Chapitre 1 : L'ombre d'une alternative

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« - TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU A FAIS ?!»

La voix était forte mais très peu agressive, même si c'était sans doute sa vaine intention d'origine. Je fixais mon interlocutrice distraitement.

Après tout, la regarder attentivement n'était plus nécessaire, j'avais déjà saisit les codes pour l'entôler.

Néanmoins, je me dis que malgré sa jeunesse elle était fabuleusement immature et naïve, évidemment ce fut pour mon plus grand bonheur. La vie nous offrait des fois d'étrange personnages, Amandine Palasios en était un.

La jeune femme qui se tenait devant moi avait vingt six ans. Son regard naturellement fuyant à l'iris marron lui offrait des yeux disgracieux et globuleux. Elle était brune, ses cheveux huileux descendaient jusqu'à ses épaules. Elle était plutôt grande par rapport à ma taille, et avait des formes grassouillettes.

Amandine se tenait toujours un peu courbé vers l'avant, elle avait une nature physiquement grossière et empâtée. Elle n'était pas belle, et c'était surement l'origine de son manque de confiance en elle.

Néanmoins, sa voix était en toute opposition à son physique bourru, elle était douce et apaisante. Je dus admettre que son timbre délicat avait un certain charme, même s'il traduisait trop facilement les sentiments de sa propriétaire.

On pouvait lire Palasios comme un livre ouvert, avec un peu d'adresse, et voilà ce que j'en avais conclu :

C'était une jeune femme rongée par son mal être, simplette et ayant de sérieux problèmes d'autorité. Elle se réfugiait dans la nourriture en cachette, le chocolat étant sa victime favorite.

C'était la tutrice des internes de mon lycée, et face à une féroce meute d'adolescents, elle se faisait piétiner à chaque mais elle se relevait toujours avec le sourire.

C'était aussi elle qui se chargeait de moi à l'internat que je fréquentais.

En soi, c'était une personne triste, il y'avait quelque chose de pitoyable en elle. Je la trouvais faible et idiote, très peu intéressante en somme. Mais j'aurai pu avoir pitié d'elle, si la tromper ne m'avait pas été plus profitable.

« - Amandine ... Commençais-je. Le principal, c'est que je sois revenue, non ?

-MAIS ASAHI TU NE PEUX PAS PARTIR ET REVENIR COMME CA ! TU CROIS QUE LA FUGUE EST UNE SOLUTION ?

- Je suis partie respirer un peu, nuance .... Maintenant arrête de crier s'il te plait, tu vas réveiller tout le monde. »

J'avais lancé cette phrase le plus posément possible. Quand elle m'avait vu trainer dans le couloir du lycée, alors qu'elle me cherchait follement depuis plusieurs heures, son pauvre corps avait sans doute frôlée l'infarctus.

Voila qu'il était déjà tard, j'étais trempée, mes vêtements collaient à ma peau, et Amandine Palasios tentait des espèces de remontrances dans son bureau. Cette situation m'irritait, je désirai être tranquille le plus tôt possible.

« - MAIS EVIDEMMENT QUE JE CRIE ! JE CROIS QUE TU NE COMPRENDS PAS BIEN LA SITUATION ! »

Tu me fatigues...

Je lui servis et tendis un verre d'eau, sous sa jolie bouche bée. Cette mascarade m'ennuyait profondément. Néanmoins, dans ce genre de situation, il fallait se montrer diplomate, je risquais le renvoi définitif.

« - Ecoute, je comprends que tu sois en colère, tu as d'ailleurs totalement raison de l'être. Mais la situation n'est pas si grave. Tu sais ce n'est pas bien, ton cœur ne supportera jamais si tu t'énerves tout le temps. Tiens prend ça. »

La fille de la PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant