Chapitre 2 Camilla

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-Gentil croissant de lune, là-haut dans le ciel... Tu chantes si joliment après le coucher du soleil...

Des larmes coulèrent sur les joues de Camilla lorsque son père, le roi Asteran, chanta cette chanson à la place du morne et banal "Joyeux Anniversaire". Cette mélodie n'était pas n'importe quelle berceuse que l'on murmurait le soir aux jeunes petits lunaires pour qu'ils s'endorment. Cette berceuse, c'était celle de Camilla. Elle n'avait été créée que pour Camilla et n'était destinée qu'à Camilla. Et cette dernière pleurait à son écoute pour une bonne raison ; elle ne l'avait plus entendu depuis une dizaine de printemps. Depuis la mort de celle qui la lui chantait.

-Elle voulait te la chanter pour tes dix-sept ans, dit Asteran.

Camilla sauta dans ses bras.

-C'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire, chuchota-t-elle en resserrant son étreinte.

-Tu en auras plein d'autres, tu sais.

-Mais pas comme celui-là. Les autres sont un moyens pour les marchants de s'enrichir. Celui-là est un moyen pour mère de revenir parmi nous.

Asteran devait trouver à sa fille une véritable âme de poète. Cependant, il ne pouvait omettre qu'elle avait tord. Soudain, on frappa à la porte de la chambre et le thaumaturge en chef Ophidio apparut de toute sa hauteur. Son physique long et sec lui donnait l'aspect d'une araignée mais n'empêchait pas une certaine beauté dans ses traits durs. Camilla s'était toujours demandée s'il utilisait son magnétisme pour avoir cette apparence ou non. Si la réponse était oui, alors choisir ce physique était vraiment étrange. Si la réponse était non, alors ne pas utiliser son magnétisme l'était aussi.

-Plaît-il ? s'enquit Asteran, visiblement aussi agacé par cette intrusion que sa fille.

-Vos Majestés... dit le thaumaturge Ophidio d'une voix mielleuse en se courbant plus bas que terre. Je m'excuse profondément pour le dérangement, mais la chose est arrivée...

-La chose ? répéta Camilla, surprise mais aussi en colère pour le dérangement. Quelle chose ?

Ni Asteran, ni le thaumaturge Ophidio ne lui répondirent. Elle n'eut pas le temps de manifester son mécontentement que les deux hommes avaient pris congés. Seule à présent, elle se coucha sur son lit et resta silencieusement à contempler le plafond, peint de sorte à ressembler au ciel nocturne. Camilla préférait de loin la peinture aux écrans de décoration. Elle avait ce petit côté imparfait qui la rendait unique et qui manquait terriblement aux Lunaires. Un jour, Camilla s'y était mise et avait été ravie de constater qu'elle savait aussi bien peindre qu'un Terrien pratiquait le magnétisme. Ravie, non pas de sa nullité, mais de savoir qu'elle était comme la peinture ; imparfaite.

Sauf permission, Camilla ne pouvait sortir de ses appartements, et encore moins du palais. Certes, elle disposait d'un jardin gigantesque, d'une armée de servantes et de gardes, d'un professeur thaumaturge, de milliers de vêtements, de tout ce dont n'importe qui rêvait, mais elle n'était pas satisfaite de ça. Oh, on pouvait la prendre pour une ingrate pourri gâtée, ce qu'elle était surement. Elle ne voulait pourtant qu'une seule chose, dont même le plus misérable vagabond de la ville disposait. Elle voulait la liberté. Elle voulait aller où bon lui semblait quand bon lui semblait. Mais sa mère avait eu le même souhait, dix ans plus tôt, et les choses avait pris une tournure sinistre. Et depuis, Asteran avait peur. Et la peur n'entraine pas souvent de bonnes choses.


Camilla ( Fan fiction des Chroniques lunaires)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant