Mr Anson

VIII Angela

L'homme semble tendu, je m'approche de lui et contourne son fauteuil. Doucement, je pose mes mains sur ses épaules et commence à le masser afin qu'il se décontracte. Il tourne légèrement​ sa tête mais ne regarde pas vers moi, il fixe la porte donnant sur le couloir. Je continue de m'occuper de lui du mieux que je peux. Descendants mes doigts dans son cou, je défaits sa cravate et la pose sur la bureau, en faisant ce geste, je sens tout mon corps frissonner et l'homme le remarque sûrement, puisqu'il laisse échapper un son ressemblant à un léger rire, très doux et grave. Il lève la tête vers moi et sourit en plissant ses yeux bleus, sourire que je lui retourne immédiatement. Alan se saisit doucement de mon poignet, je me fige instantanément, sentant les battements de mon cœur d'accélérer, affolée à l'idée d'avoir fait quelque chose de mal ou de déplacé. Nous restons plantés là sans bouger, mes iris sont plantés dans les siens, je suis incapable de penser à quoi que ce soit. Il défait, sans me quitter du regard, le premier bouton de sa chemise. Mes mains caressent ses épaules et son dos. Le lustre au plafond s'allume soudain.
"Angela..."
Soupire l'homme en se levant et en faisant quelques pas vers la femme blonde qui est encore arrivée dans un moment gênant.
"Il serait temps que l'on mette les choses au clair..."
Ajoute-t-il. Ils se regardent avec des yeux inquisiteurs. La femme le fixe cruellement puis me regarde avec mépris. Je sens la tension monter entre Alan et elle, je me sens de trop mais ne sais pas comment quitter la pièce sans attirer l'attention des deux autres. C'est alors que j'entends une voix m'appeler du couloir. Tout le monde se retourne, je reconnais Nicolas, il a dû réaliser que j'étais dans une situation délicate.
" Quand parviendras-tu à discipliner ton frère !? Il ne devrait pas avoir le droit de stationner aussi près du bureau ! "
Hurle la femme alors que je m'éclipse aussi vite que possible. Je rejoins l'adolescent qui grogne à l'égard d' Angela. Je le remercie de m'avoir aidé, il me sourit avec tendresse puis son regard devient froid.
"Je hais la femme de mon frère, elle est odieuse...ce n'est qu'une croqueuse de diamant, et chacun sait qu'elle couche où elle peut pour obtenir ce qu'elle veut... Je ne comprends pas pourquoi Alan l'a épousée...sans l'aimer de plus...il n'a pas eu le choix, je suppose. "
Je sens mon cœur se serrer en entendant ces mots.
"Vivement que le divorce soit prononcé. "
Il me regarde avec des yeux d'enfant.
"J'aurai préféré qu'elle soit comme vous. "
Je me sens extrêmement flattée, je réfléchis, mais où ai-je bien pu voir Nicolas, lui qui m'est si familier, il est d'une douceur incroyable avec moi, comme si nous étions très proches.