3- Un pas en avant, un père en arrière

7.7K 463 12
                                    

Ester est une personne enjouée qui aime la vie, la vivre, la croquer à pleines dents.

Elle promène tous les jours des animaux ayant pour refuge la SPA ou tout simplement les chiens de ses voisins.

- Cette petite est pleine de ressources

Chantent les grands-mères qu'elle croise tous les jours sur leur banc habituel.

Mais Ester n'est qu'un masque à elle toute seule. Des désillusions, des déceptions.

Elle répand la joie et le bonheur autour d'elle pour oublier son malheur. C'est le concept de sa vie. Les compétitions de volley remportées sont parrainées par des marques, et les fonds récoltés sont, pour sa part, reversés à des associations en tous genres.

Mais cette fois-ci à été la goutte de trop.

---

- Ester. Viens ma fille.

- Oui ?

Ester est debout dans le bureau de style baroque de son père. Son père, son géniteur.

- J'ai conclu un marché.

Les mains de la jeune fille deviennent moites. Son père se racle la gorge.

- Tu es bien évidemment au courant de mes petits écarts d'il y a bientôt cinq ans, qui nous ont coûtés cher, et je n'arrive pas à remonter la pente comme je le voudrai ma chérie.

Ma chérie.. Il a employé un surnom. C'est mauvais signe. Très mauvais. Ça sent le patté de campagne pourris qui embaume le bled perdu jusqu'à la capitale... 

- Venez-en aux faits père.

Il prend un air concis

- Je n'avais as le choix tu sais. C'est pour m'aider que tu dois faire cela. Tu me le dois bien non ?

Ester garde le silence.

- Je t'ai... promise .. au duc Anglais de Jimeno.

- Pardon ?! Mais, nous sommes au 21eme siècle père ! C'est une blague ?

- C'est pour cela que j'ai convié des paparazzi à votre premier rendez-vous. Votre amour doit paraître sincère. Cette union conviens à tout le monde : l'alliance de nos deux familles qui créerons une progéniture franco-anglaise, la presse qui s'en donnera à cœur joie, et vous deux bien entendu. Surtout vous ! Tu seras une mère comblée, et lui un mari chérie et aimé et...

- Vous avez même été jusqu'à prévoir nos enfants ?! Mais où vit-on ? Je ne voudrai jamais d'un mariage arrangé ! Nous sommes en république démocratique, qui prône la liberté ! Vous devez être le premier à le savoir en tant qu'ex président ! Je n'y croit pas. Vous ne pouviez pas demander à Ariel ?

Il dessert sa cravate

- Et bien, Ariel est déjà épouse du cousin Italien de Jimeno, tu sais celui qu'elle fréquentait dans le journal Hotel de Lujo. Nous avons un peu parlé, et nous sommes sur la même longueur d'onde lui et moi. D'ailleurs, Cole est un parfait gendre. Il saura te charmer !

- Cole ?

- Le duc Jimero, il se nomme Cole. D'ailleurs tu as intérêt à être gentille avec lui, comme Ariel l'a été avec son mari. Elle a été parfaite jusqu'au bout des ongles. Un héritier est en cour.

- Quoi ?! Ariel est enceinte et elle ne m'a même pas appelé ?

- Tu es sur la liste noire du téléphone. Tes propos envers elle sont obscènes et serons nocifs pour l'enfant.

Ester est ébahit, vidée de toute énergie.

- Ton rendez-vous est prévu pour ce soir. Une limousine sera en bas de chez toi pour 20h00. Ne me fait pas honte.

Pour prouver que la conversation est terminée, il se lève et sort de son bureau par une seconde porte dérobée.

Une fois sortie de la villa, un homme travaillant sûrement pour son père lui tend une blouse contenant les affaires qu'elle doit porter pour ce soir.

Un fois chez elle, dans son modeste appartement, mécaniquement, elle applique les nombreux conseils - ordres - à faire pour être présentable pour son rendez-vous.

Des choses, horribles quand on sait que c'est le père même qui ordonne de telles choses.

. Épilation intégrale (matériel fourni)

. Se laver les dents et pulvériser le spray mentholé (fourni)

. Remplir sa pochette de : rouge à lèvre en cas de retouches (fourni), poudre (fournie), préservatifs de plusieurs tailles (fournis), mascara (fourni)...

. Appliquer les patch sur la poitrine pour remplacer le soutient-gorge

.  ...

Tel un robot, Ester exécute un à un les ordres plus malaisants et malsains les uns que les autres.

Arrive le moment fatidique : enfiler la robe. Un robe presque similaire à celle de Rosie Huntington-Whitelet et Rihanna. Jupon presque insignifiant mais noir cette fois, et le "soutient gorge" cachant juste ses tétons, rouge.

Les échasses qui lui servent de chaussures sont de simples escarpins blancs. Ester enfile, pour finir, les bracelets d'argent pour compléter le tout et se regarde dans le miroir avec des yeux écarquillés. Comment peut-on faire une robe plus vulgaire que celle-ci ? Sa chevelure de feu, même lâchée, en cache plus que la robe en elle-même.

Trop soumise pour désobéir à son père mais pas folle non plus, Ester attrape un long manteau noir et le dépose sur ses épaules. Son interphone sonne pile au moment ou elle enfile son second escarpin et elle ferme sa porte en passant sa pochette dans sa main gauche.

Comme prévu, la limousine l'attend. Un majordome lui ouvre la portière puis monde aux cotés du chauffeur. Ester se sent mal à l'aise et oppressée. Ce n'est pas son monde.

Enfin, la voiture s'arrête, le chauffeur cette fois-ci, lui ouvre la portière et lui pointe de la main, la paume vers le ciel, la direction à prendre, soit, monter des marches avec un tapis rouge posé dessus, vers un restaurant qui semble plus cher que son immeuble tout entier. Elle s'avance, s'annonce à l'accueil. La dame lui sourit hypocritement et fait appel à un serveur qui la guide jusqu'à sa table.

Elle ne voit que son dos. Son costume est bleu nuit. Ses cheveux blonds.

Le serveur l'annonce.

Il se retourne.




Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Un jour mon prince viendraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant