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  Mon portefeuille. Mon putain de portefeuille ! Je n'ai eu à rejouer la scène qu'une seule fois pour comprendre où il était passé. Il n'est pas tombé tout seul et aucun pickpocket ne m'a soulagé les poches. C'est elle. Quand elle m'a embrassé.

  Je ne me fait aucun soucis pour ma propre sécurité, le portefeuille ne contenant que cinquante euros, ni carte d'identité, ni une quelconque information personnelle...
J'avoue ne pas comprendre les personnes notant ne serais-ce que leur adresse dans leurs affaires personnelles. C'est stupide, une adresse est la chose la plus facile qui soit à retenir.
J'en viens rapidement à la seule conclusion possible et que j'ai du mal à concevoir...
Les individus notant avec précision leur adresse dans leurs portefeuille ont foi en l'humanité. Ils font cette action dans l'idée qu'une personne trouvant un portefeuille garnis le rapporte immédiatement au propriétaire...
Je ne me fait pas d'illusions sur ce sujet, ça n'arrive presque jamais.

  J'allume mon ordinateur. J'ai longtemps réfléchi avant de me procurer cet objet, le meilleur moyen de rester invisible étant de ne pas en avoir, mais, il faut vivre son temps. Et, par exemple, maintenant, ça m'est très utile.
Je commence par ajouter sur Facebook, tous les visages que j'ai enregistré à la soirée de Julie. Me rendant compte qu'elle n'est elle même pas inscrite sur ce réseau social, et, après une petite vérification, sur aucun autre non plus d'ailleurs.
Je décide d'engager la conversation avec un homme présent là bas. La discussion se réveille infructueuse... L'homme arrivait même à paraître bourru entre écrans interposés. Il finit finalement par lâcher le nom d'un ami de Julie, sans doutes pour que je le laisse retourner à ses activités de sédentaire. John Kent.

  Nom extrêmement original pour personne encore plus originale si on en juge par sa photo de profil on ne peut plus sobre.
Je dois attendre plus longtemps pour qu'il accepte ma demande de contact. Il est tout de même bien plus facile d'obtenir des "amis" sur ce monde virtuel. Peut être trop facile d'ailleurs, certains ont parfois du mal à se reconnecter à la réalité.
En patientant, je marche dans mon appartement, essayant de définir les différentes possibilités qui s'offrent à moi pour la retrouver.

  Quand je retourne pour la énième fois dans mon salon, une nouvelle fenêtre s'est ouverte sur mon écran, m'indiquant que mon invitation a été acceptée. Je m'installe sur ma chaise et ouvre l'onglet de discussion. Je commence de façon normale, le salue et lui explique qui je suis. Je tais les détails de ma relation avec Julie pour partir sur un "je suis un de ses amis" autrement plus sobre et efficace. Après quelques minutes de conversation, je lui demande ou je pourrait trouver Julie et il m'envoie un lien.

Je bifurque sur un serveur privé masquant mon adresse IP avant de cliquer sur le lien. Cela me mène sur un site de vente en ligne spécialisé dans les portefeuilles. Je commence à me dire que Julie et ce John pourrait se connaître un peu plus que ce que j'avais envisagé.
J'ouvre de nouveau l'onglet de discussion, où m'attend déjà un message : "As tu trouvé ce que tu cherchais ?". J'ignore la question et demande directement si il y a un moyen pour moi de retrouver mon portefeuille.
Je pense que je n'en ais pas réellement l'utilité, mais par principe, je voudrais le récupérer. La réponse ne tarde pas à venir : "Cela dépend". Je m'empresse de demander : "De quoi cela dépend t-il ?". Je commence à supposer que je vais finir par rencontrer cette personne. "De toi.". Réponse de sa part plus qu'évidente quand on y réfléchit. Je ne réponds pas, cela ne servirait à rien. J'attends quelques secondes.
Je fini par aller me coucher. Enfin, façon de parler, le sommeil n'est pas la même chose pour moi que pour vous. Mon cerveau ne passe pas en mode repos, dans ces situations, il est torturé, et... Ce n'est pas le moment d'expliquer cela, il y a un temps pour tout. Pendant que je faisais mon monologue, j'ai tenté de calculer les probabilités de réponse de la part de ce John. Une des possibilités est tombée à quatre vingt dix pour cent de chance dans mon esprit. Le signal sonore dans la pièce non loin de ma chambre m'indique qu'un message instantané a été reçu. Je suis près à parier que c'est une proposition de rendez vous avec John Kent... Et il me semble que ce sera ce mercredi au cinéma...

Éternelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant