Somnambule » JAMES ✓

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Madrid, Espagne
19:06
James Rodríguez

-Tu sais ce que tu veux manger ? demanda James à Salomé en démarrant la voiture.

Comme il le lui avait proposé il y a quelques jours, James profitait de son samedi soir de libre pour emmener Salomé au restaurant. Elle l'avait bien mérité, étant donné que durant les deux derniers jours, elle avait agit normalement, sans essayer d'attirer l'attention de qui que ce soit. Ce dîner au restaurant était donc en quelque sorte une récompense pour la petite, et même si son père ne le lui avait pas dit clairement, il ne doutait pas du fait qu'elle avait très bien compris. Comme elle le lui avait assez bien prouvé ces derniers mois, Salomé était une petite fille très intelligente qui comprenait plus qu'elle n'était sensée.

-Des frites, répondit la petite avec un sourire, et James ne put s'empêcher de sourire à son tour. Les gens lui disaient souvent qu'ils avaient tous les deux le même sourire, et il aimait croire que c'était vrai. Il avait tendance à ne pas vraiment voir la ressemblance entre lui et sa fille, trouvant qu'elle ressemblait plus à Daniela, mais nombreux étaient ceux qui lui assuraient le contraire.

-Des frites, mmh, original, ironisa James.

-Et toi, papa ? Tu ne veux pas de frites ?

-Je crois que je vais manger du riz, il déclara, et Salomé hocha de nouveau la tête.

-D'accord, du riz.

C'est donc en passant en revue toutes les possibilités de James pour le dîner de ce soir que le trajet se passa. La conversation prit fin quand ils se garèrent et sortir de la voiture. James avait peur que la petite soit triste d'aller manger quelque part avec son père-ils n'étaient jamais sortis au restaurant sans Daniela-, mais c'est avec un grand sourire aux lèvres qu'elle était entrée, et elle l'avait toujours une fois installée à leur table, attendant leurs plats. Elle qui, depuis le divorce, ne parlait pas beaucoup, s'était lancée dans le récit d'une anecdote à propos de l'école, et James l'écouta avec attention, fier de voir que son état s'arrangeait vraiment. Peut-être que bientôt, toute cette histoire serait de l'histoire ancienne, et dans quelques années, ils en riraient.

C'est donc dans cette ambiance plus que joyeuse que se déroula le dîner. Salomé mangea la moitié de son assiette de frites, ce qui était peu, mais qui était déjà beaucoup pour elle. Tout se passait donc parfaitement bien jusqu'à ce que, une fois les assiettes reparties en cuisine, Salomé s'exclame :

-Oh, papa, il y a Addison, la maîtresse des moyens avec Carl, le maître des grands ! Je peux aller leur dire bonjour ?

James fronça les sourcils avant de tourner la tête vers l'endroit que sa fille pointait du doigt, pour apercevoir ladite Addison à une table à quelques mètres d'eux, en grande discussion avec le soi-disant « maître des grands » qu'il n'avait absolument jamais vu. Le visage de James se décomposa, et sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il fut soudainement empli d'un sentiment de déception.

-Papa ? Je peux y aller ? demanda Salomé, debout devant lui, attendant son feu vert.

-Bien sûr, il assura, et il regarda sa fille traverser la pièce jusqu'à se retrouver devant la jeune femme, qui sourit en voyant Salomé et la prit dans ses bras, tout comme l'homme face à elle. Ils discutèrent un peu tous les trois, puis Salomé revint s'asseoir sur sa chaise. Pas un regard d'Addison pour lui.

-C'est bon ? demanda James à la petite, qui hocha vivement la tête.

-Oui ! Elle est trop sympa, la maîtresse des moyens, je l'adore.

Moi aussi, pensa James, je crois que je l'apprécie un peu plus que je le devrais.

Il ne la connaissait même pas, pourquoi il était aussi jaloux de la voir avec un autre mec que lui ? Elle avait le droit de vivre sa vie et de sortir avec qui elle voulait. Spécialement son collègue. Ils devaient avoir des choses en commun, et du coup, des sujets de conversation. Et puis, c'était son choix, il n'avait pas à juger.

Est-ce que c'est de ça qu'elle avait voulu parler quand elle avait dit qu'elle ne l'aurait pas embrassé « si elle savait que ça aurait des incidences sur sa vraie vie » ? Est-ce qu'elle fréquentait déjà ce mec lorsqu'elle l'avait embrassé ?

-Et le maître ? il demanda à Salomé. Il n'est pas sympa ?

-Si, il est gentil. Mais je ne le connais pas trop, parce que on n'est pas souvent avec les grands.

Rien qui ne lui donnait une bonne raison de le détester, donc.

Il soupira avant de regarder sa fille.

-Tu veux un dessert ?

Après tout, il n'allait pas laisser cette histoire lui gâcher son samedi soir.