[Chapitre 1]

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personne n'avait jamais parlé de « zombie », non pas que le terme effrayait ou qu'il ne correspondait pas, puisque c'était exactement ce qu'ils étaient, des zombies, mais ce mot avait une connotation ridicule que personne ne parvenait à associer à cet enfer.

Il y avait bien des hommes, des femmes, des enfants, errant le corps décharné à la recherche de chair humaine et fraiche à dévorer et qui deviendrait alors lun des leurs, mais on ne leur donnait pas de nom, ils étaient juste « ceux-là ». On avait évoqué un champignon, on avait parlé d'essais militaires, on avait sous-entendu mille choses puis on s'était désintéressé de la cause, il fallait survivre, le reste n'avait plus d'importance.

Le monde s'était déchainé dans la violence et le chaos plusieurs semaines, et il régnait maintenant un calme encore plus terrifiant, un silence pesant dans ce monde où nous n'étions plus qu'une poignée.

Ce matin-là, je n'avais croisé aucun humain depuis plus de 10 jours.

Après avoir ingéré deux taupes grillées et quelques feuilles de pissenlits, l'essentiel de mon alimentation dans les campagnes désertées, je me dirigeai vers le sud à la recherche dune maison où je pourrais passer la nuit et peut-être trouver de quoi varier mes repas. Il fallait rester particulièrement vigilent lors des déplacements à travers champs. On y croisait peu de ces êtres errants, mais certains pouvaient se trouver allongés dans les hautes herbes, sans la force de marcher, mais avec celle de vous mordre si vous passiez à côté. Une simple morsure suffisait à nous faire passer de leur côté. Et puis il y avait les autres humains, affamés, assoiffés, terrorisés, qui pouvaient sen prendre à vous par peur ou pour vous dévaliser. On trouvait facilement des fusils de chasse dans les maisons des campagnes et il fallait donc rester discret pour ne pas être la cible dune salve de plombs.

J'avançais donc prudemment à travers un champ de tournesols en friche, mon sac sur le dos et mon fusil de chasse à la main, paré à toute éventualité désagréable. J'avais fixé trois lames de chaque côté du canon, donnant à mon fusil une allure de poisson scie. Je pouvais ainsi me frayer facilement un chemin dans les végétations denses ou repousser quelques corps errants sans gaspiller de cartouche.

On devait être quelque part en août parce que le soleil cognait avec force. Après deux bonnes heures à traverser champs et sous-bois, je m'arrêtai sous quelques châtaigniers pour boire un peu d'eau à ma gourde et faire une pause. Je remarquai alors une très grande maison à une centaine de mètres. Les maisons plus petites étaient bien moins dangereuses et plus faciles à inspecter, mais mes vivres se faisaient rares, je n'avais plus vraiment le choix. J'attendais le crépuscule pour une entrée plus discrète et mangeais quelques châtaignes en attendant.

Certaines fenêtres étaient cassées. Il était de plus en plus difficile de trouver des maisons qui n'avaient pas été déjà visitées, mais on pouvait toujours espérer dénicher quelques conserves qui avaient échappé aux précédents pilleurs. Je profitais de la lumière plus faible de fin de journée pour m'approcher de la maison et passer par une fenêtre déjà brisée.

L'intérieur était assez ordonné. Sans la poussière accumulée, on aurait pu penser que ses habitants étaient partis la veille. Dans la cuisine en revanche, tous les placards avaient été ouverts et vidés. Je descendais prudemment dans la cave avec ma lampe de poche et trouvais quelques pots de confiture et terrines. Les pilleurs ne saventuraient jamais dans les caves, par peur dy faire une mauvaise rencontre, et c'était souvent là que je trouvais encore quelques denrées. Après avoir attrapé également une bouteille de vin, je remontais vers les étages. Aucun bruit, un silence de mort. J'ouvrais une des nombreuses pièces et pénétrais dans cette chambre pour entamer tranquillement une terrine et la bouteille de vin. J'observais par la fenêtre pour m'assurer que personne ne venait.

Je reconnus immédiatement ce bruit, ce cliquetis caractéristique. Il provenait de quelques mètres derrière moi. Je restais immobile, le corps toujours tourné vers la fenêtre. Je levais lentement les mains en lair pour montrer que je ne représentais pas un danger, puis je me retournais. Je ne percevais qu'une ombre dissimulée dans un coin de la pièce d'où ne dépassait que le canon dun fusil. Sur un mouvement de larme, je sortais de la chambre. J'avançais les mains en lair, cherchant en vain comment me sortir de cette situation. Au bout de quelques mètres, un coup de canon sur l'épaule mindiqua une pièce sur ma droite : une salle de billard.

Je mallongeais sur le dos sur cette table de jeu et tendais mes bras au-dessus de ma tête. L'inconnu attacha mes mains à une barre de fer qui avait été étrangement fixée sur le bord de la table. J'essayais de garder mon calme. Il aurait pu m'abattre mais avait préféré me garder en vie jusqu'à maintenant. Il était juste à côté de moi et mobservais tranquillement. Je voyais maintenant son visage pour la première fois. C'était un homme.

Il était très beau, des yeux noirs et profonds, des traits fins et une chevelure sombre. Il portait un débardeur à travers lequel on devinait sans mal son torse musclé.. Je n'avais rien vu dun tant soit peu voluptueux depuis longtemps et surtout quelqu'un d'humain, un homme.

Je lui demandais ce qu'il attendait de moi, ce qu'il voulait, je lui assurais que je pourrais l'aider, que je connaissais bien la nature et ses secrets nécessaires à la survie Il continuait de m'observer sans répondre, de son regard perçant et scrutateur. Il semblait me sonder afin de savoir qui j'étais, comment j'avais fait pour survivre aussi longtemps Au bout de plusieurs minutes, il se dirigea vers l'autre bout du billard, au niveau de mes jambes. Je n'eus pas le temps de réagir, il les avait attachées. J'étais maintenant parfaitement immobilisé et l'inquiétude me gagnait sérieusement. Il s'assit finalement, une jambe au bord du billard et l'autre se balançant dans le vide ; me scrutant toujours. Il portait un short militaire et je pouvais voir sa cuisse bronzée magnifique.

Il mobserva encore plusieurs minutes en silence puis il sortit un couteau de sa poche. Je m'apprêtais à crier mais il enfonça un mouchoir dans ma bouche. J'allais donc finir ainsi, étriper par un fou sublime dans une maison de campagne, il s'approcha dangereusement de mon visage et avant même d'avoir anticiper, il me posa un mouchoir imbibé d'un liquide: Du chloroforme.

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