▪️ Chapitre 2.5.11: La fille de Pandore

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Ce matin le ciel est couvert, comme mon esprit. Je n'ai pas la tête à rire ou à faire quelque chose qui s'avérerait constructif.

D'un pas lent et mal assuré je me dirige vers la salle de bain. Il y a dans cette petite pièce aux murs orange un rideau presque transparent, un WC, un lavabo ainsi qu'une petite armoire murale et pour finir une douche avec chaise.

Toujours avec la même vitesse de croisière je retire mes vêtements, prenant soin de plier chacun d'entre eux et de les poser sur le couvercle de la cuvette.

L'eau submerge tous mes sens. Sa chaleur me couvre d'un voile irréel, son gloussement perpétuel impose une entrave entre mon corps et la réalité. Je repense à ce que m'a fait subir Brett et ne peux m'empêcher d'avouer qu'il s'est bien foutu de ma gueule. J'imagine qu'à jamais je garderai les cicatrices de notre « relation ».

Ma conscience sombrait dans les ténèbres les plus noirs lorsqu'une voix a résonné.

- Mademoiselle? Mademoiselle vous avez besoin d'aide?
- Je sors dans deux minutes merci.
- Votre petit-déjeuner est servi.
- J'arrive.

Prestement je me débarrasse de ces émotions mélangées, enfilant un training et un sweat sur ma peau encore mouillée.

Devant moi se trouve une assiette avec deux tranches de pain complet, du beurre, de la confiture et un verre de jus d'orange. Je m'assois sur le rebord du lit et entame ce repas « gastronomique ».

On toque; un médecin entre.

- Je ne dérange pas?
- Non entrez.

L'homme que j'avais vu la veille se tient devant moi, bras croisés.

- Excuse-moi pour hier, j'ai eu une urgence.
- Il n'y a pas de souci.
- Comment te sens-tu?
- J'ai connu des jours plus glorieux.
- Ça ira mieux de jour en jour tu verras.
- Oui...
- Tes parents t'ont rendu visite hier?
- Non mais ils m'ont appelée. Il viendront sûrement dimanche.
- C'est bien.

Un rictus furtif fait apparition sur mon visage. Le regard fuyant, j'évite à tout prix son contact. Sans aucune raison valable, je me sens gênée.

- Tu as de la visite cet après-midi?
- Pourquoi cette question?
- A l'étage pédiatrie il y a une petite sortie qui est organisée. Tous les enfants qui sont en état de marcher et non-malades sortent et vont dans le jardin. Ils sont assez nombreux et nous avons besoin de bénévoles. Peut-être que ça te changerait les idées...
- C'est gentil merci. Je viendrai avec plaisir. Vous serez de la partie?
- Tout dépendra des urgences. Sois à 13:30 sur place.
- Alors je serai là.

À ce moment, son bippeur sonne.

- Je dois y aller, navré. Merci Anaiah de te proposer.
- Je le fais avec plaisir.

Ce n'est pas comme si j'avais le choix.

Il m'adresse un grand sourire et part au pas de course.

Plus que trente minutes avant de quitter la chambre. Cette matinée est assez vite passée, j'ai réussi à m'occuper en lisant des revues et en visitant mon étage. Sur les panneaux indicateurs j'ai pu constater que le niveau dédié aux enfants était le premier. Bien pensé.

Entre ce matin et maintenant, le ciel s'est dégagé pour ne laisser qu'une traînée de boules cotonneuses. D'un pas incertain je me dirige vers l'ascenseur, peu sûre de la décision prise quelques heures auparavant. Aller courage, ce ne sont que des gosses ils ne vont pas te manger.

Descendue et proche du bureau d'information, une infirmière me passe à côté.

- Tu es là pour la sortie?
- Oui, on m'a dit que je devais m'adresser ici.
- Suis-moi.

L'espoir en blanc | EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant