Capítulo Uno

18 1 0
                                    

Capítulo Uno

La pluie se calme alors que je perçois des bruits de pas derrière moi. Est-ce cette mystérieuse apparition qui a fait taire les nuages ? Je m'essuie les yeux, bien que leur rougeur ne peut que me trahir.

Bruits de grincement. Quelqu'un s'est assis sur l'une des balançoires qui entoure la mienne. Je ne vois pas qui, le visage baissé et les cheveux me cachant la vue. Néanmoins, je me rends très vite compte que ce n'est pas une mais deux personnes qui m'ont rejointes. Il ne me faut pas plus de temps pour trouver leur identité.

— ¡ Holà Niña !

Je relève la tête, me tourne vers celui des deux qui a parlé.

— Holà Lobo...

— Qui a t-il ?

Je me passe la manche de mon pull sous le nez, me retiens d'à nouveau pleurer. Puis je me souviens que ce sont les frères Ruiz et que je n'ai aucun secret pour eux, à quelques exceptions près. Ils m'ont vu pleurer des... pas tant de fois que cela, en vérité. Je ne suis pas une fille qui pleurniche dès le moindre problème. On m'a élevé à la méthode « garçonne » selon la société. Lorsque je tombais, me faisais mal, on n'accourait pas, on me laissait me relever seule et m'aidait si j'en avais vraiment besoin.

Les larmes reprennent et je me couvre les yeux des mains. Nouveau grincement. Lee s'est rapproché, pose une main compréhensive sur mon épaule. Je le regarde et lui souris, son geste me fait du bien.

Lee a toujours été le plus doux et câlin des deux. Cela n'enlève cependant pas une certaine tendresse à Loup.

— Un hombre t'a fais du mal ?

Je secoue la tête, les coins de la bouche un peu relevé. Je sais qu'ils leur suffiraient d'un oui et d'un nom pour qu'ils décampent sans plus attendre.

— Non. Enfin... si...

J'ai dû mal à en parler, car je ne peux m'empêcher de me dire que c'est en grande partie ma faute, que je n'ai pas rempli correctement mon rôle.

— Qui ? Que t'a t-il fait ? s'enquit Loup, sur un ton qui me fait frissonner.

Il porte bien son nom, ne redoutant jamais quelconque bataille.

— Rien de bien grave, en tout cas pas ce que vous devez sûrement être en train d'imaginer.

— Cela ne répond pas à la question, et il doit bien y avoir quelque chose de grave, pour que tu sois dans un état pareil.

Cela me donne du baume au cœur que de savoir qu'ils me connaissent toujours aussi bien, enfin je crois.

— Je... enfin... il...

Lee pose sa tête sur mon épaule, Loup me prend la main. Je les regarde tour à tour, contente de savoir que je peux toujours compter sur eux.

— Prend ton temps, murmure Lee.

— Vous allez sûrement trouver cela ridicule.

— Rien n'est ridicule lorsque l'on parle de toi, Aimée. Qui sommes-nous pour seulement penser à te juger ?

Je renifle d'une manière peu conventionnelle, mais qu'importe, mes petits frères sont de retour et pour une fois les rôles sont inversés.

Je plonge dans mes souvenirs et laisse les mots couler.

— Il y a de cela presque un an maintenant, j'ai rencontré ce gars. Plus que pour me plaire, il avait tout pour raviver ma curiosité. Un regard mélancolique, des cheveux teints en vert par endroit, en bleu par d'autre, une lèvre ouverte. Puis il ne s'intéressait pas à moi car je n'allais pas à l'école. Je l'ai approché, apprivoisé, ou bien c'est lui qui l'a fait. Peut importe, nous avons commencé à sortir ensemble. Il était en terminal, je le voyais peu, mais chaque moment passé ensemble était magique.

— Pourquoi ne nous a tu jamais parlés de lui ? Demande Loup.

— Nous ne nous pas beaucoup vu ces derniers mois, et je préférais passer mes moments avec vous autrement qu'en parlant d'un mec. Puis... j'étais peut être trop sur la défensive ou bien j'avais peur que cela change quelque chose entre nous.

— Rien n'aurait changé, tu seras toujours notre hermana mayor.

Je souris, puis redevient sérieuse lorsque je reprend mon histoire.

— J'étais amoureuse, plus qu'éprise et sûrement un peu jalouse aussi. Après environ un mois et demi de relation nous avons franchi le cap. Enfin, pour moi, lui c'était déjà fait depuis un moment. Je ne le regrette pas, ce n'était pas quelque chose dont j'attendais grand-chose. Je ne sais pas pourquoi je vous dit ça en fait mais bon, notre relation a...

— Attends, attends, m'interrompt Lee, qu'entends tu par « franchir un cap » ?

— Et bien... enfin, vous voyez, non ? Loup ? Explique a ton frère, s'il te plait.

— C'est que... je n'ai pas compris non plus.

Je lève les yeux au ciel, le sourire tout de même aux lèvres.

— Sérieusement les gars ? Vous voulez me faire croire qu'une allusion à un rapport sexuel est trop compliquée pour vous ?

Malgré la nuit qui tombe je peux les voir rougir et détourner le regard.

— Ah.

— Désolé.

— Pas grave.

— Continue.

— Ok. Donc, notre relation a continué ainsi, tout allé parfaitement jusqu'à aujourd'hui. Plutôt, la semaine dernière, si l'on veut être juste.

— Comment ça ?

— Il m'a trompé.

Le silence tombe sur le groupe. Lee se redresse, me prend la main. Loup joue avec le sable du bout de sa chaussure.

— Une soirée arrosée, une jolie fille et voila. Rien de plus.

— Tu as rompu ? Demande doucement Lee.

— Bien entendu !

— Tu ne considères pas que tu es en tord, rassure moi ?

— Je...

Un nœud se forme dans ma gorge. Si, et c'est bien là le problème.

— Aimée, intervient Loup, capturant mon regard du sien. Écoute moi bien, rien de tout cela n'est ta faute, ok ? C'est lui qui t'as trompé, lui qui n'a pas compris la chance qu'il avait de t'avoir. Ce salop n'est qu'un sale pé...

— Loup. S'il-te plaît.

Il se tait mais son regard continue de briller et son visage se contracte. Il se lève et Lee fait de même, si bien que je me demande si ce n'est pas voulu, vu leur synchronisation. Ils se placent devant moi, je les regarde, patoise.

— Aimée, commence Lee, tu dois nous promettre de ne pas t'en vouloir pour quoi que ce soit, ok ?

— Et surtout de ne pas rester focalisé trop longtemps sur ça, ce gars n'en vaut carrément pas la peine, poursuit Loup.

— Promis ? Claironnent-ils en chœur.

J'acquiesce d'un signe de tête mais ils ne semblent pas convaincu. Alors je me lève avant de me précipiter sur eux, ne leur laissant pas le temps de comprendre, et de les entraîner à terre avec moi. Je ferme les yeux et la bouche pour ne pas avaler du sable.

Je me met sur le dos et éclate de rire. Les jumeaux me regardent comme si j'étais folle, mais ils peuvent bien parler, ils le sont tout autant que moi. Ils se mettent à rire à leur tour et nous ne nous arrêtons pas avant un bon moment.

Une fois que nous sommes calmé je me tourne vers chacun d'entre eux puis, le regard perdu dans les étoiles, murmure :

— Contente de vous avoir retrouvés, hermanos pequeños.

Los Tres GemelosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant