▪️ Chapitre 7.10.11: La Bulle - Partie 1

53 6 0
                                    

9:04.

Voilà déjà bientôt deux heures que Morphée m'a quittée. J'ai la boule au ventre. C'est aujourd'hui que mes parents viennent me voir et bizarrement je ne la sens pas du tout. Hasardeuse je pose un pied au sol suivi du deuxième. Je pousse sur mes talons et parviens à me lever. Mon état physique est mieux qu'hier. Mais mon état mental... mieux vaut ne pas en parler.

Ce matin j'ai déjeuné à la va-vite, picorant trois miettes de pain et en avalant même pas un tiers de mon éternel jus d'orange coupé avec de l'eau.

Après avoir observé et ré-observé les personnes en contre-bas de la fenêtre, je me rappelle qu'aujourd'hui il y a une activité. C'était quoi déjà? J'attrape le prospectus: Coloriages. Avec des enfants. De quoi recharger les batteries en bonne humeur. Ce qui est bien avec ces animations, c'est qu'elles durent toute la journée. Pas seulement l'après-midi.

Et si j'y allais? Pourquoi pas.

Une rapide douche plus tard, je descends et me dirige vers l'une des cafétérias.

- Salut!

Je me retourne; le garçon qui m'a tenu compagnie hier soir adresse un mouvement de main dans ma direction. Je m'arrête, l'attendant.

- Hey.
- Alors, bien dormi?
- Moyennement. Et toi?
- Debout à sept heures, le quotidien.

On est deux. Aujourd'hui Jakob revêt un jeans noir simple ainsi qu'un T-Shirt à col en V. Un médaillon pend le long de son poitrail.

- Joli collier.
- Merci. C'est mon père qui me l'a offert. Il circule dans la famille depuis huit générations.
- Il a déjà vécu.
- Tu peux le dire oui.

Le brun s'esclaffe.

- Alors, tu viens t'instruire avec les jeunes esprits?
- M'instruire je ne sais pas, essayer d'oublier ma vie, certainement.
- Elle semble vraiment misérable.
- Pire.
- Mais parfois c'est d'une situation désespérée que jaillit l'espoir. Garde la foi.

Jakob me fait un clin d'œil. Comment peut-il être aussi optimiste? J'ignore encore les raisons de sa présence dans cet hôpital mais ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas atteint de dépression. J'en suis certaine. Nous marchons ensemble jusqu'à entendre au loin un brouhaha général.

- Mon petit doigt me dit que c'est par là.

Pour me guider il pose une main sur mon épaule; à cet instant, un vague de chaleur réconfortante me parcourt. Est-ce lui qui a fait cela? J'ai eu exactement le même ressenti qu'à l'époque où... mon père me prenait dans ses bras. Je me souviens, de son geste émanait de la protection, de la chaleur, de la sécurité. Que vais-je devenir en compagnie de Jakob Hastings? Va-t-il me redonner goût à la vie?

- Anaiah ça va?
- Hein?

Il me fait redescendre sur Terre.

- Deux? Ça va?
- Oui.
- Aller viens.

Mon accompagnant me sourit gentiment et m'invite à passer la première.

- Bonjour...

Je m'adresse timidement à une des infirmières. Une d'elles se retourne. Je découvre avec dépit que c'est celle de jeudi passé qui m'a foutu la frousse de ma vie.

- Oui?

Son ton est dur et froid. Je mentirais si je disais qu'elle ne m'a pas reconnue. On n'oublie pas une personne qui hurle à la mort, quand même.

L'espoir en blanc | EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant