Toujours prévoir l'imprévisible...

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Sofia.

Quelle horrible journée ! Interminable ! Forcément, quand on se prépare psychologiquement à travailler et que l'on se retrouve à marcher dans les rues du centre ville sans but précis, le temps passe beaucoup moins vite ! J'entre et ressors d'un nombre infini de boutiques sans rien acheter, n'ayant pas la tête aux vêtements que je regarde. Après des heures d'errance, je finis tout de même par jeter mon dévolu sur une magnifique robe et l'essaie lorsque la première information de mon mentor me parvient par texto :

[ Rendez-vous demain matin à huit heures. Prison Allan B. Polunsky. West Livingston. ]

Rien de plus ? Saperlipopette, on ne m'a pas bizutée, il s'agit de la réalité !

La moutarde me monte au nez, ma colère entraînant une sudation excessive, compromettant ainsi mon extraction de la tenue ultra-moulante que j'ai limite dû enfiler avec un chausse-pied. Pressée d'en connaître davantage sur l'affaire à défendre, je me débarrasse de mon espèce de camisole de force avant de foncer chez moi pour surfer sur la toile. Heureusement qu'internet existe ! Depuis mon installation, il incarne mon meilleur allié ! Fébrile, je tape le nom du lieu communiqué dans la barre de recherche et, à l'instant où les résultats s'affichent, un frisson me parcourt des pieds à la tête. Mince... J'ai comme l'impression que ce gars n'a pas fait que voler des bonbons dans une épicerie. Il s'agit d'un établissement pénitencier de haute sécurité abritant une population éclectique. Toutefois, ce qui en ressort ne laisse aucune place au doute : les prisonniers ne sont pas des enfants de coeur... Perplexe, l'esprit totalement embrumé, je file sous la douche en vue de m'apaiser. Sentir l'eau chaude décontracter mes muscles hyper tendus me fait énormément de bien et m'éloigne quelques temps de l'angoisse qui ne m'a pas quittée depuis mon réveil.

Très vite, sonne le moment de la journée que je préfère : vingt-deux heures. Maintenant assise face à l'écran de mon ordinateur, un verre de vin blanc posé à mes côtés, fidèle à mes habitudes depuis mon arrivée au Texas, j'attends patiemment que ma meilleure amie, Louise, se connecte. En espérant qu'elle ait pu se dégager du temps, car en France, il n'est que quinze heures. Je hais ce décalage horaire ! Diplômée en psychiatrie, elle a obtenu une place au sein d'un hôpital à Bordeaux et aujourd'hui, elle-aussi effectue sa rentrée.

Mon Dieu, faites que son immersion dans le milieu professionnel se soit mieux déroulée que la mienne... Enfin, la concernant, il serait légitime qu'elle me dise avoir eu affaire à des psychopathes...

— Salut, toi !

Ah, voilà ma boule de réconfort !

— Désolée pour le retard mais le chef de service a retardé ma pause !

— Coucou ! Pas grave, t'inquiète. Alors ?

— Intense ! J'ai eu droit à la visite des moindres recoins de l'établissement, à la présentation de tous le personnel avant de pouvoir commencer ! Par contre, l'ambiance a l'air d'être super ! Et toi ?

— Plutôt mitigée, avoué-je.

— Ah oui ? Dans quel sens ?

— Ben, je ne le sais pas exactement. J'ai débarqué en plein rush, du coup, ils ne m'ont prêté aucune attention.

— Oh, je suis désolée, Sof. Sois patiente ! Tu vas voir, d'ici à quelques jours, tu auras oublié cet accueil et ils t'adoreront ! Quel sera ton rôle ?

Celui du larbin du requin aux dents longues...

Je ne peux pas lui annoncer cette honteuse vérité, elle s'inquièterait bien trop pour moi. Si mes parents ont pris sur eux pour me cacher la peine que leur causait ce déménagement, Louise, elle, n'a pas utilisé de gants ! J'entends déjà son :

I believe in you...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant