-Chapitre 1/Dangereuse Aventure-

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     Les yeux clos, je portais une main à ma tête qui me faisait terriblement mal. En fait, plus je me réveillais, plus je constatais que mon corps entier me faisait souffrir. Avais-je mérité seulement ce châtiment ? Je ne le pense pas, ma vie est trop inintéressante pour que quelqu'un m'en veuille et me fasse du mal. Justement ! Ma vie ne ressemblait à rien et comme punition, les gens de l'au-delà me tuaient ? En tout cas, le paradis ne ressemble en rien à ce que j'en imaginais juste là : je croyais qu'on n'y souffrait pas ! Puis mes souvenirs me revinrent peu à peu. J'étais tombée dans un cercle de champignons à cause d'une luciole et depuis, j'étais dans ce foutu coma. Mon esprit vagabondait entre mille rêves étranges, sans vouloir se donner la peine de dire à mon cerveau d'ouvrir les yeux pour savoir dans quels pépins je m'étais fourrée. Misère ! Mon corps me lançait de plus en plus. Où suis-je ? Je ne sais point. Qui... Qui suis-je ? Aah, hé bien, une fille sans importance nommée... Amélie. 

     Soudainement, une lumière perça entre mes paupières, réveillant tant bien que mal mon subconscient. Mon corps réagissait peu à peu à mes commandes. 'Je dois ouvrir les yeux, maintenant !' : mon corps m'obéit avec une extrême lenteur. Puis, je papillonnais doucement. Mes yeux prirent le temps de s'habituer à la nouvelle lumière, au nouvel espace. Finalement, je parvins à contempler une clairière. Mais... sans cercle de champignons et... les arbres étaient d'une drôle de couleur ! Des feuilles roses et bleutées comblaient les branches des grands végétaux. 

     Doucement mais sûrement, je me relevais pour finalement m'assoir sur mes fesses souffrantes. Je ne savais même pas qu'on pouvait avoir si mal à cet endroit là ! Après une grimace, j'observais mieux mon environnement. Je voyais une forêt rose tirant sur le bleu par endroit. J'étais effectivement dans une clairière où l'herbe qui tapissait le sol était... blanc. Des espèces de papillons à six ailes volaient un peu partout. Ils étaient blancs comme le sol, avec des motifs de fleurs de couleurs roses et bleues, tout comme les feuilles des arbres. Les troncs de ces derniers étaient de la même couleur marron que les arbres normaux. Pour en revenir à la clairière, elle était séparée en deux par une rivière à l'eau turquoise. J'étais assise juste à côté. Je me penchais alors pour apercevoir mon reflet qui n'avait guère changé. Toujours ces yeux verts, ces cheveux blonds aux éclats dorés, ces cernes assez creusées et ces pommettes rouges. Toujours ces traits fins et bien tracés.

     J'aperçus au fond de l'eau le sable rose qui donnait des reflets violacés par endroit à l'eau, avec le réflechissement du soleil dans le liquide transparent. Il n'y avait presque pas de courant et presque pas de fond. Je tendis ma main vers sa surface. Cela me rappela comme j'avais soif. D'abord hésitante, je touchais l'eau d'un seul doigt - on n'est jamais trop prudente. Puis, voyant qu'il n'y avait rien, je plongeais mes deux mains jointes dans le breuvage avant de ramener l'eau à mes lèvres sèches. Je bus à grosses gorgées et cela me fit le plus grand bien du monde ! Cette simple action me rassurait. Pourtant, c'était débile : je venais juste de boire de l'eau. 

     Plus tard, je décidais enfin de me relever. Assez somnolé ! Je me levais difficilement en m'aidant de mes deux mains. Une fois debout, je tournais ma tête de gauche à droite en frottant mes mains. Quelle fut ma surprise quand je découvris l'existence d'une grotte derrière moi ! Assise au bord de l'eau, je lui avais tourné le dos. À présent, mieux je la regardais, mieux je me disais que je pourrais éventuellement m'y aventurer pour m'y protéger. Voilà un abri pour la nuit ! Enfin, s'il y avait une nuit dans ce paysage de fou. Même le soleil au dessus de moi me paraissait étrange ; plus gros, plus lumineux et plus blanc que le vrai cercle jaune étincelant. 

     Je m'approchais enfin de la grotte. On aurait dit qu'un monstre avait éventré la terre pour laisser place à un tunnel qui descendait en sous-terrains. Une lumière étrange émanait du fond de la grotte. Une lumière rougeoyante qui caressait les paroies de pierre. Je décidais alors d'y pénétrer. Plus je m'y aventurais, plus l'éclairage s'intensifiait. Puis je débouchais enfin dans une espèce d'immense salle de roche. Au milieu trônait un magnifique cristal rouge. C'était donc lui qui renvoyait de la lumière ! J'avançais vers l'immense rubis. Il m'attirait pour je ne sais quelle raison. Son doux éclairage rouge m'enveloppait. Quand je fus enfin arrivée à sa hauteur, je ne pus m'empêcher de tendre une main vers ce cristal. Je l'effleurait d'abord du bout des doigts avant d'empoigner l'un de ses reliefs. 

     C'est alors que cette rencontre m'électrisa. Je sentis des décharges envenimer mon corps, comme si mon bras était une prise électrique. Lorsque les coups atteignirent mon cœur, je sentis une grande puissance m'envahir et m'étouffer. Je suffoquais et ma main restais tout de même collée à ce bout de roche rouge malsain. Quelle idée de toucher un drôle de cristal rouge que je ne connais pas ! Puis une autre décharge, plus violente, plus étouffante et plus paralysante s'abattit sur moi. Cette fois-ci, je fus violement projetée en arrière par une force indescriptible. Je papillonnais des paupières pour essayer de reprendre mes esprits, en vain. Je me sentis sombrer, encore une fois. Mais la douleur actuelle était incomparable à la douleur mineur de mon réveil. Je me sentais poignardée de partout.

      C'est alors que ma vision se brouilla pour de bon et que mon corps cessa de répondre aux commandes et aux S.O.S de mon esprit. 


À l'Ombre des BlackdogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant