Prólogo

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  Je ne sais pas dans quoi je m'embarque avec cette histoire. Je sais juste que j'ai fais ce rêve, bizarre, pour ne pas changer et que l'idée a germé dans mon cerveau jusqu'à devenir si envahissante que je n'ai pu m'empêcher de l'écrire. Elle me plait beaucoup, elle aborde plein de chose qui me tienne à cœur et bien que la trame principale puisse choquer ou que sais je, je n'accorde cela qu'à une société bien trop fermée d'esprit que j'ai envie de combattre. 

L'art est une arme de construction massive. Jacques Livchine (si google dit vrai)

(Je n'ai pas vraiment relu, je m'excuse donc d'avance pour les inévitables fautes et les possibles incohérences, n'hésitez pas à me le signaler !)

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Prologue

L'histoire était des plus simples, juste l'une des plus compliquées à expliquer. Tout ne se résumait qu'à une chose, l'amour. Basique mais si fort, si important.

Mais cet amour pourtant si pur, si évident, était dérangeant. Impossible à raconter par peur de choquer.

L'amour ne peut être que compliqué, tout le monde le consent. Un ensemble de joie, d'entente, de complicité, de dispute ente deux personnes. Mais lorsqu'il réunit trois personnes, alors comment le qualifier ?

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Ma vie avait commencé dans la petite chambre d'un petit studio. Ma mère n'avait pas eu le temps de se rendre à l'hôpital, l'ambulance trop de temps à arriver. Elle avait donné la vie seule, hurlant dans cet appartement trop petit pour deux. J'avais poussé mes premiers cris alors que ma mère lâchait son dernier souffle. Ainsi l'avait-on retrouvée, le cœur arrêté, celui de son bébé battant sur sa poitrine.

Après un passage à l'hôpital où j'avais été ce bébé que les sages-femmes s'attribuent comme le leur, au bout de tant de crises de larmes à tarir, on m'avait adoptée. Jamais je n'ai su qui était mon père. Je n'en ai été guère traumatisée. Mes deux mères adoptives étaient adorables et je n'avais jamais eu besoin de plus. Que les préjugés sur le manque d'une présence paternelle répercuté sur le comportement d'un enfant se barrent. J'avais reçu une éducation parmi les meilleures, surpassant la plupart du temps celles souvent négligée des parents dit «normaux ». Je n'avais manqué de rien tout en n'étant pas trop gâtée, avait reçu des valeurs justes, parfois éloignée de celles que la société impose mais pas pour autant mauvaises. Comment voulez vous, avec des parents homos, apprécier notre société sans s'en mordre les doigts ? Je crois que mes choix futurs allaient sans exception dans ce sens.

Mes parents avaient longtemps hésité à m'inscrire à l'école. En France, l'institution est obligatoire mais pas l'école. Elles avaient souffert de ce système et ne le trouvaient pas des plus adaptés au développement de l'enfant. Aussi avaient-elles décidées de briser une fois plus les codes et je ne l'ai en remercierais jamais assez pour cela.

Ne pas avoir été enfermée plus de quinze de ma vie entre quatre murs pour qu'on me bourre le crâne d'informations que je retiendrais pas n'avait pas manqué à mon développement, au contraire. J'avais appris au fur et à mesure ce qui m'étais nécessaire, l'une de mes mères travaillant à domicile m'aidait lorsque j'en avais besoin. Je m'étais construite seule. J'avais appris à lire dès mes quatre ans, à écrire des histoires à six. Les maths pour la couture et mes maquettes. La science et la physique pour mes expériences. L'Histoire et la géographie car le monde et sa construction me fascine. L'art sous toute ses coutumes. Le français et ses règles pour mes romans. L'économie et la politique pour explorer encore plus le monde. J'étais une vraie éponge, je retenais tout, principalement car je ne lisais ou regardais que ce qui m'intéressait ou ce que lisaient et regardaient mes mères. La télévision, internet, les discussions d'adultes que je suivais avec entrain mais surtout les livres étaient mes instituteurs. Bien sûr j'ai toujours jouis d'une certaine liberté et au début je passais une bonne partie de mon temps à jouer ou regarder des dessins animés. Mais je me suis vite ennuyée et je pense qu'il y a une certaine notion d'instinct là dedans ainsi que l'envie d'imiter ses tuteurs car tout m'a poussé à apprendre, à développer mon imaginaire. Je parle plusieurs langues, l'art et les lettres ont toujours étaient un domaine qui me fascinait.

Nombreuses sont les personnes à qui je raconte mon enfance à croire que je l'ai passée enfermée dans ma chambre. C'est tout le contraire. J'ai très vite appris à déambuler seule dès que l'on a jugeait avec mes mères (j'ai un rôle dans tout ce qui me concerne ou qui concerne la famille) que j'avais l'âge mais surtout la prudence et la maturité nécessaire. On ne juge pas trop sur l'âge chez moi, mes mères m'ont toujours considérée comme adulte, avec une certaine autorité tout de même. N'allez pas croire que je ne me suis jamais fais gronder mais j'en ai vite tiré des conclusions.

Au cours de mes déambulations j'ai acquis une grande indépendance et beaucoup de confiance. J'ai fais de nombreuses rencontres, des courtes mais passionnantes ainsi que des longues et fortes. La plus marquante, importante et décisive fut celle des jumeaux Ruiz.

Les jumeaux étaient deux beaux garçons aux yeux vert clairs et à la chevelure noire âgés d'un an de moins que moi. D'origine espagnol de par leur père, ils le parlaient aussi bien que le français. Lors de notre rencontre, dans le parc près de notre maison alors que j'allais vers mes huit ans, ce fut tout de suite évident. Ils étaient mes camarades de jeux tout désignés. Ils étaient les petits frères que je voulais protéger et j'étais la grande sœur qu'ils voulaient admirer. Ils allaient au primaire mais cela ne nous a pas empêché de passer notre temps ensemble. Seule une rue nous séparait, mais une fois qu'ils étaient de retour chez eux, c'était parti l'aventure !

Lors des grands froids nous étions fourrés soit chez moi soit chez eux. Dès les premiers jours de beaux temps, malgré les quelques averses, nous étions sur la balançoire du parc. Ils me racontaient ce qu'était l'école et je partageais avec eux mes apprentissages du jour. Nous étions jeunes, nous étions fous.

Mais lorsqu'ils sont entrés au collège, tout à basculé. Les cours, les devoirs, les copains, les filles... je suis passée au second plan. Pourtant nous étions toujours en contact, on se voyait toujours, on se tapait des bons délires sur la balançoire du parc pendant les vacances. Mais ce n'était plus la même chose. Je n'étais plus leur grande sœur mais une amie d'enfance qu'on voyait à l'occasion. Tout cela m'a beaucoup attristé et j'ai aussi viré de bord, me concentrant sur mes projets d'avenir, comme mon souhait de devenir journaliste et la conclusion de mon premier roman, mais aussi sur les amis et, avec plus de précision, les petits-amis. Je n'ai pas eu beaucoup de ces derniers. Une petite aventure pour se familiariser avec l'idée puis une plus sérieuse. Je m'étais vraiment éprise, j'étais très amoureuse, j'y avais laissé une partie de moi (ce que je ne regrettais pas du tout) mais tout ceci n'avait pas été réciproque.

Un coup d'un soir puis me voila sous la pluie, assisse sur la balançoire de ce parc rempli de souvenir, à pleurer à chaudes larmes.

Cette histoire, aussi triste soit-elle, avait eu un avantage. Ce soir là les jumeaux Ruiz avec leur beaux yeux vert pâles pétillants étaient passés par ce parc, en quête de vieux souvenirs ou bien poussés par la destinée. Ils m'avaient vu, n'avaient eu aucun doute avec cette silhouette si familière, et m'avaient écoutée, épaulée, consolée et surtout revigorée. La joie si naturelle des jumeaux avait déteinte sur moi et m'avait rendu sûre d'une chose.

Je ne devais plus me séparer d'eux.

Los Tres GemelosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant