Un monde bien sale.

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Elle marchait dans la rue seulement vêtue d'un manteau ; frissonnant de peur et de froid.
Les lampadaires grésillaient et les volets électriques tagués des magasins tiraient la gueule.
Elle marchait, sans se soucier de l'heure à laquelle elle allait rentrer, puisque personne ne l'attendait.
Il devait être 5 heures, tout au plus. Elle avait fini son travail de nuit, amassant beaucoup de tunes cette soirée.
Il faut dire qu'il ne faut pas grand chose pour faire bander tous ces vieux porcs qui font glisser des billets dans ton soutien gorge ou ton string.

Enfin chez elle, elle enleva l'unique vêtement qui la couvrait.
Elle se jugea dans le miroir, regardant son enveloppe corporelle qui était exhibée chaque jour à des inconnus.

Elle ne voulait pas penser à ça.
C'était ce qu'elle était, elle avait appris à vivre avec. Ne pouvant faire autrement, au final, cela lui convenait très bien.
Dans son petit studio, elle peignait. C'était le seul moyen d'évasion dans ce monde de merde.

Elle alluma une cigarette et fuma accoudée sur sa fenêtre.
Les rues de la ville semblaient mortes, comme son âme.
Les lampadaires avaient envie de s'éteindre, comme la lueur de ses yeux il y a longtemps.
La chaleur de la journée se transformait en froid inquiétant, comme son petit coeur lorsqu'à l'âge de 9 ans elle fut jetée dehors pas son père.
Comme quand sa mère est morte le jour de ses 7 ans.

Elle avait déjà pensé de nombreuses fois à rejoindre sa mère. Pourtant elle n'avait jamais eu le courage d'en finir.
Elle continuait de vivre dans ce monde. Ce monde qui était le sien. Ce monde qui est bien sale.

Rêves d'une adolescente. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant