Pandore

Partie 1: Chapitre 3

Chapitre 3

Il faisait nuit noire et la fraîcheur du soir obligea Elyn à refermer sa veste en jean autour d'elle. La jeune femme avait décidé de rentrer par le parc. Son trajet serait rallongé, mais elle avait besoin d'y aller, une dernière fois. C'était un parc qu'elle considérait comme le sien. D'habitude, le soleil tapait sur la pelouse d'un vert rayonnant. La petite marre à son centre était remplie de canards auxquels Elyn adorait jeter du pain lorsqu'elle était encore enfant. D'ailleurs, elle le faisait encore quelques fois aujourd'hui. Mais, à présent, la marre était comme morte, la pelouse humide, et les oiseaux ne chantent plus. Il y régnait une atmosphère pesante et macabre. Elle décida de se poser quelques minutes sur un banc. Ce banc, elle le connaissait très bien. Elle s'y posait tout le temps avec ses amis. Elle repensa à des souvenirs qui lui paraissaient soudainement lointains. Tout allait lui manquer dans ce village. La jeune femme se surprit même à espérer ne pas quitter son lycée. Un lieu qui auparavant la répugnait au plus haut point.

Des larmes dévalèrent le long de ses joues sans qu'elle puisse les retenir. Elle leva les yeux vers un ciel plein d'étoiles pour y chercher un peu de réconfort et de zénitude. Aussi, finit-elle par se coucher sur le dos et s'assoupir, fatiguée de pleurer.

Comme Elyn avait le sommeil léger, elle entendit un faible bruit de feuillage qui lui suffit pour ouvrir les yeux. Son cœur se mit à battre la chamade et elle se redressa dans un grand élan de peur. Aucun bruit alarmant à présent. Le calme revint. Elyn sourit bêtement en pensant qu'elle s'était complètement affolée pour rien. Elle souffla un bon coup pour se détendre, mais un deuxième bourdonnement dans les buissons résonna un peu plus loin. La jeune femme se retourna brusquement et aperçut une silhouette fuyante qui traversa le parc d'un bout à l'autre en une fraction de seconde. Cette fois-ci, Elyn se leva, terrorisée. Elle bloqua instinctivement sa respiration pour ne pas faire de bruit, mais elle se retrouva très vite en manque d'oxygène.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle d'une voix tremblotante.

Aucune réponse. La jeune femme savait pertinemment qu'elle avait aperçu une silhouette au loin, elle n'avait pas rêvé. Elle n'osait plus bouger de peur de faire du bruit et d'attirer l'attention. Un troisième gémissement la fit sursauter.

Elyn se retrouva à scruter les moindres gestes autour d'elle, analysant tout son périmètre de champ de vision. Elle ne percevait seulement que les bruits angoissants de la nuit. Au même moment, la jeune femme sentit un souffle glacé sur sa nuque et elle fit volteface en hurlant de peur, se giflant le cou. Son sang se glaça dans ses veines, elle était pétrifiée. L'angoisse la prit, elle tourna sur elle-même pour surveiller les alentours. La nuit l'empêchait de voir dans les détails, ce qui l'effrayait encore plus.

La jeune femme eut un temps de répit avant de ressentir une étrange sensation. Comme si quelque chose traversait son corps. La nausée la prit et elle posa la main sur son ventre qui s'était curieusement mis à gargouiller. Quelque chose venait de la traverser. À partir de ce moment, tout se passa très vite. Elle n'eut pas le temps de réagir lorsqu'elle comprit qu'une présence lui faisait avaler un liquide dans la bouche. Elle voulut s'enfuir, crier, mais quelque chose la retenait. Elle était complètement immobilisée et ne pouvait rien contre cela.

« Je suis en train de devenir folle ! » pensa-t-elle.

Lutter contre des présences qu'elle ne percevait pas sortait de l'invraisemblable. Aussi se vit-elle obligée d'avaler l'étrange liquide qui débordait de sa bouche. Si elle ne l'avalait pas, elle s'étoufferait avec. Une étrange sensation descendit le long de sa gorge. Un goût fort et amer qu'Elyn eut du mal à supporter.

Enfin la bouche dégagée, elle essaya de crier à l'aide, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Juste un petit filet de voix qui se cassait lorsqu'elle haussait le ton. Elle essaya encore et encore en vain jusqu'à épuisement. Elyn ne voyait pas dans les détails et n'arrivait qu'à distinguer des silhouettes devant elle. Des ombres à partir desquelles, elle pouvait voir à travers. Des formes humaines sans matière. La prisonnière resta pétrifiée, elle voulait croire à des hallucinations dues à sa peur, mais ces formes étaient bien, là, devant elle. Elle en était plus que sur.

Elle mit du temps à se rendre compte qu'une ombres'approchait dangereusement d'elle tandis qu'une seconde la tenait fermement.Elle avait beau se débattre, cette chose était plus forte qu'elle.

La sueur commençait à dégouliner le long de son visage. Son corps tremblait tout seul. Elyn essayait encore et encore de crier, mais, toujours dans le vide. Des ombres qui attaquent n'existent pas, c'est impossible. Elle devait certainement être en plein cauchemar. Un cauchemar qui paraissait dangereusement réel. Elyn aperçut en tournant furtivement la tête, quelque chose qui brillait dans la pénombre. Quelque chose de long et fin était tenu par ce qui devait être une troisième ombre. Au fur et à mesure qu'elle s'avançait, Elyn reconnut une seringue. Une seringue énorme comme elle n'avait jamais vu. L'ombre en fit sortir quelques gouttes qui, lorsqu'elles tombèrent au sol, se désintégrèrent aussitôt à son contact. En voyant cela, Elyn eut un brusque mouvement de recul. Ils allaient certainement lui injectait ce liquide, et elle ne voulait pas. Qu'allait-il lui arriver après cela ? Mourir ou souffrir ?

La jeune fille ne cessait de se débattre et sentit qu'on lui arrachait la manche de sa veste sous son regard désapprobateur.

Complètement impuissante, Elyn ne pouvait qu'attendre que l'aiguille lui transperce la peau. Elle ferma les yeux et serra les dents. Elle espérait au plus profond d'elle que quelque chose l'en empêche, mais le contact de l'aiguille fine et froide sur sa peau lui provoqua une douleur lancinante qui lui traversa tout le corps. De la chaleur se dispersa le long de ses veines et tout son corps devint brûlant.

Des larmes coulèrent le long de ses joues. C'est la seule manière qui lui restait pour s'exprimer. Une petite oppression se fit ressentir, au début non dérangeante, mais qui devint très vite insupportable. Une ombre s'approcha de son visage et vint dégageait quelques mèches blondes de ses doigts transparents et sans forme. Il dégageait une odeur de mort impossible à supporter. Jamais elle n'avait senti une telle puanteur auparavant. Elyn se croyait au bord de l'hystérie. Cette oppression qui se serrait de plus en plus autour d'elle devint une douleur atroce et Elyn angoissait à l'idée de tourner de l'œil. Au fond, elle espérait tomber dans les pommes. Peut-être qu'elle se réveillerait par la suite dans les bras de sa mère dans son lit ? Son cauchemar serait terminé et tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Elyn sentait sa tête la quitter tellement la douleur était forte, elle était prête à abandonner, à se laisser mourir lorsque se sentit brusquement poussée. La pauvre fit un vol plané et pensait tomber durement au sol, mais bien au contraire, elle atterrit dans de ce qu'elle appelait de la matière. Des bras forts avec de la chaleur humaine la tenaient. Elle sentit même un cœur palpitant contre son torse. Malgré la douleur qui ne faisait qu'empirait, Elyn ressentit du réconfort et de l'apaisement. Elle s'obligea à lever les yeux pour apercevoir cet être qui, elle l'espérait, venait de la sauver. Elle perçut un visage dissimulé sous une capuche dans la pénombre. Même si elle ne voyait pas exactement, elle le considérait comme un sauveur. Son sauveur. Mais tout s'embrouillait dans sa tête, ses idées n'étaient pas claires et sa vue se brouillait de plus en plus. Elle n'était peut-être plus avec ces ombres, mais elle souffrait toujours autant et n'attendait qu'une chose, c'était qu'il fasse quelque chose pour la soulager.

— Les humains ne savent jamais se défendre seuls, quel dommage, entendit Elyn.

A suivre...