Au cœur de ton silence

Noir destin

Le stormtrooper qui me tient me pousse brutalement dans une cellule, tandis qu'un autre fait de même avec Kylo, qui s'écroule sur le sol avec un gémissement. Je m'agenouille à ses côtés, soucieuse, mais il murmure à voix basse:

-Ça va aller...

 La blessure causée par le sabre ne semble pas très profonde. J'inspecte alors la pièce. Les murs sont de granit, des barreaux à une ouverture percée pour l'aération. Il y a une paillasse recouverte d'une couverture. Une forme vague semble tapie dessous. Curieuse, je m'approche et soulève le drap, hésitante. Je réprime une exclamation de surprise en découvrant le corps endormi d'une fillette d'environ huit ans, aux longs cheveux bruns et aux membres frêles. Je la contemple, me disant qu'il n'y a vraiment qu'au Premier Ordre qu'on peux trouver une enfant en prison.

Ses paupières tremblent soudain, et elle s'éveille. Elle me regarde avec une naïve incompréhension qui me serre le cœur, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'on m'a volé mon enfance. Je lui demande gentiment:

-Comment t'appelle-tu?

-... Emily.

-Bonjour. Je m'appelle...

J'hésite un instant, puis:

-Akiane.

 Je lui souris, mais soudain elle semble remarquer quelque chose. Elle se met à pleurer , et recule dans le coin le plus éloigné de la pièce. Je la regarde, tentant d'assimiler ce qui l'effraie. Elle me pointe quelque chose, et dit d'une voix terrifiée:

-Lui! Il est méchant. Fais-le partir!

Je tourne la tête. Kylo regarde le sol, les yeux baissés. La petite poursuit, en couvrant son visage de ses mains:

-Mon papa est mort à cause de lui! Je ne l'aime pas, je veux qu'il s'en aille!

-Calme-toi... Il ne te fera aucun mal.

-Oui! Il est méchant... Oh, dis-lui d'arrêter de me regarder!

Le jeune homme, qui avait relevé les yeux, les rabaisse aussitôt. Je tente de convaincre Emily:

-N'aie pas peur... Ne dis pas ça, je te promet qu'il ne va rien te faire.

La petite fille sanglote de plus belle et se recule encore. Je tourne la tête vers Kylo. Il est appuyé contre le mur, accroupi, la tête entre les genoux.

Je m'avance et lui pose une main sur l'épaule. Je ne dis rien, je reste seulement comme ça, immobile. Il se détend légèrement,alors je rassemble tout mon courage et lui dit d'une voix mal assurée:

-Tu sais... Ce n'est qu'une enfant, il ne faut pas s'y fier.

Aucune réponse. Alors  je poursuis:

-Tu peux m'en parler, si tu veux.

-Ce serais plutôt à toi de m'expliquer.

-Quoi?

-Tu lui as dit que tu t'appelais Akiane.

Je reste confuse par son changement de sujet, et lui dit:

-Oui. Je ne t'ai pas tout dis. Mais toi non plus.

-... Je n'ai rien à te dire.

-Tu sais que c'est faux. Nous sommes dans la même situation maintenant, mais tu n'arrête pas de me fuir.

Il ne répond rien, mais fixe l'enfant recroquevillée d'un air malheureux. Je le regarde avec compassion, et pose ma tête sur son épaule. Il se crispe un instant, puis se laisse faire.