La fille du train

119 11 12
                                    

Alors que je fermais ma valise, mes yeux dérivèrent sur la fenêtre, que j'avais ouverte à cause de la chaleur ambiante à l'intérieur. Paris. J'étais heureux de quitter
la ville lumière pendant les vacances d'été. L'air de plus en plus pollué commençait à m'étouffer. Le métro me fatiguait. Et surtout, je serais loin d'elle. La nuit enveloppait la ville, et seul les lampadaires l'éclairait. Les étoiles demeuraient invisibles dans les ténèbres. Même dans ce noir absolu, on pouvait deviner les nuages qui attendaient le jour pour peser sur le malheur du monde.

Le ventre noué, la gorge sèche, je me dirigeai vers la porte. Ma mère, ne voulant pas que je réveille ma sœur, m'avait empêché de lui dire un  dernier au-revoir, elle qui était très boudeuse, elle allait m'en vouloir.
       En observant le visage de ma maman, je me rendis compte à quel point je lui ressemblait, mais seulement le dessus du visage, j'ai la mâchoire et la bouche de mon père.
     Elle me pris dans ses bras, et me recommanda de faire bien attention à ne pas louper le train, à monter dans le bon wagon, à être polie avec ma tante, et tout ce qu'une mère peut dire pour essayer de protéger son enfant.

Je me dirigeai d'un pas lent vers le quai. N'aimant pas les adieux déchirants, j'avais ordonné a ma maman de ne pas descendre de la voiture, et de partir comme si elle n'abandonnait pas son fils pendant deux mois. Ma mère était réputée pour ne pas avoir de bonne relation avec sa sœur. Pourtant, Dalia avait essayé de recoudre les liens plusieurs fois, mais ma mère, Alice, avait refusé.
     Personne ne connait les raisons de la haine qu'il y avait entre elles, mais c'était comme ça, on y pouvait rien. On faisait comme-ci c'était deux personnes qui ne jamais ne se sont côtoyés, mais dont la ressemblance restait tout de même frappante. Malheureusement, ma mère était bien trop rancunière pour n'accorder ne serait-ce, qu'un texto pour dire comment nous allions. Elle était même allée jusqu'à supprimer le numéro de Dalia de nos téléphones.

Mes pensées m'ayant rattrapé, je n'avais pas remarqué la fille assise à côté de moi. Je pris un moment pour la détailler. Elle avait les cheveux noirs, les yeux gris, elle semblait plonger dans sa lecture. En vain j'essayais de voir le titre de son livre, mais, je n'y parvient pas.
    Elle ramena une mèche sur son oreille, ça avait l'air d'être un espèce de tic, parce que la mèche en question n'était pas venu déranger sa lecture.

Ce fut alors qu'elle leva les yeux de l'ouvrage. Elle se mit à me détailler elle aussi. De mes cheveux marrons jamais coiffés, à mes yeux bleus roi tirant vers le violet. Quand elle détacha ses yeux de moi, c'était pour mettre un marque page dans son livre, puis, elle recommença à me regarder.

-Salut, est-ce que tu pourrais me dire depuis combien de temps tu m'observes avec tant d'attention?

Le rouge me montait aux joues. Cependant, il m'était impossible de savoir si je rougissais ou non.

-Je m'appelle Salie Dalton, heureuse de faire ta connaissance! Même si je ne connais pas ton prénom, d'ailleurs, c'est quoi?

-Nadim Reybaud. Et Dalton...comme les frères?

-Ouais je suis recherchée dans le monde entier!!

L'humour avait l'air d'être une de ces plus grandes qualités. Mais, cachait-Il autre chose? Je devais m'arrêter, j'allais bien trop loin.

-Tu t'arrêtes où?

-Destination final, Bordeaux. Ma tante viendra me chercher en voiture, et on ira au Verdon-sur-Mer.

-Comment elle s'appelle ta tante...?

-Dalia Jacobsen.

Son sourire se figea. Elle ouvrit à nouveau son livre, me laissant dans mes réflexions. Pourquoi cette grimace? Ma tante et elle se connaissait? Je n'avais même pas pu lui demander quel ouvrage c'était.

Rallumer les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant