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Alors, les semaines ont continué, on faisait nos bails chacun de notre côté, mais des fois ensemble.

J'ai accumulé des tas de gardes à vue à cause de bagarres et autres,mon nom évoquait des soupçons au poste de police.

Tout a tourné en vrille ce fameux lundi noir.

Adam voulait faire un gros coup. Il disait un dernier pour nous garantir l'avenir. On devait cambrioler une bijouterie avec 2 autres gars.

J'ai rejoint Adam chez lui et Ali nous a regardés avec des yeux qui en disaient long.

-Wiss tu fais attention à mon frère, protège-le.

-Promis.

On est parti et arrivés devant la bijouterie, on a mis nos cagoules.

Un des autres gars s'occupe d'ouvrir la porte sécurisée, je voyais Adam complètement stressé.

On rentre dans la bijouterie avec nervosité pour réaliser que c'était une embuscade.

D'autres gars avaient déjà tout volé et dès qu'on y a posé notre pied, ils ont déclenché l'alarme.

On allait les défoncer quand un des mecs de l'autre gang sort un fusil et le pointe vers nous.

- Baisse ton arme et bat toi comme un homme

Il ne baissait pas son arme.

-PD va!

Et une fraction de seconde, Adam s'est fait tirer dessus en pleine poitrine.

J'ai direct foncé vers Adam et tout le monde bougeait.

J'ai enlevé ma veste et mon chandail pour l'utiliser afin de diminuer le flot de sang.

- T'inquiètes frère, on va te sauver, reste avec moi ya Rabi

Il me regardait dans les yeux.

- Continuer de me regarder, RESTE AVEC MOI ADAM

- Déguerpi d'ici avant que les fils de putes arrivent

-Je te laisse pas, t'es malade frère!

- Avec toutes tes gardes à vues, tu vas prendre cher

Il avait une voix de plus en plus faible et mon cœur ne voulait pas y croire.

C'était mon meilleur ami, mon frère, le seul qui comptait dans ma vie appart ma yemma et Sabrina.

-On va t'amener à l'hôpital, je dois juste te prendre

Il avait les larmes aux yeux.

-Wiss t'as pas d'auto et l'hôpital est à 40 minutes d'ici, on aura jamais le temps je vais cramer avant

-ESKOUT (tait-toi) TU VAS PAS MOURIR.

Je gardais la pression sur sa poitrine avec mon chandail.

- T'as oublié notre pacte de sang?

-...

-Je dois faire n'importe quoi pour t'aider l'autre, peu importe

Il avait de la misère à parler.

- Arrête de parler tu t'affaiblis pour rien , c'est mort

-Tu as une chance à la vie, prend là

-JE PEUX PAS TE LAISSER PUTAIN

- Rends moi fière, marie-toi avec une Algérienne

Même comme ça, il trouvait le moyen de rigoler.

- Va-t'en!

-Non!

On entendait les sirènes des voitures de police.

-Fou le camp frère! Fais-le pour moi et ta mère.

Je me suis levé, je me suis avancée, je l'ai regardé une dernière fois.

Il avait levé son index et il a dit : Achadou an lâ illâha illa-llâh, wa-achadou anna Mouḥammadan rassoûlou-llâh, (J'atteste qu'il n'y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muḥammad est l'envoyé de Dieu)

Je croyais qu'on devait commencer la course ensemble et la finir en même temps....

Perdre définitivement quelqu'un d'important c'est perdre une partie de soi qu'on ne peut jamais retrouver.

Je me souviens parfaitement du chemin de retour vers chez moi.

C'était comme c'est moi qui avais reçu cette balle.

J'ai marché et pris le métro. Je regardais ses gens qui vivaient leurs vies qui peut être vivaient quelque chose aussi pire que moi, mais à ce moment rien ne semblait pire que ce que je ressentais.

La culpabilité me rongeait, la tristesse me tuait de l'intérieur...

J'ai trouvé le courage d'aller chez Ali.

Il ouvre la porte complètement inquiet.

-Wissem, il est où Adam

-... Allah y rahmo... il est mort frère

Voilà c'était dit et je ne voulais pas y croire.

-Allahu akbar!

Sa mère a tiré la porte. C'est comme si elle l'avait senti.Comme si elle avait senti la mort de son plus jeune fils.

Tata Zarah a commencé à nous demander qu'est qui se passait ni moi, ni Ali pouvait sortir un mot.

Elle l'a demandé et commençait à s'impatienter.

Elle a commencé à angoisser alors il lui a dit.

Elle s'est effondrée, les larmes coulant sur ses yeux.

Sophiane et son père se sont précipités pour savoir ce qui se passait.

Son père n'a pas réagi avec de la tristesse, c'était plus de la colère, de la déception, de la rage...

Ce qui m'a fait le plus de peine, c'est Noor qui avait pu seulement connaître Adam 2 ans.

Ali s'est tourné vers moi.

-Dégage de chez moi, je t'avais dit de protéger mon petit frère!

-... Je suis désolé Ali, je... je voulais pas que

Ali : C'est ta faute s'il est mort

D'habitude ce qu'Ali me disait me renterait d'une oreille et sortait de l'autre, mais cette fois-ci, ça m'a anéanti.

Je suis sorti et je suis allé me réfugier sur le toit de chez moi.

Je ne pouvais pas fermer les yeux, les images me revenaient à l'esprit.

Je me souviens avoir pleuré à 4 h du matin et j'avais une envie de crier comme un fou parce que la douleur était devenue physique.

C'était mon frère.Mon frère de sang.

La rage de vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant