leurs biens. La valeur de la caravane s'élevait à quelque cinquante mille dinars en pièces d'or et comptait mille dromadaires. Trois cents et quelques hommes partirent en toute hâte avec lui : quatre-vingt-six Muhâjirûn - Musulmans mecquois émigrés à Médine -, et le reste de Ansâr - Musulmans médinois -, dont soixante-et-un de la tribu des Aws et cent soixante-dix de la tribu des Khazraj. La petite troupe ne comptait que deux chevaux et soixante-dix dromadaires, deux ou trois hommes se relayant sur chaque monture. Le Prophète demanda au malvoyant Ibn Umm Maktûm d'assurer l'intérim au poste de dirigeant de Médine et d'imam à la mosquée en son absence.

Lorsqu'il arriva au lieu-dit Ar-Rawhâ', il confia à Mus'ab Ibn 'Umayr l'étendard de l'armée musulmane, à 'Alî Ibn Abî Tâlib la bannière des Muhâjirûn et à Sa'd Ibn Mu'âdh celle des Ansâr. Puis il envoya Basbas Ibn 'Amr Al-Juhanî et 'Adiyy Ibn Abî Az-Zaghbâ' en tant qu'éclaireurs pour récolter des informations de la caravane, alors qu'elle approchait de la localité de Badr.

Entretemps, Abû Sufyân apprit que le Prophète était sorti à la tête d'une armée et qu'il marchait sur la caravane qu'il avait la responsabilité de ramener jusqu'à La Mecque. Il envoya donc Damdam Ibn 'Amr Al-Ghifârî à La Mecque donner l'alerte aux Qurayshites, afin qu'ils accourent défendre leurs biens. Rapidement, les polythéistes levèrent une armée dans laquelle tous les clans qurayshites étaient représentés, à l'exception des Banû 'Adiyy.

Lorsque le Messager de Dieu apprit la nouvelle, il demanda conseil à ses Compagnons sur la décision à prendre face à la tournure que prenaient les événements. Ils étaient en effet sortis intercepter une caravane marchande, et voici qu'ils auraient probablement à faire face à l'armée la plus puissante d'Arabie. Certains Compagnons étaient d'avis de ne pas combattre, le déséquilibre des forces étant trop manifeste, l'armée musulmane n'étant pas suffisamment préparée pour tenir tête à Quraysh. L'un d'eux dit notamment : « Ô Messager de Dieu, c'est Quraysh la perfide ! Par Dieu, elle n'a jamais été vaincue depuis qu'elle est une puissance ; et elle n'a jamais cru en Dieu depuis qu'elle L'a renié. Par Dieu, pour rien au monde, elle n'abandonnera sa puissance. Elle te combattra. Prépare-toi donc soigneusement et prends toutes les dispositions qui s'imposent. » Pour leur part, les Muhâjirûn déclarèrent qu'ils étaient avec lui quoiqu'il arrive. Mais le Prophète attendait surtout la réaction des Ansâr qui l'avaient accueilli dans leur cité et qui avaient prêté serment de le défendre envers et contre tout s'il était attaqué. Sa'd Ibn Mu'âdh prit alors la parole et dit : « Ô Messager de Dieu ! Tu penses peut-être que les Ansâr considèrent qu'ils ne doivent te porter secours que sur leurs terres. Au nom des Ansâr, je te dis d'aller où tu veux, de t'allier à qui tu veux, de rompre les liens de qui tu veux, de prendre de nos biens ce que tu veux et de nous laisser ce que tu veux. Ce que tu nous prendras aura plus de valeur à nos yeux que ce que tu nous laisseras. Quoique tu ordonnes, nous le ferons. Par Dieu, dusses-tu aller jusqu'à Birk [1], nous te suivrons ; dusses-tu traverser cette mer [2], nous la traverserons avec toi. »

Al-Miqdâd déclara quant à lui : « Nous ne te dirons pas ce qu'a dit le peuple de Moïse à Moïse : "Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes" [3]. Nous, nous combattrons à ta droite et à ta gauche, devant toi et derrière toi. »

"Notre Bien-Aimé Muhammad (PSL) [Hennesiestly]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant