Rapport n°1

586 80 35
                                    

- Dream in a Dream -

Rapport n°1



Le patient était arrivé la tête baissée, mains attachées à son fauteuil roulant. Il est clair que dans cet état, le patient est potentiellement dangereux. Une fois devant moi, il n'avait levé le visage. J'avais dû me pencher pour voir son expression dénuée de sentiments. Une fois que le gardien de l'hôpital psychiatrique s'était éclipsé, j'avais pu commencer notre première séance par un dialogue simple :

« Bonjour Chittaphon. Lui avais-je dit d'une voix simple et monotone comme je l'avais appris. »

Le silence m'avait-il répondu, je ne m'attendais pas mieux de sa part, une réponse m'aurait étonnée. Il est rare d'entendre le patient lors des premières séances. Je savais que celui-ci était particulièrement muet. Mon professeur m'avait confiée à ce patient car j'étais la meilleure dans mon école. Il me disait qu'il était un patient très coriace et que, moi qui avait l'habitude de réussir mes exercices, j'allais me retrouver bien peinée face à lui. C'est pourquoi, tout en feuilletant son dossier, je lui dis d'une voix très peu intéressée :

« Je m'appelle Emiko Hara. Mais tu peux m'appeler Emiko. Pas besoin d'être formel entre nous. Nous sommes amis.

Nous ne sommes pas amis. »

Cette réponse inattendue m'avait fait relever la tête, j'étais vraiment très surprise, je ne m'attendais aucunement à entendre sa voix, pas à la première séance. Mon exercice était donc réussi, il avait parlé. Pour la première fois, il s'était exprimé. Le gardien semblait lui aussi étonné. Ses membres s'étaient raidis de surprise. Il semblait même apeuré. Mon patient n'avait même pas relevé la tête et gardait son expression toujours aussi froide. C'était une réponse qu'il devait dire par-dessus tout, il se fichait de ce qu'elle pourrait nous procurer, il le devait simplement.

« Et pourquoi cela ? »

Après des secondes qui me paraissaient des minutes, des éternités, je finis par me rendre à l'évidence : il ne me reparlera point, il ne voulait clarifier la situation, je n'étais son ami, voilà tout. Je devrais donc me contenter de n'être son amie.

J'étais tout de même plus coriace, qu'il m'explique ou que je le tourmente.

« Bon je serai donc votre psychologue et votre ami. »

J'avais insisté sur les deux derniers mots afin de voir sa réaction. À ma grande déception, il s'était tu. À la place il avait serré le poing, il se contrôlait. S'il avait été détaché, il m'aurait probablement sauté à la gorge. Il avait éclairé une fois les choses, maintenant c'était à moi de comprendre. J'avais préféré ne pas l'énerver plus. J'avais pris son dossier et avais lu sans bruit. Je ne m'étais mise seulement qu'à citer deux trois choses qui seraient bon de lui rappeler :

« Tu vivais donc avec ton beau-père, ta mère, ton frère, ta petite sœur et ta grand-mère maternelle jusqu'à tes sept ans ? »

J'avais pris le ton de la question mais je savais qu'il ne me répondrait.

J'avais réussi ma mission, j'en avais fini avec lui.

« Bien c'est tout pour aujourd'hui. Avais-je déclaré ayant marre du silence. »

Bilan : Je pense que ce patient est très intéressant je pense aussi que son problème familial l'a vraiment traumatisé de plus il ne veut recueillir de l'affection cela m'intrigue beaucoup, j'espère en savoir davantage à la prochaine séance mais bon après tout je ne suis qu'une étudiante avec un exercice accompli, ce serait un miracle si je devais avoir l'envie de le revoir.

Rapport n°10 T.clOù les histoires vivent. Découvrez maintenant