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Directement après avoir reposé tout ce bazar dans mon casier, je reçois un message de Monsieur.

De : Le Feu
12h12
Alors l'accueil t'a plus ? Ahah je suis sûr que Oui. ;)
Rends toi au 164 rue Ronda à 13h.

Je me demande une seconde si je devrais y aller mais trouve rapidement la réponse, bien sûre que Oui je devrais y aller, si je n'y vais pas, ce qui m'attendra sera pire...
Je rejoins ma meilleure amie qui m'attend et j'essaie de contrôler mes tremblements pour ne pas qu'elle se doute de quoi que ce soit. Nous allons manger et nous discutons de tout et de rien, laissant simplement le temps passé, comme si tout était normal..

Après avoir fini notre repas, nous sortons de table et je lui dis que je ne me sens pas bien et que je vais rentrer chez moi. Elle me regarde étrangement, les sourcils froncés et l'air pas très convaincu. Bon, il est vrai que je rigolais deux minutes avant, c'est difficile à croire. Pour ne pas avoir à lui donner d'explications, je lui lance un bref «salut» et m'en vais presque en courant. Je sens son regard pesant dans mon dos mais j'avance sans réfléchir, en priant pour ne pas qu'elle m'interpelle. J'arrive devant la porte de sortie et une fois dehors je suis soulagée, je n'aurai pas besoin de lui rementir, je n'aime pas ne pas lui dire la vérité. Ça fais déjà un poids en moins sur mes épaules, mais le plus important reste à venir.

Je longe le grillage de mon lycée et me rends d'un pas rapide à la gare, en même pas 10 minutes j'y arrive. Je regarde le panneau qui affiche les arrêts, un bus qui se rend dans la rue que le Feu m'a indiqué passe dans un petit quart d'heure. Je pars m'assoir sur un banc et attends que ce fameux bus pointe le bout de son nez et il arrive à l'heure prévu. Je monte dedans et pars m'assoir tout au fond.

Plus les rues défilent, plus l'on se rapproche de l'adresse, plus les battements de mon cœur s'accélèrent. C'est moi qui ai décidé d'accepter de jouer à ce jeu alors maintenant je ne vais pas me défiler, mais on ne sais jamais ce qu'il pourrait m'arriver..

Le véhicule s'arrête et je descends, je suis maintenant à quelques mètres du
164 rue Ronda et j'ai l'impression que je vais exploser de l'intérieur tant mon coeur et ma respiration sont rapides. Je jette un coup d'œil à l'écran de mon téléphone :12h58. Pile poil à l'heure et tant mieux, il vaut mieux respecter les règles pour une fois.. J'avance lentement et avec un peu d'hésitation. Mes yeux balaient la rue et s'arrête sur le numéro. Sa y est, j'y suis.

Je reste debout devant quelques secondes, observant le bâtiment. Il est très vieux, délabré je dirais même et il semble complètement abandonné. Un grillage le borde, sur lequel est accroché un panneau «défense d'entrer».  Le bâtiment est vraiment immense, une cinquantaine de mètres de long, six étages. Mais il est très beau dans son genre, des moulures sont reconnaissables sous les fenêtres et autour de la porte, mais son charme est gâché par la saleté de sa façade, les fenêtres et les volets cassés. Attendez, je suis vraiment à la bonne adresse là ? Y'a un problème. Je vérifie l'adresse dans mon téléphone et visiblement il n'y a aucun problème, c'est bien ce.. cette ruine. Il est temps de rentrer à l'intérieur.

Je regarde furtivement à droite puis à gauche, pour vérifier que personne ne me voit passer au dessus du grillage. Je m'approche et passe mes mains et mes pieds dans les larges mailles métalliques puis y grimpe comme si c'était une échelle. Une fois de l'autre côté, je me sens comme enfermée par ces grands grillages. Ma cage thoracique se compresse et j'ai un peu plus de mal à respirer. Je m'approche près de ce qui semble être la porte d'entrée et pousse le carton qui est posé sur «la porte» et qui m'empêche d'entrer. Lorsqu'il tombe au sol, un nuage de poussière s'élève dans le hall. J'y rentre et je suis impressionnée par l'immensité de la pièce. Le plafond est très haut, les murs qui ont sûrement dû avoir, un jour, une tapisserie sont aujourd'hui recouvert de tags. Au sol il y a beaucoup de morceaux de verre cassés, de bouts de plâtres tombés de je-ne-sais-où et d'autres objets que je ne pourrais identifier, tout ça sous une bonne couche de poussière. Ça a un certain côté effrayant quand même..

L'amour brûle les cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant