Partie 5

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À leur arrivée au fond du trou, ils se posèrent délicatement sur le sol avec les jambes un peu flageolantes et une très forte envie de vomir.

– Bonjour, je suis Assistant S6, mon employeur m'a demandé de vous guider jusqu'à son bureau, ce que je vais faire de suite. Si vous voulez bien me suivre...

Un homme – ou pas, ils ne savaient absolument pas à quoi cette personne pouvait ressembler sans son masque – se tenait devant eux. Chaussures vernies rouges, pantalon noir, chemise noire, veste rouge et masque couleur sang, il semblait attendre que les deux visiteurs se décident à le suivre.

Les couloirs étaient affreusement sombres et le passage dans l'ascenseur fut un véritable calvaire tant la chaleur augmentait au fur et à mesure qu'il descendait. C'était bien la première fois qu'Aaron entendait parler d'un bureau de chef d'entreprise dans les fins fonds d'un sous-sol.

Quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit, l'Assistant S6 leur fit un signe de la main pour les inciter à sortir. Ils devaient être arrivés au bureau de l'employeur de tous les Assistants de Nefer.

Face à eux, il y avait bel et bien un bureau avec une chaise tournée vers le mur de l'autre côté de celui-ci et deux autres chaises, bien moins imposantes, pour les deux invités.

– Prenez place, fit la voix qu'ils avaient entendu au téléphone quelques minutes auparavant.

Ils s'exécutèrent, n'ayant pas beaucoup d'autres possibilités. Une fois assis, la chaise se tourna vers eux. Son occupant posa ses mains liées sur le bureau d'un bois rouge, un énorme sourire aux lèvres.

Il était en costard-cravate rouge avec une chemise noire semblable à celle que portait Assistant S6. Ses cheveux noirs en bataille cachaient très légèrement ses yeux d'un rouge menaçant, rendus encore plus sombres par les quelques mèches rebelles. Le plus étrange, dans tout ça, c'est que ce patron de la société Nefer semblait ne pas encore avoir atteint la vingtaine.

– Enchanté ! s'exclama-t-il. Aaron Bright, Laure Fanning, je me présente Abdeil Domen, dirigeant de la société Nefer. Il me semble que nous avons plein de choses à nous raconter. Vous voulez peut-être boire quelque chose ?

Les deux adolescents secouèrent la tête de gauche à droite, refusant la proposition.

– Je vois, commenta simplement Abdeil. Je vais vous laisser poser vos questions, ce sera plus rapide.

– Quel est le but de votre société ? commença immédiatement Aaron.

– Le commerce d'âmes, principalement. Nous sommes deux sociétés à nous occuper de cela et c'est une lutte acharnée pour rester en première position, vous vous en doutez. Mais grâce à mon nouveau projet, j'ai une très longue avance.

– C'est le jeu, votre projet ? demanda Laure.

– En effet. Les morts sont mon fond de commerce, comment avoir des âmes, autrement ? Peu de personnes sont prêtes à nous les confier comme vous l'avez fait tous les deux. Mais les morts doivent entrer dans nos critères, sinon, c'est la société ennemie qui récupère le butin ! Toute est une histoire de stratégie, expliqua-t-il en tapotant de la main chaque syllabe du dernier mot de sa phrase.

– Vos critères ?

– Les méchants. Ceux qui sont pas très gentils, insista-t-il en secouant la tête de gauche à droite pour montrer la désapprobation de ces actes.

– L'âme de Peter Smith ? questionna Aaron. Cet homme n'avait rien fait.

– Peter Smith, Peter Smith, Peter Smith, répéta Abdeil en levant les yeux au ciel.

Vis ou MeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant