Le vent frictionne la peau de Louis mais ça ne le dérange pas ; c'est une tendre brise qui caresse ses poils. Il aime sentir cet air frais traverser ses narines, embrasser ses joues, secouer ses cheveux décoiffés. Non, le vent est agréable, mais le chemin mouillé ne l'est pas du tout. Ses chaussettes s'humidifient et la terre colle au tissu de ses chaussures. Il soupire. Après tout, ce n'est pas si important. Il faut bien qu'il les jette un jour.
Louis change d'avis sur sa destination au vu de la météo. Il a l'envie soudaine de visiter quelques commerces, qui continuent à marcher malgré leur ancienneté. Ou peut-être est-ce elle qui soutient leur réputation. Il tourne la tête, prenant garde à la présence d'une voiture, mais il n'y en a pas. En réalité, il n'y en a jamais vraiment, on marche ou on utilise son vélo, mais Louis a trop peur de perdre cette habitude. Sait-on jamais, chuchote-t-il souvent à son attention.
Il n'y a personne dans les rues ce matin et il se sent fraîchement empli de solitude. Elle est agréable, dans de telles circonstances, lorsqu'il ne voit pas sa présence comme une tâche dégoulinante, seule, dans une pièce, entre quatre murs.
Une odeur soulève la faim de Louis, qui, ne voulant pas résister, se laisse emporter vers la boulangerie. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir, quelques fois, sans avoir à réfléchir aux conséquences. Louis fouille sa poche arrière gauche. Un billet de dix euros froissé. Cela fera grandement l'affaire. Quelques minutes plus tard, Louis déguste un chaud pain au chocolat.
Il s'appuie sur le mur extérieur de la boulangerie et ferme les yeux. Il est bien, là, au milieu de la rue, sans que personne ne le regarde, sans regarder personne. Il tangue, oubliant son équilibre l'espace de quelques secondes de réflexion, ou plutôt, de rêveries éphémères. Il peut s'endormir, s'il le veut vraiment, tant l'ambiance calme du village est réconfortante.
Le dernier morceau de la pâtisserie franchit la barrière de ses lèvres et il laisse échapper un gémissement de confort. Son ventre se tortille et Louis comprend qu'il n'a pas mangé juste par gourmandise. Il se souvient alors ne pas avoir dîné la veille. Il ne peut pas affirmer qu'il a une bonne hygiène de vie.
Il inspire fortement avant d'ouvrir les paupières. Le soleil fait briller le goudron. Face à lui se trouve le commerce de Monsieur Melon, le chapelier. Ses pieds l'y conduisent dans un automatisme presque terrifiant ; Louis est pratiquement absent, perdu dans le flot d'idées qui le traverse chaque seconde.
— Bonjour, cher client ! s'exclame une petite poupée, lorsqu'il pousse les portes du magasin.
Louis ne voit personne près de la caisse, aussi hésite-t-il à rester planté devant l'entrée. Il se remémore cependant le panneau de la vitrine. Le magasin est ouvert, il en est certain. Son regard parcoure les quelques rayons présentant des hauts de forme, des chapeaux melons, des bérets, et même quelques bonnets en laine.
— Oh bonjour, jeune Tomlinson ! le salue Monsieur Melon avec enthousiasme. Je ne te savais pas amateur de chapeaux mon garçon !
Louis répond poliment, avec beaucoup moins de dynamisme. Il est fatigué et n'a pas tellement besoin d'engager une discussion. Il suppose tout de même que c'est la meilleure chose à faire.
— Je ne le suis pas... A vrai dire, c'est une envie passagère. Mais ça représenterait un changement.
— Oh, je vois, les chapeaux font les hommes, et c'est moi qui te le dis !
Louis ne réplique pas. Il ne comprend pas vraiment les paroles de Monsieur Melon.
Un béret bordeaux prend en otage ses yeux, il ne voit plus que lui. Il entend déjà sa mère lui dire "Oh, cette couleur mettrait tes beaux yeux en valeur !" et sa grand-mère ajouter : "Et puis tu ferais craquer toute les filles avec cette mèche sur le côté !". Il rit un peu. C'est peut-être le manque qui se joue de lui.
— Je vais prendre ce béret, s'il vous plaît. A combien est-il ?
Le marchand lui sourit, gêné.
— Le tissu interne est un peu abîmé... Peut-être...
— Ça ira, je me fiche qu'il soit décousu.
Après tout, Louis non plus n'est pas complètement parfait.
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Lorsque les étoiles sont tombées
Fanfiction☆ ☆ Louis, ce n'est pas tout à fait Louis, c'est Louis et ses autres. Harry, c'est un presque Harry, mais il ne veut pas changer.