J'ai été égotiste. Je suis si désolée.
Le ronflement du moteur se tut, je pris mon sac et montai dans ma chambre. Toujours dans mes réflexions. Bon sang à quoi je pensais quand je suis partie ? En quoi fuir fut une solution logique ?
Comme si m'éloigner écarterait la douleur...
Le repas allait bientôt être prêt. J'espérai profiter de ce moment pour pouvoir discuter de mon retour au Japon.
L'odeur de la nourriture chaude fit gargouiller mon estomac. Je descendis et m'installai à table. Julien venait de servir. Le silence pesant fit son funeste retour.
Je jetais un coup d'œil vers lui. Il avait vraiment l'air exténué. Cela m'inquiétait.
Soudain, le silence se brisa.
La porte d'entrée claqua violemment, nous faisant tous les deux sursauter. Lucie arrivant de son travail, jeta son sac et son manteau dans le couloir. Puis elle déboula dans la cuisine, affamée. Nous la fixâmes se servir férocement les spaghetti. Avant de se lancer un regard entendu avec Julien.
Apparemment, le début de la mâtinée avait été dur.
Lucie souffla et s'asseya. Son sens d'observation lui indiqua instantanément que quelque chose clochait.
« Qu'est ce qui se passe ? » Lança t elle le plus naturellement possible en se servant un verre d'eau gazeuse.
Des bruits de mastications et de couverts lui répondirent.
Toujours dans l'élégance.
Julien cassa cette étrange symphonie.
« - Asahi veut rentrer au Japon. »
Je me surpris à angoisser dans l'attente d'une réponse alors que je me débattais avec une pâte dissidente. Les couverts occidentaux étaient décidément bizarres à maîtriser. Surtout pour les pâtes.
Étrangement, c'était ce genre de petites choses qui me rappelaient à quel point mon pays était loin. Je devais y retourner. C'était une certitude à présent.
Comme une révélation se réveillant d'un sommeil bien trop profond, bien trop ancien.
Après un long moment, Lucie se retourna vers moi.
« -Nous allons y réfléchir. » Le ton fut ferme et autoritaire. Ainsi se clôtura la discussion. Le sujet dériva ensuite sur l'incroyable baisse d'achat des technologies matérielles pouvant se vendre dématérialisées. Moi, je menais toujours bataille acharnée avec mes spaghetti.
Une fois la vaisselle débarrassée, Je montai dans ma chambre. M'asseyant sur mon lit, contre le mur. Je rapprochai mes jambes contre ma poitrine en laissant échapper un long soupir. Que faire s'ils refusaient ?
J'étais complètement dépendante d'eux, alors que je ne les connaissais que depuis quelques mois. Je restai dans les affres de mes questionnements jusqu'à la tombée de la nuit. Avant de m'assoupir sans m'en rendre compte.
Des cris me réveillèrent. Quelle heure était-il ? Je lançai un rapide coup d'œil sur le réveil, seul objet qui ornait ma table de chevet.
3H24.
Tiens, une dispute ? Je frottais mes yeux puis me levais. Le plus discrètement possible.
Je descendis l'escalier et me dirigeai vers les voix éclatantes. J'entrouvris tout doucement la porte de la cuisine.
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La fille de la Pluie
Mystery / Thriller" Quand l'once d'espoir qui nous maintenait disparaît sous des affres, Quand l'avenir devient sinistrement inévitable, Quand la peur obsède nos âmes, et que le désespoir de la fatalité submerge nos êtres ; Alors on réalise que la mort nous tend un...