5- La tornade

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Habillée basiquement, Ester laisse sa tête reposer contre l'appuie-tête de la voiture.

Amar la regarde. Ses cils rouges battent doucement. Sa langue humecte sa bouche, ses doigts fins tapent en rythme régulier en concordance avec la musique. Il inspire un bon coup et son parfum fruité empli ses narines. Arrivé devant le bas de son immeuble, Amar stop le moteur de sa voiture. Il se tourne vers elle et la contemple, plus qu'il ne le faisait déjà.

- Voilà.

- Voilà. Répète-t-elle.

- Je vais y aller.

Aucun malaise n'est palpable. 

Le temps que l'euphorie du moment s'apaise, ils restent silencieux. Elle souffle, se tourne vers lui, lui embrasse la joue - rugueuse par un début de barbe -, lui sourit et le quitte, le laissant dans un habitacle sucré.

Ester, les joues rouges, rentre ses clés dans la serrure de son appartement. Elle sursaute quand elle entrevoie de la lumière sous la porte de sa cuisine. Le visage aigri de son père apparait dans l'encadrement de la porte.

Il lui balance un magasine a la figure, qu'elle rattrape maladroitement en faisant tomber par la même occasion son sac à main.

- Je l'ai eu en avant première. Vu l'heure qu'il est, il a eu le temps de sortir.

Ester et Amar sont rentrés au petit matin après avoir regardé les étoiles ensembles du toit du magasin de vêtements.

Sur la couverture, une photo d'eux sortant du restaurant est affiché. Son visage est caché, mais ses cheveux ne sont pas couverts.

- Une rousse, portant la même robe que celle que je t'avais choisie, un homme à son bras - certes - mais pas LE BON !

Des postillons lointains lui atterrissent sur la joue gauche et elle se recule devant la fureur de son paternel.

- T'avais-je demandé de faire la gourgandine auprès de ce prince ?

- Il a un rang plus élevé que.... essaye-t-elle de justifier

- Il est presque noir !

En plus d'être un profond misogyne, son père est raciste. Ses mœurs datent toutes d'une époque révolue, comme celle de la traite des noirs vers 1600. S'il le pouvait, Ester est sûre qu'il achèterait un Harem et des esclaves venant d'Afrique.

Il pointe un doigt accusateur vers elle.

- Ils pensent que tu es sa nouvelle compagne, or tu es destinée à un autre ! Rentre ça dans ton crâne et, par la même occasion dans le leur par une interview qui dément les propos de ce magasine.

- Mais ils sont vrais !

Il la regarde étrangement.

- Le concept de mentir t'est-il si étrangé ?!

- Comme celui de l'honneur pour toi !

Elle n'a pas le temps de réfléchir aux conséquences de ses paroles qu'elle tombe à terre, la joue en feu. Elle relève son visage, fixant son père, la main levée. Il l'a frappé, une fois de plus.

- T'a salope de mère influe de plus en plus sur toi, même morte. Le syndrome de la pute se transmet de gènes en gènes, que veux-tu.

Sur ces mots peu orthodoxes, il l'enjambe comme un vulgaire objet, marchant sur ses cheveux.

Elle réprime difficilement une grimace de douleur qui pourrait le ravir.

Une fois la porte claquée, Ester se relève en titubant. Son géniteur à toujours le même effet sur elle, qu'elle se rebiffe ou non.

Celui d'une tornade émotionnelle et physique.

Un jour mon prince viendraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant