Rapport n°10 : Last

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- Whithout you-

Chittaphon entra, les yeux relevés comme s'il me demandait. J'étais heureuse que ce soit notre dernier rendez-vous, j'allais rentrer au berceau, fière de ma réussite. J'avançai ma chaise pour prendre sa main. Bientôt, j'arrêterai mon jeu d'acteur, je serais libre.

« Bonjour Chittaphon, je sais que c'est notre dernière séance mais je compte bien continuer à te voir et je pense que tu peux quitter ta vulgaire chambre au sous-sol pour en avoir une vraie. Je pense aussi que je peux t'enlever ta sangle au niveau du torse. N'oublie pas que ma confiance en toi sera éternelle. Monsieur Moon, venez lui enlever les sangles.

–Non. »

Ses bras étaient croisés, son expression froide.

« Vous me désobéissez maintenant ?! »

Il s'approcha de moi d'un air mauvais. Son regard se voulait supérieur à ma personne. Je lâchai la main de Chittaphon s'en le vouloir et eus un moment de recule devant le grand blond. Il posa ses mains de chaque côté de la chaise et, reprochant son visage au mien, souffla :

« Vous n'êtes qu'une pauvre adolescente qui n'y connait strictement rien à la psychologie. »

La surprise n'était finie, à ces paroles, Chittaphon s'agita violemment et tenta de se détacher.

« Chittaphon, calmes-toi. »

Je me précipitai vers lui pour le calmer. Une fois fait, il leva les yeux vers le gardien :

« Vous n'avez pas à lui parler ainsi, c'est vous qui n'êtes rien, excepté un monstre. »

Je restai stoïque, troublée, choquée.

Jamais je n'aurai imaginé cela. Jamais je n'aurai pensé de telles paroles. Mais surtout, je ne m'attendais à entendre sa voix.

« Chittaphon, tu... »

Cette fois, c'était moi qui ne pouvait parler, sa voix était si belle.

« Monsieur Jung, enlevez-lui la sangle s'il vous plait, c'est un ordre. Déclarai-je d'une voix calme. »

Le gardien souffla mais obéit tout en lui jetant un horrible regard qui ne me plut mais j'étais si heureuse pour m'énerver. Il le détacha. Chittaphon tenta de se lever. J'eus un mouvement de recul. Il se jeta sur moi, mais simplement pour m'enlacer. Je le laissai faire.

« La séance est finie. »

Mais je n'avais envie de quitter mon chef d'œuvre, je voulais garder ma réussite dans mes orifices.

« Monsieur Jung, s'il vous plait laissez-nous. »

Il ne lui en fallut plus pour sortir.

« Je te promet que je reviendrai. »

Soudain, il se leva et posa ses deux lèvres sur les miennes. Je le repoussai et cachai rapidement mon dégoût.

« Je dois y aller. »

Je me dirigeais vers la porte.

« Je t'ai aimé à partir du moment où tu m'as fait confiance. »

Je m'inclinai et sortis.

Je fis quelques pas, m'essuyant la bouche avant qu'une infirmière m'interpelle.

« Mademoiselle Hara, je voudrais vous parler.

–Je vous écoute.

–Cela fait un moment que je voulais vous en parler mais je n'arrivais à vous voir.

–Que se passe-t-il ?

–A plusieurs reprises, j'ai entendu votre patient faire travailler sa voix. Je crois qu'il essaye de la retrouver.

–Il l'a toujours eu, j'en suis sûre. »

Rapport n°10 T.clOù les histoires vivent. Découvrez maintenant