Chapitre 4

739 32 6
                                    

Haute comme trois pommes, leur petite tête blonde était installée confortablement sur les genoux de Martin dans le canapé du salon avec son livre de conte ouvert dans ses petites mains, il la trouvait toute jolie dans son pyjama rose recouvert de plein de petits motifs d'Hello Kitty.

- et après bien des frayeurs, le roi et la reine se réjouirent de retrouver leur princesse adorée qu'ils avaient perdue.

La voix de son compagnon était douce à l'oreille et il les observait tous les deux d'un regard tendre, un sourire conquis accroché aux lèvres.

- c'est redevenu une vraie famille alors, papa ?

- oui ma puce, c'est tout à fait ça.

Incapable de leur résister plus longtemps, il s'approcha d'eux et prit appui avec ses deux bras sur l'accoudoir du canapé. Il s'agenouilla au sol puis caressa la joue de son compagnon qui lui souriait tendrement.

- je sais ce que ressent ce roi. Sa famille, c'est toute sa vie.

Il déposa d'abord un rapide baiser sur la bouche de son amant puis ensuite un gros bisou sur la joue de leur fille, le bip de son téléphone retentit tout à coup sur sa table de chevet, elle le fit grommeler, il se retourna dans son lit pour la stopper puis referma les yeux tout aussi vite, il avait créé un cadre idyllique, ce véritable cocon pour eux et même s'il avait peur de ce que cela pouvait signifier, il s'y sentait en sécurité, c'était son refuge, et ce matin-là, il voulut prolonger l'instant, s'y accrocher encore un tout petit peu, juste une minute de plus, il en avait besoin.

- quoi, vous deux avec une gosse ? T'es sûr ?

D'accord, ce n'était pas très poli de manger la bouche pleine mais Vincent raffolait tellement de ses tortellinis alla panna qu'il ne pouvait pas se résoudre à arrêter de se goinfrer, heureusement pour lui, Yann qui lui faisait face à table ne semblait pas lui en tenir rigueur une seule seconde, il était bien trop focalisé sur ses problèmes de couple avec Martin.

- t'es gentil Vincent mais je me rappelle encore ce que j'ai rêvé, merci.

Assis à une table non loin de là, Martin s'amusait à piquer inlassablement sa fourchette dans ses tortellinis sans pour autant les porter à sa bouche, il n'avait pas très faim, c'était devenu une habitude depuis son râteau avec un certain animateur poivre et sel.

- au fait, c'est oui ou non pour ton dej' avec Marie ? Tu m'as pas dit.

La voix d'Hugo le sortit de sa rêverie, installé en face de lui, son ami le fixait avec impatience alors que le jeune reporter n'avait rien suivi de leur conversation depuis ces quinze dernières secondes.

- de quoi ?

- pour ton déjeuner avec Marie demain midi, c'est ok ?

- je sais pas, j'ai pas encore décidé.

- ben fais-vite, que j'ai le temps de tout organiser au moins.

- ouais, je te tiens au courant.

Encore une autre tortellini piquée avec soin avec sa fourchette, Hugo en avait assez de voir son ami dans un tel état de déprime, il fallait qu'il se bouge, qu'il reprenne du poil de la bête et vite.

- Martin ?

- quoi ?

- mange au lieu de te morfondre.

- je ne me morfonds pas.

- arrête, j'ai bien vu les regards en coin que tu lui lances à la volée, je suis désolé de te dire ça mec mais votre histoire s'est terminée avant même d'avoir commencée, il faut que tu passes à autre chose, en allant déjeuner avec Marie par exemple.

Martin se mit à soupirer, Marie, Marie, Marie, son ami n'avait que ce prénom à la bouche depuis la veille, ça en devenait franchement pénible.

- tu promets d'arrêter de me saouler avec elle si je dis oui ?

- promis.

- parfait, t'as qu'à lui dire que c'est ok pour demain.

Le sourire aux lèvres, Hugo s'empara immédiatement de son téléphone posé sur la table en face de lui afin d'envoyer un SMS à cette fameuse Marie en question, il était persuadé que Martin serait heureux avec elle, ils avaient tellement de choses en commun tous les deux, c'était la femme parfaite pour lui, il n'avait absolument aucun doute là-dessus.

- et ben, t'es pas dans la merde mon pauvre Yannou.

Vincent avait terminé toute son assiette de tortellinis et il finissait maintenant celle de Yann qui n'avait que très peu d'appétit aujourd'hui.

- même après tout ce temps passé aux côtés de mon chéri qui m'excite encore par tous les pores de la peau je tiens à le préciser, jamais je n'ai vu aussi loin niveau engagement même dans mes rêves les plus fous avec lui mais bon, faut dire que ça fait longtemps que vous vous connaissez avec Martin, vous partez sur des bases solides, c'est normal que tu t'imagines tout de suite dans une relation hyper sérieuse avec lui.

- arrête un peu avec tes analyses à deux balles, ça ne veut strictement rien dire à part que je suis prêt à me fixer à nouveau avec quelqu'un mais pas forcément Martin hein.

- peut-être bien mais c'était quand même lui dans ton rêve, pas un autre, et ça, ça veut forcément dire quelque chose, c'est pas du tout innocent si tu veux mon avis, c'est sûrement ton ça ou ton moi ou encore ton surmoi qui t'envoient un message, ne m'en demande pas plus, j'ai toujours confondu les trois.

L'humoriste le sondait maintenant du regard comme s'il cherchait à tout prix à lui faire avouer quelque chose et Yann s'empressa de trouver une excuse, comme toujours.

- je lui ai envoyé un texto juste avant de m'endormir, ça doit être pour ça, son nom était encore frais dans mon esprit.

- c'était pas un sexto plutôt ?

Son patron secoua la tête d'un air amusé, décidément, le Mâconnais était incorrigible.

- t'es con. C'était pour le taf.

- je suis peut-être con mais pas aveugle, par contre toi... non mais c'est quand même fou ça, tu es tellement dans le déni que c'en est fascinant. Je trouve que Martin a eu beaucoup plus de courage que toi, t'imagines ce que ça dû être pour lui de réaliser qu'il avait envie de faire des choses pas très catholiques à son patron ? Il a dû être totalement désarçonné le pauvre, lui qui ne s'était jamais senti attiré par un garçon avant et pourtant, il y est allé le petit, il a fait le premier pas alors entre nous, je trouve que le moindre truc que tu puisses faire c'est de lui dire la vérité sur ce que tu ressens vraiment au fond de toi, tu crois pas ?

Yann ne prononça plus un mot, se contentant de fixer son ami dans le blanc des yeux, il détestait quand ce dernier avait raison, oh que oui, il détestait ça.

Pause dej'Where stories live. Discover now