Pandore

Partie 1: Découverte Chapitre 1

PARTIE 1 : Découverte

CHAPITRE 1

Le Temps s'arrêta soudain. Elyn comprit qu'elle s'était retrouvée dans une rue totalement inconnue et déserte. Aucun bruit, aucun mouvement. Tout était mort. Elle entendait seulement le souffle de sa respiration douce et régulière. Seulement, cet instant ne dura que peu. En une fraction de seconde, l'allée se remplit de silhouettes apparaissant comme par magie les unes après les autres, se multipliant ainsi autour de la jeune femme. Leur visage demeurait invisible comme inexistant. Elyn ressentit étrangement une colère. Une rage qu'elle ne pouvait contenir. Alors, elle voulut rejoindre le côté de la route, mais elle resta totalement figée sur place. Elle ne pouvait plus bouger. Elyn se rendit compte que les silhouettes se rapprochaient toutes, progressivement d'elle.

Complètement immobilisée, elle ne pouvait rien faire. Si elle ne se décalait pas très vite de là, elle allait se faire piétiner. Petit à petit, de légers petits murmures dans sa tête se firent entendre. Des murmures au début incompréhensibles, qui devinrent très rapidement des voix plaignantes. Des sanglots, des cris, des hurlements. Tous finissaient dans son cerveau et Elyn ne pouvait rien faire à part écouter. Il était évident que toutes ces personnes souffraient. Ces voix s'intensifièrent et se multiplièrent tant, qu'Elyn ne pouvait les supporter plus longtemps. C'en était trop pour elle. La jeune fille avait l'impression que sa tête allait exploser. Machinalement, elle colla ses mains sur son crâne et se laissa tomber à genoux. La douleur était si forte qu'elle en devenait un supplice. Elle ne remarqua même pas qu'elle avait étrangement réussi à bouger.

Elyn se recroquevilla sur elle sans se rendre compte que ses ongles étaient en train de transpercer son crâne tellement qu'elle forçait. Des gouttes de sang commencèrent à couler le long de son cuir chevelu blond. La douleur s'intensifia encore plus, faisant hurler Elyn. Elle réussit, au prix d'un grand effort, à décoller ses mains, mais la jeune fille les aperçut poissées de ce liquide rougeâtre. Elle comprit que ce sang venait de son crâne, de son corps. Elle espéra profondément que toutes les voix, tous les hurlements, toutes les plaintes sortent en même temps que son sang, mais rien n'y fit. Elle remarqua, à ses genoux, une flaque d'eau encore absente quelques secondes plus tôt. La jeune femme s'y pencha et découvrit un reflet abominable. Elle s'observa, la peau pâle, ses cheveux poissés de sang et ses yeux, rouges. Le choc s'intensifia lorsqu'elle comprit qu'elle pleurait des larmes de sang. Des larmes de sang qui suivaient toutes le même chemin pour entraient dans sa bouche. Que lui arrivait-il ? Elyn cria avec la vague impression de cracher ses poumons et de se déformer le visage. Chose qu'elle n'aurait pas dû faire en sentant par la suite une atroce douleur dans son cou. Comme si quelque chose s'écoulait dans sa gorge et la laminait de coups de couteau.

Elyn ressentit ce besoin urgent de prendre un peu d'eau. Mais lorsqu'elle trempa ses mains dedans elle déduit très vite que ce n'était plus de l'eau, mais bien du sang qu'elle ne put s'empêcher de boire à son grand regret. Ce goût amer qui passa dans sa bouche, elle le détestait. Elle avait l'impression qu'une force dirigeait son corps à sa place et c'était une sensation affreuse à subir. Elyn se redressa sans mal, comme si rien ne s'était passé. Elle ne comprit pas et jeta un coup d'œil à la flaque d'eau qui avait alors disparu. La jeune fille releva alors la tête, le regard interrogateur et inquiet. Elle n'était plus dans la rue.

"Merde ce n'est toujours pas fini?"

Non ce n'était toujours pas fini. Elle était dans un endroit qui lui était encore une fois, totalement inconnu. Un monde tout blanc et sans fin. Un monde qui n'avait pas de sol sur lequel marcher ni de plafond afin d'être protégée. La jeune fille scruta les environ, mais aucune trace de mur. Tout avait la même couleur. Aucun reflet, aucune ombre. L'infini dans sa meilleure définition. L'angoisse lui monta, et elle hurla. Quelque chose lui faisait peur. Quelque chose qu'elle n'arrivait pas à trouver. Une panique atroce était en train de s'emparait d'elle. Une phobie qu'elle n'avait encore jamais connue ni ressentie. Sans attendre, tout son corps fut pris de tremblement. Quelque chose l'empêchait de respirer. Elle dut se laisser tomber à terre et se mit sur le dos pour essayer d'inspirer du mieux possible mais elle savait. Elle était en train de mourir. La jeune femme se donna des coups de poings dans le ventre pour s'obliger à respirer et...

Elyn se réveilla, pleine de sueur, et se redressa sur son coussin lorsqu'elle comprit qu'elle avait encore fait l'un de ses affreux cauchemars. Elle empoigna sa tête entre ses mains et souffla un bon coup pour essayer de se calmer, mais rien n'y faisait. Elle était étrangement apeurée. Elyn leva les yeux vers la seule fenêtre de sa chambre pour y cherchait un peu de familiarité. Il faisait encore nuit noire dehors. Elle avait pris pour habitude de dormir les volets grands ouverts afin d'être réveillée, le matin, par la lumière du jour. Elle adorait cela. L'été même, elle passait la nuit la fenêtre ouverte pour entendre les chants matinaux des oiseaux.

Elyn dégagea sa couverture et s'assit en tailleur au bord de son lit. Elle n'arrivait toujours pas à s'en remettre et cela l'angoissait plus que tout. Des cauchemars, elle en faisait souvent ces derniers temps, mais jusqu'à maintenant, tous se terminaient dès son réveil. Chose qui n'est pas vraisemblable à ce moment précis. La jeune femme décida alors d'aller rejoindre sa mère dans sa chambre. Ynora Aldarën vivait seule avec sa fille dans ce petit village perdu en pleine montagne. Elyn lui avait toujours demandé la raison pour laquelle elle s'était terrée en pleine montagne, mais ses réponses étaient toujours restées évasives comme sur la famille. Elyn ne connaissait pas son père et encore moins ses grands-parents. Elle posait beaucoup de questions quand elle était petite, mais à présent à quoi bon ? Elle était heureuse avec sa mère et toutes deux menaient une petite vie tranquille dans ce village.

Elyn ouvrit doucement la porte en remarquant que ses doigts tremblaient. Ses yeux se posèrent instinctivement sur sa mère qui dormait sur le côté comme à son habitude. Elle avait des cheveux bruns coupés à la hauteur des épaules et très lisses tout le contraire d'Elyn qui possédait une cascade blonde. La jeune femme s'est d'ailleurs demandé si elle tirait des cheveux de son père.

— Maman ?

Aucune réponse.

— Maman !

Cette fois-ci, un grognement se fit entendre de la part d'Ynora.

— Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ? demanda-t-elle d'une voix encore mi- endormie.

— Je... J'ai fait un cauchemar, affirma Elyn en s'asseyant aux côtés de sa mère.

Sur ces mots, Ynora se redressa brusquement, les sourcils froncés. Elyn jouait avec ses doigts pour essayer de cacher son angoisse tout en observant sa mère.

— Raconte-moi, dit-elle en allumant sa lampe de nuit.

Elyn exposa tout. Tout dans les moindres détails. Elle fut aussi surprise que sa mère en comprenant qu'elle se souvenait exactement de chaque futilité. Au plus elle avançait dans son récit, au plus sa mère la regardait avec des yeux ébahis et lorsqu'Elyn eut fini, la seule réaction de sa mère fut de l'entraîner avec elle jusque dans la salle de bain.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Elyn soudainement surprise.

Sa mère ne répondit pas et éclaira la pièce. Toutes deux ne possédaient qu'une petite salle de bain sans baignoire, au grand regret d'Elyn. Ynora alluma même la lampe du lavabo.

— Qu'est-ce que tu as maman ? réclama Elyn, si stupéfaite qu'elle ne pouvait que se contenter de la regarder.

Sa mère se montrait apeurée, voir, énervée et ne répondait toujours pas. Elle ramena sa fille contre elle et dégagea son cou.

— Je vérifie un truc Elyn, expliqua-t-elle simplement.

La jeune fille laissa faire sa mère qui paraissait scruter le moindre grain de sa peau.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Il va falloir que tu partes ma chérie, décréta Ynora à contrecœur.

Son cœur s'arrêta de battre une seconde.

A suivre...