3.

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La petite Farah elle avait un charme.
Je pourrais pas dire que c'est une bombe parce que je l'ai pas assez bien observé, mais elle a attiré mon attention.
Je l'ai recroisé une semaine plus tard et c'est là les gars que j'ai réalisé qu'elle n'était pas comme les autres.
Je l'ai direct abordé.
-Tu fous quoi ici ?
Bon j'avoue j'aurais pu trouvé mieux comme manière d'approche.
-Wow c'est quoi cette manière de parler ? À croire qu'à l'hôpital on se pose et on s'amuse.
Bon faut l'admettre je parlais comme un petit con au début.
J'ai remarqué sur le coup qu'elle avait un petit accent quand elle parlait.
-Tu es une dz ?
-Pourquoi tu cherches à savoir ?
À ce que je vois, elle avait un petit caractère, j'aime bien, j'aime bien.
-Parce que j'ai envie de savoir, c'est tout.
Elle m'a regardé longtemps avec un sourire.
-Je suis Égyptienne et Algérienne
-Beau mélange !
Le truc c'est qu'elle portait encore un espèce de long manteau blanc avec un gros foulard autour de son cou, je pouvais pas bien l'analyser.
-T'as froid ?
-Pourquoi tu dis ça ?
Elle voyait que je regardais son manteau.
-La climatisation ici c'est à fond, à force j'attrape toujours un rhume,continua-elle.
-Tu viens souvent ici ? Tu travailles ici ?
Farah:et toi tu fais quoi ici ?
Oh je vois, elle aime bien contourner les questions. Pas de soucis, Seif aime bien les défis.
-Je suis bénévole ici
-Masha'Allah
J'ai une liste de défauts, mais menteur n'en fait pas parti. J'en ai fait des conneries, mais j'ai toujours assumé.
- Je vais pas te mentir, je suis là parce que j'ai merdé, c'est ma punition
-Ah je vois et comment on trouve la punition ?
-C'est pas trop l'hôpital qui me dérange c'est le après, je suis coincé chez moi... Toi c'est quoi ton histoire ?
-Je rend visite à quelqu'un ici c'est tout

Je voyais qu'elle était pas à l'aise, je n'ai pas insisté.

-Tu es ici souvent ?

-Je suis là 3-4 fois par semaine

Je lui aurais demandé son numéro, mais j'avais plus de phone et en plus, à la regarder, je sais qu'elle m'aurait recaler direct.
J'ai décidé de la jouer relax et d'être un peu patient avec elle, la faire tranquillement venir à moi parce que je n'arrivais pas à la cerner.
Hasoul (Bref), le seul ami que je m'étais fais à l'hôpital c'était le caissier de la cafétéria. Un roux qui s'appelait Arneau.
C'était pas trop le genre de gars avec je trainais d'habitude, mais c'était un bon.
Il me cassait pas les couilles et ça me suffisait.
Après avec le temps, je me suis habitué à l'hôpital, pas le choix de toute façon...
Chaque fois que je voyais Farah, je lui proposais de sortir ou de se poser  quelque part et elle me sortait toujours des vieilles excuses. Toujours une différente de la veille.
Mais j'étais persistent parce qu'elle m'intéressait...
Hasoul, un soir je sortais de l'hôpital et par hasard Farah y en entrait. Elle était avec une petite fille.
Je lui souris et je m'approche d'elle.
-Ca va ?
Elle avait l'air grave fatiguée.
-Ouais tranquille et toi ?
-Comme d'hab, c'est qui la petite ?
- Ah oui! Désolée, je te présente ma sœur Drifa
Elle avait l'air d'avoir 10 ans-11 maximum.
Elle me sourit.
-Tu vas faire quoi maintenant ? T'es occupée ?
-Je dois attendre pour quelqu'un...
-Pas besoin de mentir, si t'es pas intéressée que je reste avec toi pas besoin d'inventer un truc chaque fois
Drifa-On attend mon père, je dois voir le docteur.
Je me sentis con tout d'un coup.
-Ah, je vous laisse alors
-Attends Seif... tu es bénévole pour les enfants c'est ça ?
-Ouais
-Ma sœur est vraiment en retard sur le programme scolaire, j'ai étudié la plupart de ma vie en Égypte alors... en plus, je suis pas patiente du tout avec elle, si tu pouvais l'aider je sais pas...
C'est là que j'ai compris qu'elle essayait de se rattraper et moi je suis pas trop quelqu'un de rancunier alors pas de soucis avec moi.
-Ouais pas de soucis
Plus je la regardais, plus je me disais que Farah était vraiment belle. Elle avait des longs cheveux bruns et des belles lèvres.
Je suis pas bon pour décrire, mais  en gros c'est une belle femme.
J'ai aidé  Drifa du mieux que j'ai pu.
Je sais pas pourquoi, mais les gosses j'ai trop de facilité avec eux.
Sa sœur elle était hlou et l'aider en math et en sciences m'a plus fait plus plaisir qu'autre chose.
Drifa finissait ses exercices quand je voyais Farah me fixer.
Elle allait dire un truc quand son phone a sonné. Elle m'a dit qu'elle allait revenir et elle est partie avec sa sœur.
5 minutes plus tard, elle est revenue.
-Tu veux faire quoi plus tard ?
-Pourquoi tu demandes ?
-On n'a jamais parlé de ça, des études et de ce que tu veux faire
-...
-Tu es vraiment très brillant,tu veux pas aller dans le domaine de la santé ?
-Je sais pas... on parle d'autre chose steu plait ?
Farah c'était la voix de la raison. Celle qui me disait d'arrêter mes conneries, qui me disait la vérité sans retouches. Elle ne passait pas par mille chemins pour me dire ce qu'elle pensait.
Elle avait un fort caractère et elle voulait toujours  avoir le dernier mot, mais Wallah  que je l'aimais bien comme ça.
-Mais t'es trop bon en math c'est du gâchis
-Arrête de dire n'importe quoi, c'était simple c'est tout
-T'es sur pas envie d'être prof de math ou bien faire quelque chose en science ?
-Nan.
-Seif, tu es très intelligent et en plus je suis convaincue t'es le genre à avoir des bonnes notes sans étudier.
-Oublie c'est mort
-Pourquoi ??
-C'est pas mon mektoub,
-Et comment tu sais ?
-C'est pas fait pour moi, je le sais c'est tout, c'est pas mon avenir ok. Koulchi bel Mektoub non ?
-Oui bon koulchi bel Mektoub je suis d'accord avec toi, mais là on parle de ton futur professionnel. Tu as le pouvoir de faire ce que tu veux si tu y mets l'effort.
-Arrête de me les casser Farah
-" Le destin c'est l'excuse de ceux qui ne veulent pas être responsable de leur vie". Si tu veux quelque chose, tu travailles pour.
C'est pas que mes parents ne me l'avaient jamais dit, au contraire, je crois qu'on m'a saoulé toute ma vie avec ça, mais je leur faisais toujours croire que je ne voulais pas aller plus loin.
Alors que la vérité c'est que j'aurais voulu faire quelque chose d'aussi bien qu'Aymen et Leïla, mais j'étais trop paresseux, je voulais qu'on me donne ce que je veux sans avoir rien faire.
Mais sur le coup, quand elle m'a dit ça, elle me traitait de lâche et moi et mon orgueil.... oublie frère.
Alors je lui ai dit d'aller se faire foutre et je suis parti.
Pourquoi faire ça ? Encore une fois, je sais pas...
J'avais trop honte de lui dire que j'avais pris une année sabbatique à ne rien faire parce que j'étais trop coincé dans mes choix.
Elle avait sûrement raison, j'étais un lâche, mais ça, je ne pourrais jamais lui avouer.

Paroles emprisonnéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant