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Éternuements

Il était 10 h du matin et on attendait dans la salle d'attente.

Drifa n'arrêtait pas de me dire qu'elle sentait mon stress.

Victoria m'avait appelé très tôt (je lui avais donné mes coordonnées via l'hôtel), pour me dire que Seif allait dans tel département à telle heure.

Je vous avais dit qu'elle était quelqu'un avec un grand cœur, le fait qu'elle était allée hors de son secteur et vérifier l'horaire de Seif m'avait beaucoup touché.

Donc, ma sœur avait fait semblant d'avoir mal au genou en espérant tomber sur lui.

Une heure et demie plus tard, on appelle le prénom de ma sœur.

Elle fait semblant de boîter et on entre dans la pièce en attendant le médecin,enfin Seif.

– T'imagines que c'est pas lui qui vient et c'est un vieux ? Dit-Drifa

– Rajoute moi du stress, merci !

Juste quand elle allait répliquer, il est apparu au cadre de porte.

Il était dans son uniforme en lisant un dossier, j'imagine, médical.

Il avait embelli et il était encore plus beau qu'avant.

Il était toujours fidèle à son dégradé et sa masse épaisse de cheveux bruns foncés domptés au gel.

Sa barbe avait pris une allure moins négligée qu'auparavant, elle était bien taillée suivant parfaitement la fin de ses pattes.

Sa peau toujours aussi bronzée.

Lorsqu'il a levé les yeux vers nous, vers moi, j'ai vu ses beaux yeux marrons clairs accentué par de très longs cils fournis noirs et ses sourcils épais, mais comme si à la fois avaient été dessinés méticuleusement.

On pouvait sentir la tension dans la pièce quand nos regards se sont croisés.

C'était un retour dans le passé et mon cœur n'y était pas insensible.

Avant même qu'il puisse y glisser un mot, ma sœur court et donne un câlin à Seif.

Il l'avait reconnu parce qu'il l'a serré fort dans ses bras.

–Alors on avait mal au genou hein ? dit-il d'un ton amusé.

Drifa a commencé à rire.

–Recule-toi pour que je voie comment t'as grandi, continua-t-il.

Drifa se recule.

–Drifa c'est la plus belle ou quoi ?

Aucun son ne sortait de ma bouche, j'étais ébahie.

J'ai ensuite senti son regard son regard sur moi.

–Salam Aleykoum Farah, dit-il avec sa voix grave et sérieuse .

– Salam Aleykoum Seif, dit-je

– Je savais pas que tu... vous étiez revenus en ville...

Il grattait son bras.

Drifa me regardait avec les gros yeux.

–Au fait, on est revenu pour te rendre visite

Il plissait les yeux essayant de comprendre.

–Pour moi ? Pour Seif Boumedienne ?? dit-il avec surprise.

–Je... bon tu sais comment je n'aime pas tourner autour du pot... mais...

Pourquoi avais-je tant de difficulté à m'expliquer ? Ah oui je sais pourquoi ! On était dans une petite pièce qui sentait le désinfectant et ma petite sœur nous regardait les yeux un peu trop curieux.

– Tu sais, je finis à 19 h.. on peut discuter... Dit-Seif.

–Je t'attendrais devant l'hôpital !

Il semblait autant sous le choc que moi.

Vers 19 h, il est sorti de l'hôpital et on a pris une marche en discutant maladroitement comme si nous étions de simples inconnus qui venaient de se rencontrer.

- Et tu es heureuse ? me demanda-t-il

– Al-ḥamdu lillāh et toi ?

–J'ai pas le temps d'être heureux, je suis toujours en train de travailler haha

J'ai fais un léger sourire. C'est fou comment il avait muri.

- Tu es mariée ? dit-il en remarquant ma bague.

–Oui.Ca fait deux ans.

Je le voyais ravaler sa salive.Il faisait ça à l'époque quand il allait s'énerver.

–On va arrêter de faire comme si on était zehma des gens civilisés et polis, si t'es marié tu veux discuter de quoi avec moi ?

–C'est vrai que tu m'as jamais trompé ? J'ai besoin de l'entendre.

– Non je t'ai jamais trompé, je t'ai menti parce que je savais que c'était la seule manière que tu prends tes foutus reins.Dit moi qu'est que ça peut bien changer ?

Mon cœur battait la chamade.

–Ça changerait...

–Et quoi exactement ? me coupa-t-il.

-...

–Qu'est ça ferait de moi ? DIT MOI ? CELUI QUI RETOURNE LE CERVEAU DES FEMMES MARIÉES ?!

Il commençait à s'énerver. Il faisait les cent pas et moi, j'étais sans mots parce qu'il avait plus que raison.

–Farah putain, mais je te reconnais même plus.Où est la femme de conviction qui voulait conquérir le monde?Qui prenait jamais un non comme réponse et qui avait toujours réponse à tout?Elle est où? Tu es une femme de principe même toi tu sais que nous deux c'est... plus comme avant.Ca va faire bientôt 8 ans.

C'est vrai, la vie nous avait séparé et les souvenirs de nous deux étaient dans le fin fond de chacune de nos mémoires, des souvenirs qui devenaient flous plus les années passaient, surtout, des souvenirs qui avaient perdus et qui perdaient leurs importances et leurs valeurs.

Il se met face à moi et me fixe droit dans les yeux.

–Y'a une petite fille qui m'a dit un jour que si quelqu'un est bien pour moi, Dieu va le garder près de moi. Chaque soir j'ai prié pour te revoir et je ne t'ai jamais revu.

J'ai baissé la tête. Il parlait de Dounia.

Il continue sur un ton plus doux.

–Je vais toujours te respecter parce que je suis qui c'est surtout grâce à toi

Je le coupe.

–Je t'interdis de dire ça, tu as fait ça tout seul. Tes accomplissements qu'ils soient grandioses ou pas, c'est toi le seul responsable. Je te l'ai toujours dis et je te le dirais toujours.

Il m'a regardé longuement.

–Farah, juste parce que j'ai passé à autre chose , ça ne veut pas dire que je vais t'oublier ou que je vais arrêter de t'aimer. Tu vas toujours faire partie de moi. Peu importe avec qui je finis, peu importe où je vais, tu feras toujours partie de moi. Maintenant, je te quitte en te laissant dans ce chapitre, je suis prêt à complètement tourner la page, pour un nouveau chapitre.

Il gardait ses yeux dans les miens.

Il siffla à la vue d'un taxi. Il parla au taxieur en lui donnant quelques billets, ouvra la porte passager pour que je m'y installe et il me dit : Tu vas me manquer. Salam Aleykoum Farah.

J'ai souri et j'ai dis:Wa Aleykoum Salam Seif.

Paroles emprisonnéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant