Chapitre 31

57 7 0
                                    


En arrivant au parking, j'aperçus Jérémy qui me rejoignait en courant.

― Céline, attendez-moi !

Le malheureux, il ne savait pas qu'il courrait à sa perte ! Il aurait dû au contraire me fuir comme la peste ! – bien contagieuse, elle, et tellement redoutable !

― Vous partez déjà ? me lança-t-il, essoufflé. Votre collègue m'a dit que vous veniez de sortir...

En effet, je n'étais pas restée une seconde de plus que nécessaire, dès que l'heure de partir était arrivée.

― Jérémy. Vous tombez bien, j'ai deux mots à vous dire, fis-je calmement, en maîtrisant la colère qui montait en moi.

― Je ne voudrais pas vous paraître trop intrusif, mais j'ai appris que votre compagnon...

― Puis-je savoir ce que votre ami faisait au tribunal ? le coupai-je, cinglante.

― Oh, euh... Je m'inquiétais pour vous ! Je voulais m'assurer que vous n'auriez pas besoin d'aide...

― Ce n'était pas de mon procès, qu'il s'agissait ! m'exclamai-je. Ça ne vous regardait absolument pas !

Il pâlit légèrement, remarquant seulement maintenant ma « contrariété ».

― Je suis désolé, j'ai cru qu'il s'agissait de vous..., soupira-t-il, navré. Je me suis peut-être mêlé de ce qui ne me regardait pas, mais je vous assure que c'était par inquiétude pour vous...

Pour le coup je restai muette, réalisant que j'avais fait de même avec Maël. Je ne pouvais décemment pas lui en vouloir à ce sujet. D'accord, mais ce n'était pas tout.

― Bon, cela passe encore, reconnus-je à contrecœur. Mais vous n'aviez pas à en informer tout le monde ! De quel droit avez-vous été raconter ce qui s'était passé ? C'est à moi que vous auriez dû en parler, uniquement ! Ça ne regardait personne d'autre !

― Je sais, je sais... Je suis vraiment désolé, Céline, je ne pensais pas à mal... Mais apprendre que votre compagnon pouvait se montrer aussi violent, aussi agressif ! Et en plus qu'il avait ce virus ! Ça m'a complètement retourné ! Il fallait que j'en parle, mais vous n'étiez pas là ce matin...

― Suffit ! grondai-je, ma colère atteignant soudain l'altitude de l'Everest. Vous ne comprenez rien à rien ! Visiblement, votre ami s'est endormi pendant toute une partie de l'audience ! Mon compagnon a eu des problèmes personnels, qui sont résolus aujourd'hui ! Il n'a jamais été ni violent, ni le moins du monde agressif avec moi !

― D'accord, d'accord ! fit-il précipitamment en battant en retraite. Mon ami m'a touché quelques mots de ce qui était arrivé à votre compagnon, mais il n'avait pas tout compris..., lâcha-t-il, peu convaincu. Mais il n'en reste pas moins qu'il est malade du sida. C'est déjà suffisamment dangereux en soi !

J'inspirai et expirai profondément pour me maîtriser, serrant et ouvrant les poings. S'il n'y avait pas plus haut que l'Everest, ma colère était en train de découvrir un nouveau sommet.

― Jérémy, vous allez me faire le plaisir d'aller vous renseignez, avant de débiter ce genre de conneries. Je ne cours aucun danger. Et de toute façon, ma vie privée ne vous regarde absolument pas.

J'allai me détourner, quand un doute me vint.

― Mais dîtes-moi... J'espère que vous n'aviez pas d'autre intention en divulguant tout ça à mes collègues... ?

― Comment cela, quelles intentions ?

Je plissais les yeux, bouillant intérieurement.

― Peut-être espériez-vous qu'elles feraient pression sur moi pour que je le quitte... ? Une maladie, ça fait toujours peur... Peut-être savez-vous parfaitement que je ne risque rien, mais vous espérez jouer dessus pour...

Aimer, rire... survivre (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant