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Je monte les marches une-à-une, lentement. Mon cœur bat tellement vite.. je me rends sur le toit du lycée, endroit que je fréquente souvent avec Louisa pour parler de tout et de rien, quand nous n'avons pas cours. Mais cette fois, c'est différent. J'y vais pour discuter avec Jake. L'atmosphère semble tellement différente de d'habitude, j'ai l'impression d'être dans un filme tant tout ces événements me semblent irréels.

Je gravi la dernière marche, puis ouvre la porte qui nous mène à mon lieu de rendez-vous. Lorsque celle-ci s'ouvre, une bourrasque de vent me percute de plein fouet. Le ciel est d'un gris profond, le vent est bien présent contrairement à la chaleur automnale, puisque nous devons avoir une température d'un peu moins de 10 degrés. On peut voir le reste de la ville depuis ici. Le lycée est légèrement plus haut que les maisons et bâtiments aux alentours et la vue, lorsque le soleil se montre, est magnifique. Mais aujourd'hui cette vue à plutôt des airs d'apocalypse ou de fin du monde, avec le ciel menaçant grondant qui précède un violent orage.

Mes yeux parcourt le toit, tentant de trouver Jake. Au bout de quelques micro-secondes, j'aperçois sa silhouette : il est de dos, assis sur le bord du toit, les pieds dans le vide, les cheveux au vent. Même de dos, il semble beau, sa carrure est imposante et son charme se perçoivent, même à plusieurs mètres derrière lui.
Ce qui se présente devant ressemble à une de ces photos de post-bads, qu'on peut voir sur Instagram. -Pourtant, c'est bien réel, et c'est toi qu'il attend. Grouille toi !

Je reprends rapidement mes esprits avant que je ne me mette à baver. Je ne devrais pas fantasmer ainsi sur lui, il est un joueur, dans la même merde que moi. Et pour l'instant je n'ai pas le temps de me préoccuper des garçons.

Je m'avance lentement, mes pas résonnent sur le toit et Jake a certainement dû se rendre compte de ma présence, il n'a pourtant pas bougé et continue d'observer le paysage. Je prends place à côté de lui, balance mes pieds dans le vide et regarde le paysage aussi. Ce moment est calme, apaisant. Aucun de nous ne parle, chacun dans ses pensées, c'est un moment de pause et je sens qu'il faut que j'en profite parce que ce ne sera pas la long. -le calme avant la tempête.

Une dizaine de minutes s'écoulent avant que Jake ne prenne la parole.

"Tu es venue.. bien. Alors je vais te dire tout ce que tu dois savoir, parce que tu n'es encore qu'une novice. Je te souhaite de ne pas faire les mêmes erreurs que moi et de t'en sortir. Prête ?"
Jake parle, sans déceler ses émotions. Son visage est impassible, presque même froid, pourtant cela ne me repousse pas. Il ne décroche pas son visage du paysage et ne me regarde même pas.

Suis-je prête ? Prête à entendre l'horrible vérité ? Je n'en sais rien. Sûrement que non, je n'ai jamais été prête pour rien de tout cela, mais je n'ai jamais eu le choix. Et maintenant, le choix se présente à moi mais malgré que ma peur de savoir la vérité sois grande, ma curiosité l'est encore plus.

"-Plus que jamais."
Je réponds, ayant adopté la même impassibilité que le beau jeune homme.

Suite à ces mots, Jake se tourne enfin vers moi. Sa y est, je vais savoir, je vais comprendre ce qui ce trame depuis le jour de la rentrée. Enfin.

"-Je vais te dire tout ce que tu dois savoir pour t'en sortir et survivre à ça. Le jeu, j'y joue depuis 2 ans, et crois moi, je m'y connais maintenant. Il rit doucement bien qu'ironiquement, puis replante son regard glaçant sur moi. Son nom m'est encore inconnu, je ne sais même pas si le jeu à vraiment un nom. Mais ce que je sais c'est que nous, nous sommes les joueurs et que nous ne sommes pas les seuls, mais presque. Il y a quatre joueurs par zone il me semble, sauf que les zones sont délimitées d'après une carte qui m'est inconnue. Mais d'après ce que je sais, une zone rassemble plusieurs pays. Et aussi, les joueurs d'une même zone sont séparés en deux groupe de deux et les groupes ne se connaissent pas entre eux. Tu suis pour l'instant ?" Il me demande, comme si notre conversation était des plus normal, malgré tout son ton reste froid.

Bon. Des zones, et quatre joueurs par zone. Plus précisément, deux groupes de deux joueurs. Pour l'instant je suis.

"-Ouais, je crois." Dis-je simplement.

Jake hoche silencieusement la tête puis reprend des explications avec toujours autant de sérieux.

"-Pour la suite, c'est plus compliqué. Le Feu reste anonyme, tout le temps. Ils nous balancent différents «niveaux», et on dois les jouer. On a 3 vies, ce qui veux dire qu'on a le droit d'échouer 3 fois, et les vies sont automatiquement renouvelées tout les six mois. Les niveaux, ça peut être tout et n'importe quoi, mais je te préviens d'avance, certaines fois c'est hard.
Et dernier truc, on est co-équipiers maintenant, on forme un des deux groupes de deux de notre zone. Bon, t'as pigé ?" Jake se tourne, me regarde toujours droit dans les yeux et toujours sans émotions. Il est indéchiffrable, c'est fou.

Si je récapitule, j'ai 3 vies, donc le droit à trois échecs, tous les six mois. Je suis en groupe avec Jake, pour réaliser les niveaux, que le Feu nous demandera de faire. Ça, j'ai compris.

Simplement il y a un truc qui ne va pas. Un truc qui me déplaît et pas qu'un peu. Il faut que je lui demande.. je reporte mon attention sur Jake, qui me regarde de ses beaux yeux gris, attendant sûrement ma réponse à son «t'as pigé ?», j'acquiesce donc puis lui pose la question qui me brûle les lèvres.

"-Mais avant, c'était qui ton coéquipier ?" Je contrôle ma voix de manière à ce que cette question ne paraisse pas indiscrète, mais si c'est ce qu'elle est.

"-Peu importe. Maintenant, c'est toi ma coéquipière. Et t'as pas besoin de savoir ça pour bien jouer." Un mur invisible semble s'être formé autour de Jake, il a l'air encore plus indéchiffrable qu'auparavant. -Ah ouais, c'est possible ça ?

Je commence peu à peu à regretter de lui avoir posé cette question et je sens qu'une affaire louche se cache derrière ce manque d'explication. Mais je n'ai pas le temps de m'y attarder parce que Jake se lève puis se dirige vers la porte, il l'ouvre et s'avance, puis se stoppe et me regarde.

"-À la prochaine, enfin à demain." Il prononce cette phrase avec son habituel ton banale et froid et s'en va pour de bon.

Je me retrouve seule sur ce toit, entrain de penser à ce flot d'informations qui vient de m'éclater en pleine gueule. Mon cerveau cesse de ne réfléchir à tout ce qui pourrait et va m'arriver cette année. Je suis tellement prise par ma réflexion que je ne peux bouger, je reste immobile, assise comme une statue, le temps semble s'être figé, j'ai l'impression d'être dans un autre monde. En tout cas, ma vie vient de prendre un mauvais tournant et je ne peux plus faire demi-tour, au plus profond de moi-même je le sais, je le sens, cette année me changera à jamais.

Et après deux heures, je me décide à rentrer chez moi.

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Heyyy, j'veux juste vous dire un immense désolé pour ce long retard, j'vous aime tout fort.
Bisous bien baveux et à la prochaine ❤️

L'amour brûle les cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant