Je marche sous l'épaisse pluie laissant mes jambes porter mon corps exténué et mon esprit abattu à travers la ville. Sans même insuffler le moindre ordre à mes membres ceux-ci me guident jusqu'à la forêt dans laquelle je m'enfonce sans résistance laissant les gouttes surgir des formes feuillues et s'écraser lourdement sur mon visage pour venir accompagner mes larmes silencieuses dans leur sinistre balais. Je serpente à travers les majestueux arbres caressant les écorces brunâtres arrachant par la même occasion ma frêle peau dans l'objectif inconscient de laisser une sanglante destination à suivre au sadique qui venait de me retirer une des rares entités auxquelles je tenais. J'arrive sans vraiment le savoir devant une cabane de bois délabrée dans laquelle je m'aventure faisant grincer les lattes encore présentes du plancher en chêne. Je tombe lourdement sur le rebord d'une des fenêtres aux vitres brisées, ramène mes genoux contre mon torse et m'assoupie bercée par le vent frais en provenance de l'extérieur.
Je ramène mes jambes en tailleur sous la table en verre et tente désespérément de faire descendre la robe noire sur ma culotte blanche. La femme au regard sévère qui se tient devant moi me jette un sermons visuel avant de tourner deux yeux bleus survolés par un nuage de panique vers l'homme qui se tient bien droit à ses côtés. Cet effrayant personnage pointe sur ma jeune personne une paire de billes rubis et je frémi avant de retirer prestement mes jambes de la chaise en cuir. Je reste ainsi quelques minutes mes jambes se balançant à proximité du sol, trempant ma cuillère dans le bol au contenu rouge et visqueux qui repose devant moi un air de profond dégoût peint sur le visage. Je sens le regard de l'homme se poser sur moi et je baisse les yeux en signe de soumission avant de discerner son grave timbre de voie s'élever dans les airs. "Tu ne mange pas ?" me questionne-t-il gravement. J'ouvre la bouche puis la referme. "Répond moi jeune fille." m'ordonne-t-il sèchement. Je garde mes lèvres celées tandis que je perçois les lèvres de la femme se délier. De sa voie douce et empreinte de peur elle s'adresse à ma personne, "Mitsuki... Pourquoi tu ne mange rien ? Tu as si bon appétit d'habitude...". Je pose mes pupilles bleutées sur la femme d'une vingtaine d'années au cheveux noirs et laisse échapper quelques mots en pointant mon repas du doigt, "Pardon Maman... Mais je ne veux pas de... ce truc.". Un violent coup de point sur la table me fais frémir, "Comment oses tu ?!" me hurle l'homme avec un regard remplis d'une colère mêlée de mépris. "Papa"... "Ne m'appel pas comme ça !" me coupe-t-il avant de poursuivre d'une haine volontaire "Je n'ai jamais voulu d'une enfant comme toi. Pourquoi a t-il fallu que tu vive ?". "Veuillez m'excuser... Monsieur. Mais je ne mangerais pas." Je lève deux yeux emplis de larmes vers lui en lui vociférant "Je ne suis pas un monstre !" avant de partir en courant sous les regards ébahis des invités.
J'ouvre lentement mes deux organes visuels et pose ma tête sur le mur. Ces brides de souvenirs n'ont désormais plus le mérite de me surprendre cependant, il est toujours déroutant d'apprendre que ceux que tu as, depuis ton enfance, appelé "papa" et "maman" n'ont pas le droit de porter de telles appellations et que, qui plus est, cela fait treize ans qu'ils te mentent. Ma mère... Je clos mes paupière et visualise la jeune femme aperçu dans mes songes. Elle semblait être grande avec une taille fine et élancée, des cheveux d'un noir de jais et de grands yeux aux iris bleues ciel. Et mon père... Lui aussi semblait très grand. Il possédait un corps bien musclé et imposant, des cheveux ébènes coupés ras et de petits yeux rouges et luisants. Je repense à ses paroles dénuées de sentiments et une larme curieuse pointe le bout de son nez au coin de mon point lacrymal. Pourquoi me déteste t-il autant ? La pensée que ma famille puisse me haïr me trouble mais je me reprend rapidement. Ce n'est pas ma famille... Ce n'est pas ma maison... Désormais, moi, j'habite ici, avec ma mère... Et cela restera ainsi jusqu'à ce que je choisisse que ça change ! Je me lève d'un bond et empreinte le chemin de ma demeure sous l'éclatante lumière lunaire.
VOUS LISEZ
Destinée
ParanormalMitsuki n'a jamais supporté le soleil et vie recluse chez elle en compagnie de sa mère. A son seizième anniversaire elle découvre la raison de tous les étranges événements qui se déroulent à son contact. Elle se découvre vampire. Seulement cette dé...