Mémorable

Chapitre IV

Anna commençait à peine à émerger de son sommeil. Elle esquissait un sourire et baillait paresseusement à l'entente de sa chanson préférée qui était sa sonnerie attitrée. Lorsque les événements de la veille lui revinrent et la foudroyèrent en pleine face. Il lui avait fallut une minute pour que son cerveau se ressasse cette annonce qu'elle aurait pourtant préféré oublié, elle aurait voulu que cela ne soit qu'un mauvais rêve. Son sourire s'était instantanément dissipé, son corps devint soudain engourdi, son humeur du jour qui s'annonçait relativement bonne retomba aussitôt avant même de s'être concrétisée. Pourquoi fallait-il que ça arrive maintenant ? Son père ne lui parlait jamais de sa famille d'ailleurs elle ne savait même pas qu'il en avait vraiment, oui bien sûr mais pourquoi se comportait-il comme si il n'en avait pas, n'est-ce pas lui qui lui rappelait toujours l'importance d'être soudé dans une famille lorsqu'il lui arrivait de se disputer et de vouloir se battre avec ses soeurs étant plus jeune ? Pourquoi voulait-il qu'il y aille et non ses soeurs ? Enfin c'était compréhensible Tapha Diagne ne s'entendait pas du tout avec ses deux autres filles du moins plus avec sa fille aînée Fanta, avec Dialika la benjamine le courant passait encore n'excluant pas quelques tensions cependant. Fanta Diagne, depuis l'adolescence, était en permanent conflit avec son père. Celui-ci lui reprochant son comportement, sa manière de faire. À vrai dire, personne ne savait vraiment là où était le problème pas même lui. Anna, elle, ne comprenait pas non plus étant encore trop jeune. Plus tard elle avait pensé que c'était certainement par peur de perdre sa petite fille, elle grandissait beaucoup trop vite. C'est ainsi que Fanta  avait quitté la demeure familiale après sa première année universitaire en comptabilité. Elle vivait en colocation avec une fille très charmante nommée Marie, pour elle c'était une délivrance de ne plus supporter les cris de son père sur elle. Et lorsque l'aînée de la famille Diagne passait les voir , elle avait droit aux supplications de sa mère de revenir << Ce n'est pas bon pour une femme de vivre seule comme ça alors que nous tes parents sommes là et tu ne manques de rien ici. Tu es l'aînée de cette famille et donner le bon exemple est ton devoir. Anna ne cesse de me répéter qu'elle s'en irait après son bac comme toi et tu sais que ton père ne le supporterait pas s'il-te-plaît parle lui au moins.>> l'avait-elle supplié une fois. << Anna est beaucoup trop têtue, elle n'écoute personne à plus forte raison moi. >> avait répondu Fanta, ensuite elle s'était levée pour mettre fin à la conversation.
Anna soupirait longuement, s'étira encore et se leva finalement. Il fallait qu'elle voit Dieyna avant son départ enfin elle projetait d'y rester jusqu'à l'heure du départ pour rentrer chez elle ainsi elle espérer que l'on reporte le départ.

Elle était désormais en bas des escaliers et voyant sa mère qui, elle, ne l'avait pas encore vue, remonta aussi rapidement qu'elle était descendue. Elle n'avait vraiment pas encore digéré ce que sa mère lui avait annoncé, elle lui en voulait vraiment. Anna était beaucoup trop rancunière et cela était son principal défaut. Bon il faut que je sorte sans qu'elle me voit pensait-elle. Voyant Dia passer, elle eut l'idée de passer par la porte de derrière. Cette porte avait été faite spécialement pour leur domestique, elle lui faciliter ses entrées et sorties car la porte principale de la maison Diagnr menait directement vers leur grand salon et il fallait traverser quelques couloirs pour atteindre la cuisine.
<< Diakhène attends-moi criait-elle
- Ah mais c'est la ptite boudeuse, je parie que t'as faim la charriait la domestique.
Ah ces mots, le ventre de la jeune fille se mit à gargouiller
- Aye bayima. Mais tu as raison j'ai vraiment trop faim. Tu allais à la cuisine non ?
- Oui.
- Donc allons-y ajouta-elle en la devançant.  >>

Elles étaient maintenant à la cuisine. Diakhène n'arrêtait pas de charrier Anna sur sa façon de manger << Ce n'est pas de ma faute j'ai trop faim et puis pas la peine d'avoir honte avec toi on se connaît assez. >> avait-elle rétorquer. Puis rangeant sa tasse dans l'évier elle lui avait mentit en lui disant qu'elle devait récupérer un livre chez un autre camarade de classe qui devait partir en vacances ce jour même. En lui assurant de vite rentrer et sans que la jeune domestique n'eut le temps de répondre, elle s'était déjà volatilisée par la porte. Diakhène n'était pas dupe, elle savait bien qu'Anna ne lui avait pas dit toute la vérité. Elle ne voulait certainement pas que sa mère la voit c'est pourquoi elle était passée par la porte principale. Sur un énième soupir , elle commença à  s'activer à la préparartion de son repas.

