Lettre 6

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Coucou ma chérie, je suis désolé d'avoir du partir si vite sans même te donner d'explication mais bon, tu connais mon job. Je me suis torturés avant de partir pour savoir si je devais te réveiller pour te prévenir ou non. Tu le sais désormais, j'ai choisi de te laisser dormir car tu étais tel un ange protecteur dans cette nuit de tempête. J'avoue tout de même que le mot que je t'ai laissé sur la table aurait pu être plus explicite de détails mais j'ai passé trop de temps à te contempler dans ton sommeil. Tu étais si belle, la nuisette fine qui laissais apparaître tes jolies courbes, ta jambe qui passais gracieusement par dessus la couverture et ton visage...tellement pur, simple et sincère. Enfin bref, je suis actuellement dans un avion furtif à 10 000 mètres d'altitude attendant le moment de nous parachuter au dessus de la jungle birmane.

Nous venons d'atterrir et de constituer un camp de base dans la jungle, mais j'imagine que tu te demande ce que l'on peut bien faire en Birmanie. Pour faire simple, des médecins français de médecin sans frontières qui avait pour mission d'aller aider un petit village se sont retrouvés prisonnier d'un groupe rebelle birman à la con qui demande une rançon astronomique, mais la seule monnaie qu'il vont recevoir ce sera du plomb.
Notre mission initiale est de sauver les médecins mais si au passage on pouvait faire disparaître ce groupe rebelle, le gouvernement Birmans nous en serait "reconnaissant". Je déteste quand on nous prends pour des mercenaires à devoir faire le sale boulot.

Il est 5h00, on part du campement sans laisser aucune trace de notre présence et on marche sans qu'il soit possible de nous pister.
On a marchés 4h42 avant d'arriver près de notre cible, nous sommes tous en position et près à attaquer.

Il est 14h17, on a identifié ou était détenu les médecins et que les ennemis étaient aux nombre de 53. Nous sommes 30, ils n'ont aucune chances. De plus, leurs armes sont assez rudimentaire et semble dater des années 70-80.

Pan,
Pan,
Pan,
Rechargement.
Respiration.
Pan,
Pan,
Pan,
C'est finis, 53 morts, la terre rougie par le sang, la haine s'évapore et le poids de 53 vie sur nos épaules. Dans nos regards, la flamme se cache laissant place à une honte. Nous sommes surentraînés pour agir sans réfléchir mais chacun de nous se demande au fond si on a fait le bien ou le mal...

On a fouillé le camp à la recherche des médecins et en entrant dans un cabanon de bois j'ai trouvé une femme.
Elle avait le gilet des médecins sans frontières, des longs cheveux noirs de jais qui devaient être lisses en temps normal, des yeux assortis mais un regard aux antipodes de sa beauté, un regard de guerrière.
Et soudain je l'ai reconnue...

Elle s'appelle maya, c'est une amie d'enfance, comment ai-je pu ne pas la reconnaître lors de la préparation de mission. Elle m'a aussi reconnu et elle a fondu en larmes. Je l'ai prise dans mes bras, comme lorsque que nous étions adolescents : on rentrais des cours, elle a dérapé sur la bordure et s'est tordue la cheville alors j'ai du la porter dans mes bras jusqu'à chez elle.
Je me souviens qu'elle me lançait un regard noir parce que justement elle voulait marcher par ses propres moyens. Aujourd'hui dans son regard j'y ai lu un "merci".

Je me souviens que à chaque fois que l'on parlais de notre avenir, elle m'a toujours dit qu'elle serait médecin sans frontières et moi je réagissais comme un père inquiet qu'il lui arrive quelque chose.
Ce que j'aimais dans nos discussions, lorsque nous étions au lycée, c'était mes moments de blancs car ils n'étaient pas pesant ou présent car nous n'avions rien à nous dire, non, ils étaient là parce que c'était notre manière de nous comprendre comme un frère et une sœur.

Après l'avoir ramené à notre camp de base et en attendant l'ex filtration, nous avons discuté comme si nous nous étions quittés la veille. Nous avons parlé de ses neveux, de ses parents, du lycée et même du temps qu'il faisait.
J'ai remarqué qu'elle portais une bague sur son annulaire droit, je ne l'ai pas reconnu tout de suite mais il s'agissait de la bague que je lui avais offerte pour ses 16 ans. Cette bague, un simple anneau d'argent avec un diamant sur le dessus m'avait coûté 25€ soit tout ce que j'avais, mais je l'avais acheté trop grande pour son doigt ce qui fait qu'elle ne l'a jamais porté, jusqu'à aujourd'hui.
Lorsqu'elle a vu que j'avais vus qu'elle portais cette bague elle m'a regardé en souriant et m'a dit qu'il s'agissait de son porte bonheur.

Je sais que en ce moment, au fond de ton estomac, se forme une petite boule d'anxiété du à ta jalousie, même si je sais que tu ne me le montrera pas ni ne me le diras, je tiens à te rassurer car maya est une sœur pour moi comme je suis un frère ou même limite un père pour elle. Je l'ai invitée à manger à la maison lorsque l'on sera rentré et tu pourras ainsi le constater et d'ailleurs je crois qu'elle t'aime bien aussi.

Il est tard, on attend l'ex filtration qui aura lieu dans 45 min et la fatigue me rend un peu mélancolique, sur le champ de bataille, là ou la mort fait son footing, ma flamme diminue. Je me rend compte que tu es la seule vrai raison pour laquelle je rentre car au final même si je me bat pour faire le bien, ce faisant je fais du mal. Bien que ce soit un choix totalement conscient et approuvé de ma part, à chaque vie que je prend je me dit que ces personnes avaient une famille qui souffriront.

Le bruit des pâles de l'hélicoptère m'endorme alors je t'écris pour te dire que serai bientôt là.

Ton homme qui t'aime.

Lettres d'un soldat.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant