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Un minuscule papier...
Que fait-il ici ? Il est tout froissé et semble avoir traversé les ages...
Je le déplie avec prudence, de sorte à ne pas le déchirer car j'ai la nette impression qu'il n'est pas ici par hasard. Je n'ai jamais cru au hasard, mais je ne crois pas non plus en un certain "dieu" qui aurait tout créé, tout organisé pour que le monde soit comme il est ! Qui serait assez stupide et cruel pour créer un monde comme le notre ?
Je déplie donc le papier soigneusement et découvre avec stupeur qu'il est vierge ! À vrai dire, je pensais que quelque chose de mystérieux y aurait été écrit, quelque chose qui allait changer la face du monde, ou plutôt de mon monde. Mais rien. Simplement blanc, froissé, abîmé, le papier déposé dans le creux de ma main n'a aucun intérêt. Soudain, j'entend le bruit des lourdes portes de l'enfer qui se referme, alors je fourre le papier dans ma poche et me précipite dans l'antre du démon.
La journée passe lentement, trop lentement, et bizarrement, je ne fais que de penser au papier. Alors que ma tête se balade tout en haut des nuages, j'entends une voix lointaine m'interpeler :
- LOUIS ! QU'EST CE QUE TU FICHE, BON SANG ?!
Ah, la fameuse voix ne me parait plus très lointaine finalement... Elle est même très proche !
-...
Je n'ose rien répondre. C'est le chef de mon service qui vient de me parler, ou plutôt qui me gronder. Ce gars là, c'est un vrai bourrin. Il frappe dès qu'il le peut, cela lui passe les nerfs, dit mon père. Alors je me tais et me retourne, de façon à le voir arriver vers moi, tel une furie. Il m'attrape par le col, sans difficultés grâce à ses énormes bras, et me crie à la figure :
-JE T'AI POSÉ UNE QUESTION : QU'EST CE QUE TU FICHES ?!!
Son haleine est déplorable ! Un mélange de vieille viande crue et de bière fermenté ! Horrible !
-Je...heu...enfin, je nettoie,chef , je bafouille.
-Ah oui, et qu'est ce que tu nettoie, au juste ? Me demande-t-il sur un ton plus doux, un rictus aux lèvres.
-Eh bien... hum... pas grand chose pour l'instant mais vous, par contre, il faudrait que vous nettoyiez vos dents, car c'est un carnage là dedans ! Répondis-je en rigolant.
Oups... C'est sorti tout seul...
Lorsque je ressors de l'usine, tous les ouvriers sont déjà partis depuis longtemps. Juste après avoir répondu à mon chef d'une manière... insolente, dirait-il, je me suis fait punir de deux heures de travail en plus, sans aucun sous pour ce soir. Je décide donc de ne pas rentrer à la maison ce soir, car mon père doit être au courant de mon incident, tant les rumeurs se propagent si rapidement là-bas !
Il fait froid, de petits nuages blancs s'évadent de ma bouche lorsque j'expire. Je grelotte, errant sans but sans les rues sinueuses des quartiers ouvriers. A l'intérieur de ma poche, ma main tombe soudainement sur le papier, cause de tous mes tourments d'aujourd'hui. Je le ressort, et m'aperçoit que quelques bribes de mots y sont inscrits :
"Leï...1...s...banl...pa..."
Mais qu'est ce que ce charabia veut-il dire ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais celui-ci ne va pas changer la face du monde, du moins pour l'instant...

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