<< Oh Nana j'allais même venir chez toi. C'est quoi cette histoire ? Encore une de tes blagues ?
Elles étaient présentement dans la chambre de Dieyna, Anna l'y ayant rejoint plus tôt.
- Tu crois que je serais là sinon Dieyna ? Mane sakh je ne comprend pas et ça m'énerve répondit la concernée.
- Sheut ! Sa yaye mome elle gâche tout.. Et à ton père tu ne lui a rien dit ?
- Ne parle même pas de lui je suis déçue. Elle avait bessé la tête quelques secondes.
- Vous vous êtes sûrement disputés constata la meilleure amie de cette dernière. Tu pars pour combien de temps alors ?
- Un mois ! S'était-elle exclamée, tu te rends compte ? Continua-t-elle en se levant de la place d'où elle était assise. Un mois dans un un village, un trou perdu et je suis sûre qu'il n'y a même pas d'électricité là-bas. Le pire plus d'internet et je ne te verrais plus pendant un mois et nos vacances ? Elle parlait tout en tournant en rond.
- Calme-toi d'accord ? Tu n'en sais rien, essaie de voir le bon côté des choses tu vas connaître ta grand-mère et je t'assure qu'avoir une grand-mère c'est super.
- N'empêche un mois quand même et puis je suis dégoûtée pour nos vacances.
- T'inquiète dina bakh on va les ratrapper à ton retour. >>

Il était maintenant quatorze heures, Anna venait de débarquer chez elle savait bien que ça allait barder pour elle. D'ailleurs à peine avait-elle franchit le salon que sa mère l'intercepta :
<< Anna Diagne khana danga ma yab ? Heure bi ngay nieuw ? Tu savais que tu devais partir depuis moins d'une l'heure. Fo nékone ?
Je savais que j'aurais dû passer par derrière pensa-t-elle.
- Chez Dieyna, damako bougoneu taggou et je n'ai pas vu l'heure passer souffla-t-elle
- Qui as-tu prévenu ? Tu pars comme ça depuis dix heures. Écoute Anna que ça ne se reproduise plus Madame Diagne se fit menaçante.
Quand à Anna, elle ne disait rien. À quoi bon ?
- Je suis sûre que tu l'as fait exprès pour ne pas partir aujourd'hui. Satou connaissait parfaitement sa fille. Vas descendre tes valises et change-toi, tant pis tu partira quand même. Reprit-elle
- Mais je ne les ai même pas encore faites s'exclama l'adolescente.
- Je les ai faites pour toi. Elle la connaissait beaucoup trop même pour savoir que sa fille n'aurait  pas fait ses affaires.
- Non mais. Anna avait les yeux grands ouverts. Elle était surprise. Cette fois-ci sa mère l'avait prise à son propre jeu. Tu ne sais même pas ce que je porte ou ne porte plus.
- Boulma fonton. Vas te changer allez. >>
Anna monta précipitament les escaliers en criant. Arrivée devant sa chambre, elle y vit ses valises juste à côté de la porte. Elle ne se donna même pas la peine de choisir soigneusement ses habits comme à l'accoutumée. Un jeans brut tiré par là un haut rose aux dessins assez rocks et des baskets et le tour était joué. Elle attrapa vite son petit sac à dos noir de sortie et y mit son portable, son chargeur et ses écouteurs. On ne sait jamais se dit-elle. Balayant une dernière fois sa chambre des yeux elle murmurra un petit à dans un mois puis sortie.
Elle se dirigea vers la cuisine, elle avait faim et savait que sa mère ne lui laisserait pas le temps de manger. Normalement les courses avaient été faites. Elle ouvrir alors les placards puis ramassa autant de choses que son petit sac pouvait contenir plus une bouteille de soda. Au moment de fermer son sac sa mère débarqua :
<< Que fais-tu ? Sa mère la regardait curieusement
- Beh j'aurais sûrement soif sur la route donc je prenais de l'eau. Répondit-elle en fermant furtivement son sac.
Satou la regardait peu convaincue mais ne dit rien.
- Allez c'est l'heure pour toi d'y aller.
- Tu ne viens pas ?
- Non, Modou, le chauffeur, te conduira.
Elles étaient arrivées devant la voiture et dans un énième espoir elle tentait de convaincre sa mère
- Ma s'il-te..
- Écoute tu y iras n'insiste pas la coupait-elle, viens dans mes bras que je te dise aurevoir
- Non avait répondu Anna beaucoup trop énervée, sa mère n'avait même pas voulu l'écouter. Puis une fois installée dans la voiture, elle fit signe au chauffeur de démarrer  >>