Prologue

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Mes pas las résonnaient dans une étroite ruelle sombre.

La nuit commençait doucement à déposer son épais manteau ébène sur la ville.

Depuis combien de temps errais-je ainsi, sans but ni destination fidèle ? En réalité je l'ignorais et ne m'en souciais guère. Mon esprit s'égarait dans diverses pensées, sans vraiment s'abriter pleinement dans l'une d'entre elles. Pourtant, une sensation désagréable fit relever ma tête, qui devait sans doute être abattue.

«- Merde, fait froid » ces mots sifflèrent furieusement d'entre mes lèvres.

Un vent frais et mordant fouetta mon visage, et même les hauts bâtiments de la belle capitale française ne me protégeaient pas du temps capricieux.

Je réalisai soudain que je tremblais, une agaçante constatation qui arrêta mécaniquement mes jambes. Un gout amer pénétra mon esprit, et mon regard se perdit dans le vide.

Je devrais peut être rentrer...

J'hésitai encore un court instant puis fit volte-face, ce n'était sans doute pas le meilleur des endroits, mais au moins, là bas, je ne mourrais pas de froid.

Comme si j'espérais avoir un chez moi...

Presque fatalement, une goutte s'écrasa de tout son maigre poids sur mon épaule. Si les anges existaient, ils devaient avoir un sacré sens de l'humour, me faire ça alors que j'étais seule dans une minuscule rue obscure, et que je me demandais si un jour un foyer chaleureux m'attendrait. C'en était presque ironique. Mon corps arrêta son mouvement machinal de nouveau.

« -La pluie est glacée aujourd'hui. » Lâchais-je sans réellement m'en rendre compte.

Un moment passa, où les fines gouttes d'eau transparentes vinrent se jeter sur le sol grisâtre. Je contemplais leurs chutes désespérément inéluctables en silence.

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« -Regarde Asahi, il pleut !

-Ah oui... Viens on rentre...

-Mais si on rentre il va être encore plus triste !

- Qui ça ?

- Ben le ciel, il pleure quand il pleut non ?»

A ce moment là elle avait écarté les bras et regardé les nuages.

« -Il doit se sentir seul...Il est haut et peut tout voir, mais personne n'a assez de grands bras pour le consoler. Asahi s'il te plait, restons ici ! Il faut que quelqu'un reste avec lui !

Quand elle était comme ça, je ne pouvais rien lui refuser.

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J'étais trempée, et plantée là dans cette maudite ruelle. Mes vêtements se collèrent à ma peau frissonnante. Mes cheveux rouges dégoulinèrent, de l'eau qui avait pendant quelques temps, demeurée au bord de l'empyrée.

Celle-ci, fut légèrement pourpre, conséquence de la teinture de ma crinière. Je restais ainsi, le regard toujours pendu au vide. Une multitude de sentiments explosant dans ma poitrine.

Bordel mais qu'est ce que je fous ?

La fille de la PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant