-Prologue-

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     Comme à chaque fois, la belle blonde alla passer son après-midi au parc, pour raconter ses malheurs aux arbres. Comme à chaque fois, les végétaux lui répondirent en secouant leurs branches sur le rythme marqué par le vent. Comme à chaque fois, des feuilles tombaient çà et là, caressant ou effleurant parfois la peau douce de la jeune fille. Elles virevoltaient de leur couleur rousse, brunes, jaunes, vermillons... Et tout ça en offrant une valse d'automne à la blondinette, qui ne cessait de regarder la nature avec émerveillement.

     Amélie n'aimait guère le lycée. Ses notes le montrait tout particulièrement. Mais depuis qu'elle avait emménagé dans ce petit coin de paradis avec pour seule famille sa mère, elle s'était promise de faire des efforts. En effet, la jeune fille blonde était souvent dépressive. Sa mère l'ayant remarqué, avait dépensé toutes ses économies et bien pire pour offrir à sa fille unique un "bonheur". Qu'est ce que le bonheur pour Amélie ? C'est très simple : une danse avec la nature. Aussi, pour remercier sa mère pour ce déménagement au bord de la forêt protégée Dianaée appelée aussi "Parc de la Dianaée", Amélie se devait d'avoir de meilleures notes au Lycée, que cela lui chante ou non.


     Amélie soupira. Elle venait d'enchaîner deux heures de cours de mathématiques, suivis d'une bonne heure de français. Le lycée était bel et bien la pire période de sa vie. Pour l'heure, elle se contenta de regarder les arbres comme à son habitude, installée sur un banc blanc au milieu d'une clairière. Elle se demanda si ses efforts porteraient leurs fruits, ou si la bataille était perdue d'avance. D'ailleurs, comme toutes les batailles.

     Amélie avait baissé les bras depuis longtemps sur sa vie. Rien ne l'intéressait hormis la nature et ses couleurs. Elle n'a jamais eu la chance d'avoir des amis. Enfin non, elle a eu une amie, mais celle-ci l'a trahie. Rien qu'en y repensant, la jeune fille sentit des larmes couler le long de ses pommettes rougies. Amélie n'a jamais eu la chance d'aimer aussi, de tomber amoureuse... le coup de foudre, tout ça, tout ça. C'est pourquoi elle s'avouait vaincue : elle n'était pas faite pour aimer et pour être aimée, alors la blondinette se refermait sur elle et sur ses sentiments presque inexistants. 

     Pour l'heure, Amélie crue voir un éclair bleu illuminer la forêt en l'espace d'une seconde. Séchant ses larmes, elle se dirigea d'un pas mal assuré vers là lisière de la forêt. Elle se fraya un chemin parmi les taillis en prenant garde à ne pas se blesser et à ne pas blesser les plantes. Elle déboucha finalement dans une toute petite clairière qu'elle n'avait jamais vu avant. Au milieu trônait un petit cercle de champignons. Cela était trop parfait pour être réel ! Le cercle était très bien dessiné et les champignons semblaient sans défaut, presque en plastique. Amélie se frotta les yeux, inquiète que son esprit ne lui joue des tours. Mais après ses mouvements, elle remarqua que la ronde de champignons était toujours là. Elle émanait d'une douce lumière rassurante. La jeune fille approcha doucement mais sûrement. Elle toucha l'un des champignons en s'accroupiant tout près de la ronde. Soudainement, une luciole surgit de derrière la plante. Amélie sursauta et se releva en toute hâte. Mais ses pieds trébuchèrent sur une racine et elle tomba à plat ventre au milieu du cercle de champignons. Amélie essaya de se relever mais étrangement, elle n'y trouva pas la force. Ses forces la quittaient peu à peu, la faisait sombrer dans un sommeil ténébreux. Avant de s'évanouir, elle remarqua qu'à présent, la lumière des champignons s'était intensifiée et qu'elle enveloppait tout son être.

Tout cela à cause d'une mauvaise rencontre avec une luciole. 

À l'Ombre des BlackdogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant