Lui
Il est allongé sur son lit, les jambes pliées, la main gauche sur son téléphone trop petit pour ses longs doigts. Il a le regard dans le vide. Il a le regard bleu terne. Il est perdu. On lui a dit que Gabi était à l'hôpital. Mais personne à l'accueil du grand bâtiment blanc ne lui a dit où trouver sa copine. Même les parents de l'adolescente ne veulent pas qu'il la voit. Ça te choquerait, ils disent. Mais ce qui le choque le plus c'est que personne ne lui dise où elle est. Il est important pour elle, elle est importante pour lui. Mais personne ne prend ça en compte.
Alors il se lève de son lit, marche sur une ou deux maquettes, recolle un poster sur le mur, règle la poignée de la porte de sa chambre et sort de cette dernière. Il marche lentement vers la cuisine. Je vais bouffer un truc, il se dit. Il sort un paquet de biscuit du placard central. En met un dans sa bouche et avance vers le salon d'où émane la musique du dernier album de Metallica. Devant ses yeux apparaît l'image de Gabi qui court dans un champ, une tartine de beurre accrochée à sa bouche. Il se dit qu'elle est belle. Et qu'il faut qu'elle reste belle. Il ne veux pas voir une autre personne sortir du bâtiment blanc. Il s'assoit sur un fauteuil, regarde avec des yeux vides l'ordinateur portable, puis l'écran plat, puis la baie vitrée, et puis l'arrêt de bus dehors. Il et loin l'arrêt de bus, elle est loin Gabi.Il fait presque nuit, les lampadaires sont allumés. Les parents de Nathan ne sont pas rentrés. Il a chaud. Il marche vers sa chambre. Attrape ses gants de boxe et tape dans le sac noir suspendu à sa mezzanine. Il se défoule. Il voudrait hurler mais les voisins ne seraient pas content. Il voudrait pleurer, mais il n'y arrive pas. Qui arrive à pleurer sur commande de toute façon ? Il se fait mal, il jure, il continue, il resserre ses gants, il tape, il tape, et recommence, comme un cercle vicieux. Comme une musique qui repasse en boucle. Comme s'il n'attendait plus rien.
La mère du gamin entre dans l'appartement, c'est moi ! elle hurle. Le père rentre, mais ne dit rien. Ils éteignent Métallica et... rien.
Nathan sort de sa chambre, il commence à étouffer. Il va prendre une douche, et vide le ballon d'eau chaude en même temps. Il y a de la buée partout, il encore plus perdu. Dans sa propre maison. De la buée partout. Comme du brouillard des mois pluvieux. Comme de la brume malheureuse.
Gabi est peut être morte.
Il est peut être mort intérieurement.
Le monde est cruel.
La vie est injuste.
Et Gabi n'est pas la.
Et il pleure.
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oubliez-moi
RomanceIl lança ses jeux de consoles à travers la pièce, les pochettes suivirent et laissèrent des traces sur le mur blanc. Il renversa son lit, les draps noir s'écroulèrent au pied de la fenêtre. Il jeta par terre avec rage ses cadres dans lesquels étaien...