Chapitre 19

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En un instant la camionnette se matérialisa devant nous. Deux pompiers sautèrent par les portes avant, deux autres ouvrirent en grand les portes situées à l'arrière.

― Écartez-vous ! nous ordonna le premier à nous rejoindre.

Yann s'interrompit avec soulagement, en nage.

― La civière ! cria un deuxième.

Deux pompiers sortirent une civière sur roulettes de la camionnette et la posèrent près de Maël. En un instant, ils le soulevèrent par les bras et les jambes pour le porter dessus, puis le transportèrent à l'arrière du véhicule.

― Depuis combien de temps ? demanda le premier.

― Dix minutes, je crois..., répondit André.

L'homme hocha la tête.

― On l'emmène au CHU, vous pouvez nous y retrouver.

Sur quoi il monta après la civière.

― Je viens ! m'écriai-je en bondissant

― Moi aussi ! dit Yann.

Les pompiers nous laissèrent grimper à l'arrière et refermèrent les portes. Le véhicule démarra en trombe, sans perdre une seconde. Je vis André aider sa sœur à se relever et se diriger vers les voitures. À l'intérieur de la camionnette, les deux pompiers présents avaient remonté la civière à hauteur de main.

― On se pousse ! lança l'un d'eux. Restez près du mur !

Yann m'attrapa dans ses bras pour me serrer contre lui, adossé à la paroi qui brinquebalait au rythme des évolutions de la camionnette. La sirène stridente du véhicule résonnait au-dessus de nous, à peine assourdie. Le premier pompier prit le pouls de Maël au poignet, puis secoua négativement la tête vers son collègue. Celui-ci mit en route un défibrillateur et appliqua les électrodes sur le torse de Maël, dont le pull avait été relevé. Au bout de quelques secondes, l'engin émit une décharge électrique qui traversa sa poitrine tatouée. Son torse se souleva brièvement, en un soubresaut. Je me crispai, retins mon souffle. Maël retomba, toujours inerte.

Mes larmes reprirent, et je cachai mon visage contre l'épaule de Yann. Il passa une main sur mes cheveux, l'autre dans mon dos, en une tendre étreinte désespérée. Les larmes débordaient de ses beaux yeux sombres, traçant des sillons sur ses joues. Malgré douze années de haine – atténuées par la révélation de sa maladie –, il était bouleversé à l'idée de perdre son petit frère.

Le défibrillateur envoya une deuxième décharge. Le même scénario se reproduisit. Pouvait-on encore le réanimer, après tout ce temps ? Je n'en savais rien, mais les pompiers avaient l'air de vouloir poursuivre les efforts. Une troisième décharge traversa son corps, qui retomba lourdement sur la civière.

Soudain, Maël ouvrit les yeux et inspira brusquement. J'eus l'impression que mon propre cœur s'arrêtait de battre.

― Maël !!

J'échappai aux bras de Yann et me précipitai vers lui, mais l'un des pompiers s'interposa en tendant un bras. C'était un homme de grande taille, élancé, la quarantaine grisonnante.

― Doucement ! Ne lui sautez pas dessus ! Attendez un instant.

Lui et son collègue, plus jeune, installèrent Maël sur le côté, en position latérale, alors qu'il reprenait peu à peu ses esprits. Il cligna des yeux et regarda autour de lui d'un air perdu.

― C'est bon, vous êtes en sécurité, le rassura le premier, une main sur son épaule. Tout va bien se passer.

Maël croisa mon regard bouleversé, vit mes joues trempées.

Aimer, rire... survivre (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant