Mémorable

Chapitre VI

Le paysage défilait au fur et à mesure que la voiture avançait. Anna était dans ses pensées, elles se reposait incessamment les mêmes questions. Elle ne comprenait vraiment rien. Sa conscience lui soufflait d'arrêter de se torturer et d'essayer de profiter du beau paysage qui se présentait à elle. Elle se mit soudain à observer son chauffeur en l'occurrence Francky. Celui-ci ayant senti son regard sur lui décida de rompre le silence, il n'aimait pas voir " sa Diagne préférée " ainsi énervée car cette dernière était plus qu'une amie pour lui malgré leur différence d'âge, il la considérait comme sa propre soeur malgré le fait qu'il la trouvait un peu trop insolente et il déplorait sa langue bien pendue pour une petite fille. Cependant il n'eut le temps de sortir un mot que Anna le coupait :
<< Tu penses que mes parents veulent se débarrasser de moi ? C'est plausible, je les entends parfois se disputer à cause de moi.
Francky avait éclaté de rire à ses mots tant l'hypothèse de la petite adolescente lui semblait farfelue
- Anna, tes parents ne te feraient jamais cela, tu regardes beaucoup trop de films. Comment peux-tu penser cela ? Les parents se disputent parfois à cause des enfants mais c'est tout à fait normal, ils ne peuvent pas toujours être d'accord sur la façon de faire de l'autre puis tu sais combien ton père est compliqué avec tout le respect que je lui dois. Je te rassure que presque tout enfant a déjà été l'objet de dispute entre parents sans qu'il ne le veuille. Et je pense que tu es assez intelligente pour savoir que tes parents t'aiment énormément et que le fait de t'abandonner ne leur a jamais ne serait-ce qu'effleuré l'esprit. Maintenant profite de ce paysage qui s'offre à toi. Et arrête de renfrogner ton visage avant d'arriver à destination, cela ne te va pas du tout et tu ne voudrais pas que les villageois s'enfuient en courant en te voyant et qu'ils pensent que les filles de Dakar sont aussi moches .
Elle éclata de rire à sa dernière remarque. Les mots de son vieil ami qu'elle considérait comme le frère qu'elle n'a jamais eu avaient agi comme un médicament, sa colère et sa tristesse se dissipaient peu à peu. Il arrivait toujours à la dérider lorsqu'il lui arrivait de bouder quand on ne cédait pas à ses caprices.
- Tu sais bien que je suis plus jolie que toi, tu dois vraiment être jaloux pour me dire ça à chaque fois rétorqua la jeune fille sur le ton de la plaisanterie
- Tu devrais plutôt me croire, si je te le répète c'est parce que c'est vrai. Mais je suis offusqué par ton manque de respect, tu refuses de reconnaître la suprématie de ma beauté petite insolente. Anna riait, elle adorait ces moments-là avec son ami.
- Auriez-vous l'amabilité de m'accorder votre pardon son altesse ? s'excusa-t-elle faussement en rigolant.
- Je veux bien mais ne recommencez plus.
- Pas de risque, ne t'inquiète pas. Bon je suis fatiguée, je vais dormir un peu.
- Tu ne sais faire que ça petite marmotte remarqua Franck. Anna ne répondit pas, elle était déjà au pays des songes.

A présent, ils étaient bientôt arrivés, Franck décida de réveiller Anna avant leur arrivée pour lui permettre de reprendre ses esprits. Elle entendait une voix au loin et ouvrit ses yeux petit à petit :
« Quoi ? Nous sommes arrivés ? S'exclama-t-elle les yeux grands ouverts.
- Non mais presque répondit le chauffeur, allez prépare-toi.
Elle se frottait les yeux, ne réalisant pas encore. Elle murmurait un hum avant de prendre son sac et de se perdre dans ses pensées. »
Quelques minutes plus tard, l'annonce de leur arrivée l'y extirpa. Voyant la voiture s'arrêter, son coeur rata un battement, elle s'avouait pour la première fois que ce voyage lui faisait énormément peur, pas seulement car elle avait peur du mode de vie archaïque dont elle avait entendu parler qui s'opérait dans les villages mais aussi parce qu'elle n'était jamais allée seule vers l'inconnu et cela lui provoquait une grosse boule au ventre qui semblait ne pas vouloir s'en aller.

« Hey ! Ne t'inquiète pas tout va bien se passer tentait de la rassurer Francky voyant son mal être
- J-je euh j'espère balbutia-t-elle
- Je vais décharger tes affaires en attendant que tu te calmes dit-il ouvrant sa portière
Au bout de quelques minutes, il revint et ouvrit la portière au niveau de sa passagère
- Il est temps de descendre, allez viens
Anna descendit lentement son sac à dos porté sur une seule épaule. Elle faisait désormais face à un lieu totalement désert, le sol était sablonneux et quelques surfaces étaient couvertes d'herbes jaunies, preuve qu'elles étaient desséchées. Au loin l'on pouvait apercevoir des cases ou des petites maisons en construction parfaitement alignées de manière à former un demi cercle autour d'un très grand arbre où il semblait y avoir du monde. Les deux citadins se mirent instinctivement en marche vers l'arbre. Au fur et à mesure qu'ils approchaient ils sentaient le regard de ces gens-là.
Arrivés à leur hauteur, des enfants s'enfuirent sûrement par méfiance et les vieillards présents se mirent à les dévisager. C'était sûrement l'arbre à palabre pensait Anna, il en avait dans les livres qu'elle lisait.
Franck salua poliment les gens présents qui lui répondirent suspicieux, néanmoins, ils leur proposèrent de s'asseoir
- Qui êtes-vous et que nous voulez-vous aimables étrangers ? Un homme assez âgé, vêtu d'un boubou bleu foncé avait pris la parole. Je me présente, Pa Samb, chef de ce village.
- Nous cherchons la maison de mère Aïda, mère de Moustapha Diagne, voici sa petite fille Anna et moi son chauffeur venus de Dakar présenta Franck. À l'invocation du nom de Moustapha, l'expression du visage des autres vieillards s'était durcie.
- Moustapha se souvient donc toujours de ce village constata ironiquement le chef de village. Vous avez dû faire une longue route pour arriver jusqu'ici, prenez un peu d'eau avant que l'on ne vous conduise chez Aïda. Le vieillard fit signe à une jeune fille qui s'approcha, une petite calebasse remplie d'eau dans ses mains. Elle présenta d'abord la calebasse au chauffeur exécutant une génuflexion et celui-ci le remercia puis la tendit à Anna. Cette dernière, qui, jusqu'ici était silencieuse était prête à décliner l'offre lorsqu'elle se ravisa en croisant le regard menaçant de Franck. Elle la remercia à son tour même si elle avait à peine bu. Une fois qu'ils eurent terminé, le même vieillard au boubou bleu appela un des enfants qui s'étaient enfuis et lui demanda de conduire les invités chez la grand-mère d'Anna. L'enfant se mit aussitôt en marche sans se soucier des citadins derrière lui en train de remercier ceux qui les avait aidés.
Ils dûrent hâter le pas pour ne pas perdre l'enfant de vue qui semblait être pressé tant il marchait vite. Anna, elle, pensait déjà à partir de cet endroit, rien ne lui plaisait ici, même pas le paysage. Elle avait trouvé les habitants assez froids, peut-être que c'est juste une impression essaya-t-elle de se rassurer. L'arrêt de leur petit guide devant une grande maison en terre rouge la sortit de ses pensées, l'enfant franchit l'entrée de la maison et disparut un moment dans une pièce avant d'y ressortir quelques instants plus tard, une vieille femme ridée, tout de blanc vêtue, la tête couverte d'un foulard en sortit à son tour, à la vue de cette femme qui était sans aucun doute la génitrice de son propre père, son coeur se mit à battre fort, elle était totalement déstabilisée. La vieille dame s'avança, les salua gentiment puis sortit une natte tressée et leur proposa de prendre place.

Je me rends compte que je suis inexcusable de ne pas avoir posté pendant si longtemps mais j'ai eu des difficultés notamment un téléphone portable cassé et il a fallu du temps et trois portables pour que ma situation se stabilise.
J'espère que vous êtes toujours là chers lecteurs, en plus j'ai d'autres idées d'histoire à vous partager. Ça serait dommage de ne pas vous voir me lire.
Allez gros bisous et n'oubliez pas de voter et de commenter car ce chapitre à été bien difficile à rédiger par manque d'inspiration et court ( alalala je doute même que mon histoire soit encore visible ). Mais bon, enjoy !