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Un coup partit, mon corps bascula comme les leurs avant de rejoindre l'obscurité. Le choc de l'action, qu'auparavant j'avais conduite envers eux, me frappa de plein fouet d'un terrible sentiment d'empathie. Hommes agonisants. Femmes et enfants. Nécessité de détruire. Détruire pour reconstruire. Suffocation. Destruction. Invasion. Abandon. Le corps lâche. L'esprit éclate. Plus rien ne résiste. Plus rien n'existe. Tas de cendres. Tas de fragments. Fragments de corps. Fragments d'esprits. Ils avaient tout perdu. Je leur avais tout pris.

Comme un cri par-delà les vivants, mon dernier souffle s'éleva dans les airs. Souffle volé des milliers de fois à tous ces êtres désabusés, qu'enfin je rendais dans les abîmes de la liberté.

1940. Août 1942. Février 1944. Trois dates. Trois années ancrées en moi à jamais, marquées à même ma chair, à l'instar d'un numéro de matricule attribué aux déportés. Trois périodes emportées avec le souvenir de mon existence dans les tréfonds de ma propre démence.

Un coup partit, et s'en était fini.

Du sang sur les mains [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant