Le bouquet d'os

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As-tu, mon amour, déjà vu ces os?
Ces os dans ton corps, ton beau corps si blanc,
Ces os blancs, blancs comme la neige qui est blanche comme les os,
Ces os qui se déplacent pour que tu puisses te coucher sur le lit près de mes os aussi blancs,
Ces os si fragiles mais moins que ton cœur,
Ces os si beaux qui nous rapprochent
Car malgré notre amour d'horreur
Nous n'avons rien en commun dans les poches.

As-tu, ma reine, déjà pensé à ces os?
Ces os blancs et anodin,
Ces os de craie, ces craies d'os,
Ces os dans leur chair comme écrin,
Ces os qui s'écrasent
Sous le poids de notre amour
Ces os qui s'embrasent
De tous les baisers autours.

Ces os seront tout ce qu'il restera,
Après le triste jugement,
Seuls tes os seront sur le drap,
Ce drap de notre amour dans le vent.
Te rappelles-tu, mon âme,
Ce beau jour d'été froid,
Oú nous nous embrassâmes
Pour la première fois?
Ce jour-là a marqué à jamais mes os,
Comme les baisers de la vermine
Qui viendra croquer nos os,
Juste après nos mines.

Ton corps nu sous ce drap,
Tes os saillants,
Mes baisers avides de ton aura
Et tes seins vivants.
Les roses faneront
Et nos corps, comme elles, mourront.
Lorsque ces pantins, ma vie,
Iront moisir dans la puanteur des tombes,
Et que seuls nos os jaunis
Resteront pour notre amour d'outre-tombe,
Les tiens continueront à vibrer pour les miens,
Et les miens pour les tiens.
En attendant, reine de mes nuits,
Pour te montrer mon amour inouï,
Je t'offre ce joli bouquet d'os.

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