Broccia, ou pas ?

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Je ferme les yeux, tentant de me rappeler quelques choses. Une nouvelle fois, un soubresaut agite mon corps enchaîné. Je sais que l'effort est vain, que d'essayer de me souvenir ne fait qu'empirer mon état, que je sais grandement critique.
Pourtant, je ne peux pas le vérifier de mes propres yeux, puisque mon cou, tout comme le reste de mes membres, est fermement arrimé au sol par des chaines en métal. Malgré la situation, je suis profondément soulagée que ce soit au sol, et non au mur, parce que je n'ai même pas la force de soulever mes paupières, alors devoir me tenir droite, pour empêcher ces sangles de m'étouffer me semble irréalisable. Je ne sais pas quoi faire. Pleurer n'est pas d'actualité, car je suis complètement déshydratée, alors plus aucune goutte ne daigne couler, sombrer dans les bras de Morphée non plus, parce qu'inexplicablement, ma détresse m'empêche de dormir, ou de m'évanouir de fatigue. Il me reste l'attente, mais c'est compliqué lorsque l'on ne se souvient de rien, et que si l'on essaye, une douleur atroce parcours votre corps.

Un bruit très étouffé parvient à mes oreilles, ou plutôt une de mes oreilles, l'autre étant complètement bouchée, parce que je devine être du sang séché, que j'ai senti, il y à un moment déjà, je ne sais pas depuis combien de temps, couler de mon visage. Mon esprit épuisé se met tout de même en alerte. Des voix me parviennent, deux. Elles sont de de plus en plus fortes, et bientôt je les sais dans la même pièce que moi. Une vive lumière irrite mes iris à travers mes paupières fermées, et je sens brusquement un souffle me parcourir le visage. J'en suis certaine, cet homme me parle, mais je suis littéralement incapable de comprendre un traitre mots de son discours. Un ricanement derrière ma tête se fait entendre, c'est la deuxième personne.

"Ouvre tes yeux Broccia, le loup te parles."

Le loup ? Quel loup ?

Je ne comprend pas. Avalant difficilement ma salive, je demeure les yeux clos, effrayée par la tournure que prend les choses. Finalement je commence à regretté l'horrible calme de tout à l'heure.

"Je sais que tu comprends, que tu entends, j'ai accès à ta tête et tu es très facile à lire, étrange d'ailleurs, un piège peut-être ? Ce que je ne comprends pas, c'est le calme dans ton esprit, qu'à tu fais pour supprimer l'accès à la totalité de tes souvenirs ?"

J'ai du mal à saisir le sens de tous ces mots, et l'épuisement m'empêche de réfléchir.

"Racca ! Ni le loup ni moi ne sentons de fibre magique, quand n'est t'il de ton sort ?"

L'homme hurle en se levant, il s'éloigne de quelques pas. Plus aucun son ne se fait entendre. Je retient avidement mon souffle. Pourtant je sent qu'il est encore là, une aura maléfique embaume la pièce. Ma peur atteint son paroxysme quand le bruit fait son retour.

"Je suis Racca, me reconnais-tu ?"

Avec horreur et effrois, je m'entend lui répondre, dans la même langue, que je sait, sans trop pouvoir l'expliquer, ne pas être la mienne.

"Je te vois Trana, les Valahar te voient."

Le silence. Un échange visuel doit se faire car un souffle d'exaspération me parvient alors. C'est l'homme qui parle ma langue.

"Une simple petite humaine ? Je vais payé tes services pour une humaine se complaisant tranquillement avec des Mages ? Par plaisir j'imagine ?
Et d'ailleurs c'est quoi ce sort, pourquoi j'en ai jamais entendu parler ?

-Un serment est un serment Keran, n'attire pas le courroux d'une Farel sur toi, même un membre du premier cercle comme toi devrait se méfier.

-Tout doux, tiens, tu peux les prendre ils sont à toi.

-Avant de partir Corbeau, je me dois de te prévenir, les Chasseurs on eu vent du massacre, ils marchent surement en ce moment même vers les coupables, et tu sais qu'il les trouvent toujours, serviteur de l'Ombre ou non."

Une énorme bourrasque souffle tout autour de moi, puis le calme revient. Enfin...

"Maintenant Broccia qui n'en est pas une, si on s'amusait un peu ?"

Valahar, Les Serres Maudites.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant